Au cours des années 1980, le sens du mot design, autrefois synonyme en français d’esthétique industrielle, et associé au design fonctionnaliste issu du Bauhaus et de l’école d’Ulm, commence à évoluer et à recouvrir aussi bien ce premier sens que ceux autrefois associés aux arts décoratifs, aux objets d’art et aux métiers d’art.
Les pièces uniques, conceptuelles et de recherche, ainsi que les objets précieux relevant de techniques artisanales, simples ou sophistiquées, sont alors inclus dans ce champs dont les acteurs peuvent être formés ou actifs comme architectes, designers, artistes ou artisans.
Le verre ne fait pas exception et on le retrouve au sein de démarches très diverses dont les frontières deviennent de plus en plus perméables. Des architectes ou designers, comme Gaetano Pesce ou Ettore Sottsass, font appel à des techniques artisanales et sont de plus en plus reconnus comme artistes tandis qu’Andrea Branzi dessine des vases, non fonctionnels, édités en quelques exemplaires. Des artistes comme Erik Dietmann ouvrent, souvent grâce à des partenariats avec le Cirva, un corpus particulier entièrement réalisé avec des technologies artisanales, et des artistes-artisans comme Richard Meitner s’essayent à la production en série.
En somme, l’Occident industrialisé récupère ses traditions artisanales dans le champ de la modernité ou plutôt de la postmodernité, et l’hybridation des concepts, même si elle est parfois confuse, donne des résultats souvent réjouissants.