Un ensemble de 176 dessins de l’atelier de Jean-Baptiste Claude Odiot

Dessin d’exécution du Berceau du roi de Rome
Jean-Baptiste Claude Odiot
Aquarelle
H. 0.430 ; L. 0.563
Inv. 2009.174.6
© MAD / photo : Jean Tholance

Un ensemble exceptionnel de 176 dessins originaux, vient d’entrer dans les collections du département des Arts graphiques du Musée des Arts Décoratifs grâce à la démarche étroitement concertée et volontariste de Sotheby’s Londres, propriétaire des dessins, de la maison d’orfèvrerie Odiot, du Ministère de la Culture et des Arts Décoratifs. La détermination commune d’éviter la dispersion en vente publique de ce fonds essentiel tant sur le plan stylistique que technique et historique, a permis d’en faire l’acquisition au titre d’œuvres d’intérêt patrimonial majeur.

Ces dessins sont estampillés collection J.B.C Odiot et proviennent de l’atelier du célèbre orfèvre de l’époque napoléonienne. Ils viennent enrichir le fonds déjà important d’orfèvrerie impériale conservée au Musée des Arts Décoratifs : les 33 modèles de l’orfèvre dont la plupart sont exposés dans la galerie du XIXe siècle et les 132 dessins provenant de l’atelier de Guillaume Martin Biennais (1764-1843). Ce fonds unique, réunissant plus de 300 dessins et modèles d’orfèvrerie, permet d’apprécier l’exceptionnelle qualité de la production d’orfèvrerie à l’époque impériale.

Jean-Baptiste Claude Odiot a acquis la notoriété dès le début de l’Empire pour avoir réalisé l’Epée du sacre de Napoléon (conservée à Fontainebleau), qu’il réalise sous la direction de Charles Percier et en collaboration avec le bijoutier Nitot. En 1810, son ascension se confirme avec la commande officielle des meubles et objets de la Toilette de l’Impératrice Marie-Louise exécutée en vermeil (fondue en 1823) sur les dessins de Pierre-Paul Prud’hon, puis, en 1811, avec l’exécution du Berceau du roi de Rome (Vienne, Kunsthistorisches Museum), dont un dessin d’exécution fait partie de l’ensemble entré au MAD. Mais l’essentiel de l’activité de Jean-Baptiste Claude Odiot se concentre sur la production de services de table dont il a fourni les principales cours d’Europe, la grande aristocratie et la bourgeoisie fortunée.

Les dessins de l’atelier Odiot semblent s’échelonner de l’extrême fin du XVIIIe siècle à 1819 environ et il est possible que certains d’entre eux proviennent de l’atelier de la famille Auguste. On y trouve les signatures d’Henri Auguste, de Robert-Joseph Auguste, d’Adrien-Louis Marie Cavelier, d’Antoine-Léonard Dupaquier, d’Auguste Garnerey, de Jean-Guillaume Moitte, ou de Charles Moreau. Mais de nombreux dessins sont anonymes. Ils ont été réalisés dans plusieurs techniques qui traduisent différents degrés d’aboutissement des projets, de l’esquisse rapide tracée à la plume, aux à plats au lavis ou à l’aquarelle qui font « tourner » l’œuvre et en indiquent le volume. Enfin, de grandes corbeilles de table sont ornées de fleurs traitées au naturel à l’aquarelle.

Ces dessins nous renseignent sur les pratiques d’atelier et les différents niveaux d’exigence attachés à la réalisation d’une pièce. Les commandes officielles ou les projets d’œuvres présentées aux expositions des produits de l’industrie s’accompagnent de dessins d’exécution précis, tandis que pour les modèles de services de table proposés à la clientèle les dessins comportent plusieurs variantes de motifs, comme en témoignent de nombreux rapprochements possibles entre les modèles de bronze donnés par Odiot et les dessins.

L’étude minutieuse de ce fonds permettra de mieux cerner les pratiques d’Odiot et de Biennais, les deux principaux orfèvres de Napoléon, leurs différences, les motifs qu’ils ont choisis et l’évolution du goût de la clientèle sous l’Empire.

Odile Nouvel-Kammerer

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