Andrée Brossin de Méré est née à Genève le 11 janvier 1915. Elle fréquente différentes écoles d’art à Lausanne, Rome et Paris et commence par faire des décors de théâtre. A partir de 1946, elle s’intéresse au textile et débute sa carrière à l’American Viscose Corporation dans la recherche des textures nouvelles puis à la Célanaise à Londres. Elle retourne en Suisse pendant la guerre et est engagée en 1948 par un groupe de tisseurs réunis sous le nom de « Inano », créé pour réaliser des collections spéciales destinées à la haute couture française. Inano représente un groupe de cinq tisseurs : MM. Abraham & Cie, Emar & Cie, Forster Willi & Cie, A. Naef & Cie & Stoffel & Cie.
Dès 1951, son nom apparaît dans la presse, associé à ceux des plus grands couturiers de l’époque, pour qui elle développe des collections spéciales. Ce sont, entre autres, les collections Papillons pour Christian Dior et Fourrures pour Hubert de Givenchy.
Elle crée sa propre entreprise le 15 février 1956 sous le nom de « Les tisseurs B de M », située 73, rue de Richelieu, à Paris. La filiale de Zurich s’appelle les « Tissus Brossin de Méré ».
Suivront alors, parmi les collections les plus marquantes, Bijoux (1956), Les jardins (1961), Les danseurs (1963), Les motifs persans (1964), Les masques (1967).
En 1960, elle travaille aussi en Italie pour les cinq plus importants soyeux de Côme et en France pour des soyeux lyonnais, puis en 1971, pour la maison japonaise Toray spécialisée dans les tissus synthétiques.
C’est en 1969 qu’elle réalise les premiers patchworks pour Yves Saint Laurent. Elle poursuit ce travail jusque dans les années 1980, toujours pour Saint Laurent mais aussi pour la maison Nina Ricci et pour Paco Rabanne.
Ces cinq échantillons sont issus d’un don de plus de 536 pièces conçues entre 1951 et 1985. Cette acquisition se propose de rendre compte de façon exhaustive du travail de déclinaison de nombreuses collections et couvre entièrement la période d’activité de Madame Brossin de Méré. C’est effectivement dans la variation et le développement de thèmes successifs que s’expriment son dynamisme et sa créativité. Cet ensemble s’inscrit dans l’évolution du décor textile au cours de cette période, tout en révélant le style très particulier de la créatrice, qui tient à la fois à l’originalité des sujets (pâtisseries, ville la nuit, bijoux…), à la rareté du traitement (fleurs tout en pétales ou composant des jardins) et la subtilité de la palette.
Véronique Belloir, attachée de conservation au musée de la Mode et du Textile