Manufacture de Villeroy, Figure de Magot, Mennecy, vers 1740

Manufacture de Villeroy, Figure de Magot, Mennecy, vers 1740

Porcelaine tendre
H. 20 ; L. 21,5 ; l. 19,5 cm
Don M. Wenz, 1950
Inv. 36277
© Les Arts Décoratifs

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Cette statuette est l’un des premiers chefs-d’œuvre de la manufacture établie en 1737 dans les communs du château de Villeroy, situé à Mennecy (Essonne), par le faïencier et porcelainier parisien François Barbin. La jeune manufacture protégée par le duc de Villeroy montre là une grande liberté d’inspiration par rapport aux modèles chinois, très fidèlement traités à la même époque par la manufacture de Chantilly. Le modeleur a su rendre le caractère exotique, la bonhomie souriante et l’humour de cet Oriental de fantaisie ; le dragon qui l’accompagne est exécuté avec soin et révèle le talent d’un véritable sculpteur animalier. La robe du magot est ornée d’un extraordinaire mélange de motifs de fleurs et d’enroulements, inspirés des soieries chinoises et japonaises et des toiles imprimées indiennes de l’époque, ainsi qu’un curieux dragon qui semble faire écho à celui du premier plan. Objet décoratif, cette statuette cache son aspect utilitaire. Le melon posé devant le personnage, muni d’un couvercle percé de trous qui a disparu, faisait office de pot-pourri. Caractéristique d’une manufacture récemment créée et dont la pâte présente encore des défauts, la figure est couverte d’un émail stannifère blanc opaque, sur lequel les couleurs paraissent plus éclatantes. Avant Villeroy, la manufacture de Chantilly avait usé du même subterfuge. Cet émail blanc sera remplacé par un émail plombifère transparent lorsque l’aspect de la pâte aura été amélioré. Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, l’importation de statuettes représentant des personnages des panthéons chinois et japonais avait rendu populaires, en Europe, leurs silhouettes rondes ou au contraire décharnées. C’est sous le nom de magots ou pagodes qu’ils figurent dans les inventaires. Ces deux termes, employés indifféremment, désignent alors des « figures en terre, en plâtre, en cuivre, en porcelaine, ramassées, contrefaites, bisarres [sic], que nous regardons comme représentant des Chinois ou des Indiens », ainsi que le précise Diderot dans l’ Encyclopédie. Le philosophe ridiculisa cette manie de collectionner de telles figures, en qualifiant les magots de « colifichets précieux dont la nation s’est entêtée : ils ont chassé de nos appartements des ornemens d’un goût beaucoup meilleur [sic]. Ce règne [de Louis XV] est celui des magots. »

S. M. Bertrand Rondot (sous la dir. de), Discovering the Secrets of Soft-Paste Porcelain at the Saint-Cloud Manufactory, ca. 1690-1766, New Haven & Londres, Yale University Press, 1999, cat. 174, repr. p. 228.

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