Prêt-à-porter automne-hiver 1982-83 & automne-hiver 1986-87
La révolution vestimentaire engagée par les créateurs japonais à leur arrivée à Paris en 1981 décontenance. Dans un quotidien plus habitué à détailler les robes du soir, on peut lire ceci : « Le talent à l’état brut mis au service de vêtements qui déconcertent, embrouillent, irritent, inquiètent car il ne s’agit plus d’habiller des « comme vous et moi » mais des mutantes. Une mode d’un autre monde ; celui du Japon qui fait du misérabilisme rigoureux un nouveau luxe. Oublier que les robes, par principe, doivent avoir des épaules, des coutures, une taille, des hanches, (...) elles font l’impasse sur le vêtement occidental. Mais elles influencent toute la mode d’aujourd’hui. (...) ». Les créateurs japonais écrivent la modernité à l’aide de trous et d’effilochés. Ils bannissent le sacro-saint ourlet enseigné dans les écoles et les ateliers occidentaux. Le non fini , aussi difficile à maîtriser que le très (trop ?) fini est une création.
L’automne hiver 1982-83, Yohji Yamamto cultive ses provocations et les circonscrit aux cotons habilement déchiquetés dans lesquels les vêtements amples, froncés sont coupés. Les trous apparaissent soudainement comme des ornements.
De la collection automne hiver 1986-87, on connaît surtout les manteaux noirs, griffonnés de tulle rouge disposé en faux cul. Immortalisés par le photographe Nick Night, sous la direction artistique de Marc Ascoli, les manteaux graphiques sont aussi les témoins de l’entreprise visuelle qu’ont inauguré les créateurs japonais à leur arrivée à Paris.
Cartons d’invitation, catalogues de collection, documents visuels en tout genre s’échappent du format publicitaire officiel et gagnent en supplément d’intention. Le défilé automne hiver 1986-87 est un exercice de recomposition. Le créateur japonais plie la flanelle dont il fait des mouchoirs et des cocottes de papiers qui ornent les pantalons.