"It was an uncertain Spring"
"C’était un printemps incertain. Le temps variait sans cesse et chassait des nuages bleus et pourprés au-dessus du pays. Dans la campagne, les fermiers regardaient leurs champs avec méfiance ; à Londres, les gens ouvraient et fermaient leurs parapluies en interrogeant le ciel. Mais on doit s’attendre à ces changements en avril. »
The Years (1937), Virginia Woolf
L’exposition "Un printemps incertain" livre par touches sensibles l’intimité du printemps et de l’automne 2020, ces temps de confinement, qui furent pour certains créateurs, artistes, designers, artisans ou graphistes une pause pour prendre la plume, pour réactiver des projets en sommeil, pour créer des objets de secours pour le public, des objets du quotidien pour la sphère privée.
Le studio et l’atelier, que le virus a déconnectés des lignes de production sont devenus plus que jamais « un lieu à soi », filant la métaphore woolfienne, un espace solitaire où certains des créateurs ont retrouvé la voie de l’expérimentation, de l’esquisse, de la maquette, le travail de la main, plus que celui de la machine.
Un printemps incertain veut présenter avec simplicité ces parenthèses inattendues qui furent celles de l’isolement, de l’éloignement, de la solitude pour certains ou bien des retrouvailles pour d’autres. Ces mois, ces semaines ont formé une expérience inédite, pour les créateurs comme pour le musée lui-même et ses équipes. Jamais depuis 1939, hors période de rénovation et de travaux, le musée n’avait été fermé aussi longtemps et brutalement, ses équipes éparpillées et séparées malgré le continuum fructueux des réunions et des appels. Un printemps incertain en témoigne aussi à sa manière : la commission des acquisitions du printemps, la réunion du Cercle Design 20/21 qui marque l’enrichissement annuel des collections contemporaines et le début de l’été, ont été repoussées à l’automne, non pas simple translation de dates, mais mutations et réflexion sur ce que signifie acquérir des œuvres pour un musée dans un monde plongé dans la crise.
Ces nouvelles acquisitions d’œuvres contemporaines viennent converser avec les œuvres des collections et les créations choisies de ce printemps incertain.