Le Fonds d’archives privées de la Maison Soubrier

Fondée en 1848, la maison d’ébénisterie Soubrier se spécialise au cours de la seconde moitié du XIXe siècle dans la création de meubles de styles, caractéristiques de la production des ateliers du Faubourg Saint-Antoine à cette période. Dotée d’importants ateliers de menuiserie et de vastes espaces d’exposition, la maison propose à sa clientèle, issue de la haute et de la moyenne bourgeoisie, des ameublements de toutes typologies puisant leurs formes et leurs ornements dans les styles du passé, essentiellement de la Renaissance et du XVIIIe siècle. La maison Soubrier poursuit cette production de meubles de style au XXe siècle, tout en exécutant, dès les années 1920, des meubles répondant à l’esthétique de son temps et aux lignes du mouvement Art déco.

Les activités d’ébénisterie cessent progressivement dans les années 1970 et cèdent alors la place à la location de mobilier, d’objets d’art, de tableaux et de décors, à destination de décorateurs de cinéma et de théâtre, d’ensembliers et de stylistes.

La maison Soubrier est l’une des rares entreprises de fabrication de meubles du Faubourg Saint-Antoine toujours en activité. Ses archives historiques constituent un témoignage précieux de l’artisanat du meuble et de la décoration du milieu du XIXe aux années 1970. Elles viennent éclairer à travers les livres de commandes, les recueils de modèles, les dessins et les photographies, cette production quantitativement importante, essentielle pour l’histoire du goût et des arts décoratifs français, mais bien souvent absente des collections muséales.

Les archives Soubrier inaugurent la nouvelle procédure d’entrée des fonds d’archives privés au MAD, qui représentent aujourd’hui un aspect considérable de l’enrichissement des collections. La valeur et la pluralité de ces archives imposent une attention particulière dès leur évaluation, dans leur traitement et leur communication, que seule une méthodologie centralisée et spécialisée reposant sur la mutualisation des compétences des départements, du pôle archives et de la restauration, peut assurer. L’ensemble des outils de ce nouveau dispositif sont élaborés et testés grâce à l’entrée de ce fonds Soubrier. L’objectif est de favoriser l’accès à l’information en assurant une gestion adéquate de ces archives, en les rendant accessibles rapidement et interopérables : mieux décrits, les fonds d’archives privés seront valorisables auprès du public le plus large et avec la meilleure qualité de service possible.

Ce fonds, conservé dans la cave de l’entreprise, était sain mais fortement empoussiéré. Un chantier de dépoussiérage a été organisé dans une salle mise à notre disposition dans les locaux du donateur. À l’aide de pinceaux, de brosses et une micro-aspiration, les pages ont été inspectées et traitées une à une afin d’éliminer le maximum de poussière en amont de leur arrivée dans les réserves de la bibliothèque. Chaque pièce a été décrite, constatée, pré-inventoriée et pré-conditionnée avant leur transfert au musée. Ce chantier, supervisé par Cécile Huguet Broquet, s’est déroulé les semaines du 15 mai et du 29 avec 4 stagiaires du service de la Conservation préventive et deux stagiaires du département XIXe, Florence Bertin, Benoît Jenn, Pierre Costerg, Marion Neveu se sont relayés pour apporter leur aide. A terme, les archives Soubrier sont conservées dans la réserve « Fonds précieux » de la bibliothèque et accessibles au public.

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