Après le musée Guimet en 2004, le Louvre en 2005 et le musée de la Marine en 2006, le Conseil général de la Corrèze bénéficie du concours exceptionnel du Musée des Arts Décoratifs. Celui-ci présente au château de Sédières, le temps d’un été, un ensemble de tapisseries d’exception.
Quatre siècles d’histoire de la tapisserie
Dès le XIVe siècle, la tapisserie constitue un des éléments essentiels du mobilier des châteaux. Outre leurs vocations décoratives, ces tentures servent à protéger du froid ou des trop grandes chaleurs, arrêtent les vents et atténuent les courants d’air. A cette époque l’insécurité permanente contraint les plus fortunés à se déplacer fréquemment d’une résidence à une autre. Ils emportent avec eux, dans des coffres, les tapisseries pliées, les armes, les vêtements et les objets précieux.
La richesse des matériaux utilisés (laine, soie et parfois fils d’or ou d’argent) réserve cet art à une élite. La tapisserie forme, avec les manuscrits enluminés, les bijoux et autres pièces d’orfèvrerie, le trésor des puissants, l’enjeu de rivalité entre les grands princes et monarques européens. Six gardes et douze valets protégeaient la célèbre et convoitée collection du duc de Bourgogne.
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Les tapissiers ou lissiers sont presque toujours groupés dans des villes, principalement dans celles de Flandres, d’Artois et d’Ile de France. Les centres de fabrication les plus importants sont Paris, Arras, Tournai, Bruges, Valenciennes, Gand et Bruxelles. Dans une recherche d’un savoir-faire toujours plus maîtrisé associée à une invention iconographique toujours plus éclatante, ces villes se livrent à une concurrence acharnée.
La tapisserie, dès le XVe siècle, est l’objet d’enjeux économiques importants et occupe une main-d’œuvre abondante. L’exécution d’une tapisserie fait intervenir toute une chaîne de métiers : des filateurs et teinturiers qui transforment la laine ou la soie, des peintres cartonniers qui créent le motif de la tapisserie et enfin des lissiers. Il existe deux techniques de tissage : l’une à la verticale avec le métier de haute lisse, l’autre horizontale dite de basse lisse. En haute lisse, le carton se trouve derrière le lissier qui travaille sur l’envers de la tapisserie, un miroir placé de l’autre côté de la chaîne lui permet de contrôler son travail. En basse lisse, le carton placé sous le métier est reproduit dans l’autre sens. Il est assez difficile de reconnaître une tapisserie de haute lisse d’une tapisserie de basse lisse.
Autour d’œuvres sélectionnées pour leur exemplarité, l’exposition vous introduit au cœur d’une des plus belles collections françaises de tapisseries, vous convie à parcourir quatre siècles de création pour découvrir ces productions raffinées et somptuaires qui forment un domaine éminent des arts décoratifs.