Prêt-à-porter printemps-été 1976 & 1977
(…) Sonia Rykiel a inventé un nouveau vocabulaire et donné des contours nouveaux à l’histoire de la mode contemporaine.
(…) Sonia Rykiel s’est fait connaître en 1968 par des pulls plus fins qu’une seconde peau.
La maille et le jersey sont devenus les instruments mous de sa création. Plus abstraits qu’un taffetas, ces matériaux qu’elle a sortis de l’artisanat domestique l’ont accompagnée dans cette lente entreprise de dématérialisation vestimentaire qui fut la sienne et à la suite de qui, les créateurs japonais puis belges sauront se reconnaître.
Pour le printemps été 1976, (…) elle réalise des robes papiers-peints dont le caractère déstructuré devance les années 1980. Sonia Rykiel a inventé un total look multipliable à souhait, (…)tel un jeu de Méccano dans lequel ses fans sont habités plus qu’habillés.
Rue de Grenelle, les filles Rykiel portent les bonnets comme des chapeaux cloches, bas sur les yeux qu’elles ont charbon. Avec la nonchalance de celles qui feignent de ne pas être à la mode, les mannequins dévalent mains dans les poches, étalent une mode simple aux accents 1920. (…) De même a t-elle supprimé les ourlets, les doublures qui alourdissent et empèsent les mouvements, Rykiel retourne les vestes, décompose le vêtement, donne ses lettres de noblesse au non fini. Elle fait fi des règles savantes qu’on enseigne dans les ateliers de haute couture, démolit et dissolve un vestiaire qu’elle veut mou avant de rayer, pour le printemps été 1977 ; le mot « mode » sur le devant d’une robe, infiniment réduite à sa plus simple expression, manifeste pour l’essentiel.