Maarten Baas, les curiosités d’un designer

du 7 octobre 2011 au 12 février 2012

Les Arts Décoratifs donnent carte blanche au designer Maarten Baas dans la galerie d’actualité du musée. Pour sa première exposition dans un musée parisien, le designer, connu pour ses réalisations iconoclastes et fantaisistes, imagine un univers dans lequel il fait référence aux cabinets de curiosités du XVIe siècle.

Né en 1978 à Arnsberg en Allemagne, Maarten Baas a suivi une formation en 2000 à la prestigieuse Design Academy d’Eindhoven alors dirigée par la très influente Lidewij Edelkoort. Il sort diplômé en 2002, en présentant une série de meubles carbonisés qu’il intitule Smoke. Sa collaboration avec Marcel Wanders, mentor de la toute jeune génération néerlandaise et fondateur de la maison d’édition MOOOI, lui permet d’éditer trois de ces pièces. Smoke est le point de départ d’un processus créatif singulier, consistant à carboniser aussi bien des pièces emblématiques du design historique comme la chaise Zig Zag de Rietveld, la chaise LCW de Charles et Ray Eames que des pièces plus récentes comme la chaise Favela des frères Campana ou des objets plus anonymes. Ces pièces sont méthodiquement brûlées par l’artiste puis solidifiées par de la résine. Par ce geste iconoclaste, il pose la question de la temporalité des objets et place son travail à la frontière entre le design et la performance. Mais il interroge aussi la valeur des objets : valeurs historique, valeur icônique, valeur marchande… Maarten Baas refuse volontairement de s’exprimer sur ce geste préférant laisser à chacun sa propre interprétation : est-ce un manifeste ? un parricide ? du recyclage ? une renaissance… ? Cette série est exposée à New York en 2004 à la galerie Moss et contribue largement à le faire connaître.

Après la collection Smoke, Maarten Baas propose au Salon du Meuble de Milan de 2006 sa série Clay Furniture. Le mobilier qu’il imagine alors est réalisé à partir d’une armature de métal recouverte d’argile synthétique colorée moulée à la main. Toutes les pièces sont uniques et semblent défier les règles du design fonctionnel tant elles paraissent instables, portant les traces du modelage et de proportions peu banales. Suite à la série Clay, il présente au Salon du meuble de Milan en 2007 la série Sculpt. Là encore il perturbe les typologies traditionnelles en présentant des armoires, tables ou commodes comme vues dans un miroir déformant. Proportions monumentales et effets d’optique plongent le visiteur dans le monde de l’enfance et dans l’univers des contes de fées. Le procédé de fabrication qu’utilise Baas est particulièrement original : un modèle réduit est d’abord conçu grossièrement à la main. Il est ensuite agrandi à taille réelle, créant un décalage entre le modèle ébauché et la finition rigoureuse du meuble.

L’atelier Baas & den Herder, situé près d’Eindhoven, que le designer fonde en 2005 avec Bas den Herder (responsable de fabrication), lui permet de diffuser sa production de manière autonome. Baas conserve un mode de fabrication « artisanal » en réalisant chacune de ses pièces à la main, assisté de dix collaborateurs. La plupart de ses créations sont donc des pièces uniques, numérotées et datées. C’est le cas de la série Hey Chair… , destinée à devenir une bibliothèque. Elle est conçue à partir d’une chaise sur laquelle viennent s’assembler toutes sortes d’objets récupérés et unifiés par une même couleur.

Parallèlement, Maarten Baas réalise des commandes spéciales. Il répond ainsi à celle du Groninger museum pour lequel il réalise le mobilier de la cafétéria déclinée de la série Clay ou encore pour la maison de champagne Ruinart pour lequel il créé un lustre et un magnifique sceau à champagne dont la base comme fondue, se répand sur la table telle une flaque d’argent.

En 2009, Baas ouvre de nouvelles perspectives à son travail avec le concept Real Time. Grâce à la vidéo, il réalise un film de 12h00 mettant en scène des acteurs indiquant l’heure. Ces films remplacent le cadran et s’adapte à différents supports : DVD, ou horloge de type franc-comtoise jusqu’à l’application I-phone révélée au Salon de Milan en 2009 : du design au prix de 90cts, défiant toute concurrence ! Avec ce travail il prouve que le designer peut s’emparer de n’importe quel média.

Au même moment l’éditeur anglais Established & Sons lui offre la possibilité de créer Chankley Bore, une série de mobilier qui l’éloigne davantage encore des typologies traditionnelles. D’une totale liberté formelle, les formes de ces objets sont purement intuitives.

Par son œuvre expérimentale qui suscite la controverse, Maarten Baas bouleverse les idées préconçues. Il s’est forgé son propre univers, bousculant joyeusement les limites du design afin de montrer une autre réalité faite d’étrangeté, d’effets d’optique, d’illusion, de jeu. En cela il s’inscrit dans la lignée du collectif néerlandais Droog Design qui, les premiers, ont posé les bases d’un design subversif et iconoclaste.

Pour le Musée des Arts Décoratifs, Maarten Baas conçoit un environnement théâtral composé de plusieurs intérieurs dans lesquels il mêle des pièces anonymes à ses propres œuvres qui sont autant de scènes surréalistes sorties de son imaginaire.

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