Les cheminées
Au XVIIIe siècle, les cheminées de marbre ornées de bronzes dorés constituent des ouvrages luxueux qui résultent de commandes spéciales. Le projet de cheminée masquée en console a été identifié comme celui correspondant à la description de l’inventaire de 1779 des « petits appartements » du palais Bourbon, appellation de l’hôtel au goût du jour construit en 1771-1772 par Billard de Bellissard pour Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé. Dans le salon de compagnie de forme ronde, couvert d’un dôme, était placée une cheminée : « figurée par une table de marbre blanc, soutenue par des pieds de bronze doré d’or moulu. Les chenets y sont liés avec ces supports, de manière qu’elle sert effectivement de table en été par le moyen du panneau du fond qu’on y ajoute ». Le numéro « 2 » inscrit à l’encre suggère que ce dessin était peut-être destiné à être présenté à un acheteur, en l’occurrence ici le duc de Bourbon.
Les consoles
Au sein d’une même pièce, le décor de la console répond, en général, à celui de la cheminée car elles se font souvent face. Sur la ceinture de l’exemplaire à quatre pieds figure un médaillon orné d’un double « L » entrelacé. La présence du chiffre royal indiquerait que ce modèle était destiné au souverain pour lequel Jean-Louis Prieur a travaillé : en 1775, il a livré les bronzes du carrosse du couronnement de Louis XVI, d’après des dessins de Bélanger. Au centre de l’entretoise, est représenté un aigle coupé en deux par le milieu. Les quatre pieds en gaine rectangulaires sont surmontés de bustes de femmes « à l’antique ». Ce modèle de console exceptionnel n’est pas sans évoquer le luxueux exemplaire de la Frick Collection, réalisé en marbre bleu turquin vers 1780, dont les bronzes sont attribués à Pierre Gouthière. Un second projet figure une console d’entre-deux supportée par un pied cannelé à masque de satyre, motif récurrent chez l’artiste, duquel partent des guirlandes de fruits et des grappes de raisin.
Les luminaires
Les enfants sont fréquents sur les modèles de candélabres, flambeaux, bras de lumière et lustres de Jean-Louis Prieur. De forme potelée, le ventre saillant, leur expression est souvent rieuse. Le dessin d’applique à deux bras de lumière porte l’inscription « N°Ier ». Peut-être était-il aussi destiné à être présenté à un client ou marchand mercier. Trois bougies sortent des bras en forme de corne d’abondance. Le corps de l’applique est formé par un enfant en gaine portant une corbeille de fleurs sur la tête, d’où partent des guirlandes de perles qui rejoignent les cornes d’abondance. Le modèle est de grande taille, environ 62,2 x 37,8 cm. Le projet de lustre à six branches présente, en revanche, un décor plus rare de trophée militaire. Formée d’un faisceau de licteur surmonté d’un casque empanaché et couronné par un aigle, la tige du lustre est entourée de quatre étendards, au-dessus d’un médaillon ovale à soleil rayonnant. La dimension est d’environ 1,13 m.