Pichet, carafe et verres, vers 1920, par Jean Luce

Jean Luce (1895-1964)

Créateur de modèles de service de table en verre et céramique, Jean Luce se forme auprès de son père, Paul Luce, dans le magasin familial de la rue de Châteaudun à Paris. Son nom apparaît pour la première fois alors qu’il n’a que 16 ans, lors de l’exposition du musée Galliera de 1911. En 1913, il commence à exposer dans les salons et, en 1923, installe le magasin familial rue de La Boétie, avant d’en prendre la direction en 1931.

Soucieux de rompre avec les styles du passé, Jean Luce entreprend de rénover les arts de la table en créant des formes et des décors d’un graphisme simple et coloré, souvent personnalisé par l’emploi d’idéogrammes ou de monogrammes. Ses recherches ont été guidées par deux principes essentiels : le développement du motif central et unique, sans décor de marli ni surcharge ornementale ainsi que la recherche d’une harmonie de décor entre le service de porcelaine ou de faïence et le service de verre, qui désormais se pare d’un motif, le plus souvent émaillé, identique à celui de la céramique.

Représentatif des débuts de la carrière du décorateur, l’ensemble donné au Musée des Arts Décoratifs constitue un intéressant groupe de formes - gobelets, broc et carafe « à côtes vénitiennes » - d’une simplicité et d’une robustesse qui renforcent le caractère simple et « naïf » du décor émaillé. Le motif floral s’y décline en une infinité de propositions décoratives, caractéristiques du nouveau style ornemental qui se met en place au cours des années 1910 : un simple cercle de couleurs vives pour évoquer la fleur, un quadrillage jouant avec la transparence du verre pour évoquer le panier la contenant, un simple médaillon donnant aux motifs un cadre géométrique.

L’influence des préceptes développés dès 1912 par André Véra dans L’Art décoratif (pp. 21-32), afin que le décorateur renouvelle « le thème de ses variations » et fasse de la corbeille et de la guirlande de fleurs et de fruits « la marque du nouveau style », est ici manifeste. Les parentés avec les créations de Marcel Goupy, directeur artistique de la maison Rouard, sont également très sensibles, tant sur le plan du décor qu’à l’égard des réflexions qui ont permis le développement d’une esthétique des arts de la table.

Véronique Ayroles, assistante de conservation au Musée des Arts Décoratifs, département Verre

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