Fig. 8 : « Dessins, gouaches, aquarelles, miniatures »
Fig. 8 : «  Dessins, gouaches, aquarelles, miniatures  »
Catalogue de vente, Paris, Hôtel Drouot, 4 avril 1925, p. 11, ill. n° 48
© Régine Soulier

Mises en vente à l’Hôtel Drouot le 4 avril 1925, dix-neuf rares feuilles attribuées à l’atelier de Joseph-Robert Auguste1 sont entrées dans les collections du Musée des Arts Décoratifs dès le lendemain, grâce à la générosité du baron Robert de Rothschild2. Lui-même possédait des œuvres d’Auguste comme en témoignent les prêts qu’il consentit lors de l’exposition d’orfèvrerie française civile organisée par le musée en 19263 (Fig. 8). Cette importante manifestation rassemblait plus de mille pièces, du XVIe au début du XIXe siècle, provenant notamment de nombreuses collections privées, parmi lesquelles celles du comte Moïse de Camondo, de Carle Dreyfus, du marquis de Vasselot ou de David David-Weill. Des dessins d’orfèvrerie étaient exposés à proximité de ces œuvres, comme le montre une photographie des albums Maciet (Fig. 9)4.

Fig. 9 : Vue de la vitrine des œuvres de Robert-Joseph Auguste à l'exposition d'orfèvrerie française civile de 1926
Fig. 9 : Vue de la vitrine des œuvres de Robert-Joseph Auguste à l’exposition d’orfèvrerie française civile de 1926
Photographie noir et blanc
Paris, bibliothèque des Arts Décoratifs, album Maciet n° 309 bis/2, p. 20
© Régine Soulier

Dès 1921, le baron Robert de Rothschild est membre, aux côtés de son ami le comte Moïse de Camondo, du conseil d’administration de l’Union centrale des arts décoratifs et de la commission du musée qui est présidée par David David-Weill de 1923 à 1938. Le don des dessins de l’atelier de Robert-Joseph Auguste en 1925 se situe ainsi dans une tradition d’amateurs et de bienfaiteurs éclairés de cette institution.

Il n’est pas sans rappeler, par ailleurs, la collection de dessins acquise sur le marché de l’art un demi-siècle auparavant par deux passionnés d’art décoratif français du XVIIIe siècle, les barons Ferdinand et Edmond de Rothschild. Conservé à Waddesdon Manor, ce fonds a fait récemment l’objet d’un catalogue raisonné5.

Nommé à la commission du musée « pour l’attention qu’il porte à l’art contemporain » et sur proposition de Raymond Kœchlin (1860-1931), alors vice-président du conseil d’administration, Robert de Rothschild y siège jusqu’à sa mort en 1946. Pour l’essentiel, son goût le porte vers les créations du mouvement Art déco. Il soutient ainsi la décoration contemporaine en confiant les travaux de son hôtel particulier de l’avenue de Marigny à un architecte à la mode, Jean-Charles Moreux (1889-1957)6. Durant l’entre-deux-guerres, la commission chargée d’effectuer les achats pour l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 acquiert, grâce à sa générosité, plusieurs œuvres exceptionnelles qui entrent ainsi dans les collections du Musée des Arts Décoratifs : un bureau de Pierre Chareau (inv. 25 480), un fauteuil de Louis Süe et André Mare (inv. 25 615), un bureau à cylindre de dame ainsi qu’une une chaise de salle à manger de Jacques-Emile Ruhlmann (inv. 25 613 et 25 614).

Fils du baron Gustave de Rothschild (1829-1911) qui fit partie des membres fondateurs de l’Union centrale des arts décoratifs, Robert de Rothschild poursuit ainsi l’aventure liée à l’institution et suit de près les manifestations du musée. Généreux prêteur, il apporte aussi son soutien financier à la formation professionnelle.

Chantal Bouchon est conservatrice honoraire du département des Arts graphiques du Musée des Arts Décoratifs.

1Dessins, gouaches, aquarelles, miniatures, vente Hôtel Drouot, Paris, 4 avril 1925, p. 9-12, n° 38 à 57. Paris, Bibliothèque du MAD, cote : Br. 7540.

2Don du 5 avril 1925 (inv. 24 708 à 24 727).

3Exposition d’orfèvrerie française civile, Paris, Musée des Arts Décoratifs, 1926, p. 23, n° 140 et 141. Il s’agit de deux rafraîchissoirs et de deux seaux à glace.

4Paris, Bibliothèque du MAD, album Maciet no 309 bis/2, p. 20.

5Drawings for Architecture Design and Ornament in two Volumes, Waddesdon Manor, Aylesbury, Buckinghamshire, Alice Trust, 2006, II, p. 532-534 et p. 570-571.

6Susan Day, Jean-Charles Moreux, architecte-décorateur-paysagiste, Paris, Ed. Norma, 1999, p. 342-347.

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