La Compagnie des Arts Français est une maison de décoration et d’édition fondée en 1919 par l’architecte Louis Süe (1875-1968) et le peintre André Mare (1885-1932), au 116, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris.
Reprenant les idées de l’Atelier Français, fondée par Louis Süe en 1912 et de la Maison Cubiste d’André Mare, présentée au Salon d’Automne de cette même année, ils s’entourent d’une équipe d’artistes et d’artisans de disciplines complémentaires, intéressés par les applications décoratives de leur art : les peintres Paul Vera, Charles Dufresne, Gustave-Louis Jaulmes, Bernard Boutet de Monvel, André Dunoyer de Segonzac, Jean-Louis Boussingault, le ferronnier Richard Desvallières, le sculpteur Pierre Poisson, le peintre et verrier Maurice Marinot, et le dessinateur André Marty.
Souhaitant créer des ensembles « sérieux, logiques, accueillants », tout en renouant avec la tradition, ils abordent la décoration intérieure dans son ensemble : décors, meubles, étoffes, céramiques, verreries, bronzes, luminaires, papiers peints. Deux productions sont envisagées, une en série et une, luxueuse à destination d’une clientèle aisée dont certains modèles sont reproduits dans un recueil paru en 1921, « Architectures », qui se veut le manifeste de la Compagnie et pour lequel Paul Valéry écrit le texte « Eupalinos ou l’Architecte ».
L’activité parallèle de Louis Süe comme architecte permet à la Compagnie des Arts Français d’obtenir des commandes prestigieuses associant construction et décoration, de 1921 à 1927. Elle aménage et meuble l’ambassade de France à Washington, les cabines de luxe pour le paquebot « Paris » et le grand salon des premières classes du paquebot « Ile-de-France ». Elle décore également à Paris les boutiques du joaillier Linzeler et du couturier Jean Patou. Ce dernier, ami de Louis Süe, lui commande également l’aménagement de son hôtel particulier à Paris. L’actrice Jane Renouardt fait également partie de la clientèle et Louis Süe construit sa maison à Saint Cloud, tandis que la Compagnie réalise le décor.
Son importante participation à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, représentative de sa large production d’équipements et d’objets, lui vaut une reconnaissance internationale. Elle possède son propre pavillon, sur l’esplanade des Invalides, le « Musée d’Art Contemporain », tout en participant à l’ameublement et à l’aménagement d’autres pavillons, dont le pavillon Fontaine situé en pendant du sien, l’Ambassade française, la boutique des Parfums d’Orsay, la Salle des Fêtes du Grand Palais ou le stand Pleyel.
En raison de problèmes financiers, cette étroite collaboration cesse en 1927. L’affaire est reprise par le principal actionnaire des Galeries Lafayette qui souhaite adjoindre à l’atelier de la Maîtrise une filiale prestigieuse. Jacques Adnet est alors nommé par Maurice Dufrêne directeur artistique de la maison à laquelle il va donner une nouvelle orientation tournée vers l’avant-garde avec des collaborateurs comme Charlotte Perriand, Djo-Bourgeois, Francis Jourdain et René Herbst. La galerie entièrement rénovée est inaugurée le 10 octobre 1928.
En 1976, alors que le musée des Art décoratifs présente l’exposition « Cinquantenaire de l’exposition de 1925 », Madame Mare-Vène, fille d’André Mare, donne ces deux albums de référence de la Compagnie des Arts Français. Comprenant 226 tirages papier, ils illustrent la riche production issue de cette collaboration entre deux artistes, convaincus que la modernité venait du travail autour de projets de décoration communs.