Gilbert Poillerat (1902-1988), Table, Paris, 1943

Piètement en fer forgé, plateau en stuc
H. 73 ; L. 288 ; l. 110 cm
Acquis grâce au Fonds du patrimoine, 2004
Inv. 2004.47.1
© ADAGP, Paris / Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

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L’œuvre de Gilbert Poillerat présente des aspects contrastés, depuis les lignes épurées de certaines pièces faisant appel à de simples volutes, jusqu’à une inspiration plus baroque comme ici. Cette table marque l’apogée de cette veine encouragée à l’époque par ses amis Jean Cocteau, Christian Bérard et Serge Roche. Chef-d’œuvre de la ferronnerie moderne, elle fut d’ailleurs réalisée pour ce dernier. Par sa conception et par ses thèmes liés à la chasse, elle s’apparente aux tables à gibiers. Ce morceau de bravoure, autant par la taille que par l’iconographie complexe du piètement (branchages, bucranes et cordes), fut fabriqué à un moment où les difficultés d’approvisionnement étaient à leur comble. En raison de la pénurie des matériaux, les bois de cerf sont réalisés avec des tubes de récupération soudés ensuite à la forge. Pour une question de légèreté, le plateau a été confectionné en stuc plutôt qu’en marbre. Cette table fut exposée en 1943 au pavillon de Marsan du palais du Louvre, lors de la première exposition de la Société des décorateurs français, groupe nouvellement créé et qui comptait parmi ses membres Jansen, Spade, Roche, Alavoine… Cette manifestation inaugurale regroupait les stands de quatorze décorateurs ; l’une de ses particularités était de montrer, parallèlement aux maquettes, quelques meubles ou objets en taille réelle. La table de Poillerat, présentée sur le stand de Serge Roche, fut largement saluée par la presse. L’exposition souhaitait en particulier donner une place d’honneur aux artisans à qui les décorateurs faisaient d’ordinaire appel : ferronnerie, sellerie, tissage y étaient très présents. Gilbert Poillerat débuta sa formation à l’école Boulle avant d’entrer dans l’atelier du ferronnier Edgar Brandt. Il créa ensuite un secteur consacré à la ferronnerie d’art au sein de l’atelier de construction métallique Baudet, Donon et Roussel. Dès ses premières pièces de mobilier, l’ornement tint une place primordiale. Vers la fin des années 1930, son répertoire devint plus baroque. Après la guerre, une évolution néoclassique se fit jour avec les commandes du Mobilier national. Nommé professeur à l’École nationale des arts décoratifs en 1946, il quitta l’entreprise Baudet, Donon et Roussel pour s’établir à son compte.

D. F. François Baudot, Gilbert Poillerat, maître ferronnier, Paris, Hazan, 1992.

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