Le 61 rue de Monceau, l’autre hôtel Camondo

du 17 octobre 2019 au 13 septembre 2020

Partis de Constantinople et installés à Paris en 1869, le comte Abraham-Béhor de Camondo (1829-1889) et son frère Nissim (1830-1889) choisissent de s’établir avec leur famille en bordure du parc Monceau. La périphérie sud du parc fait alors l’objet d’une opération de lotissement par les frères Pereire afin d’y élever des hôtels particuliers de prestige. En juin 1870, ils acquièrent deux terrains mitoyens au 61 et 63 rue de Monceau. L’exposition dévoile une sélection de documents et d’acquisitions récentes qui renseignent de façon détaillée sur l’architecture, la décoration, l’ameublement et les collections d’œuvres d’art de cette demeure d’exception que le comte Abraham-Béhor fait construire en 1875 par l’architecte Denis-Louis Destors (1816-1882) au 61, rue de Monceau et dont l’intérieur est entièrement détruit dans les années soixante-dix.

Écran de cheminée, maison Fourdinois, vers 1874
Écran de cheminée, maison Fourdinois, vers 1874
Musée Nissim de Camondo
© MAD Paris / photo : Jean Tholance

Outre des photographies de l’hôtel en 1875, des plans et élévations publiés par Le Moniteur en 1880, des inventaires et catalogues de ventes liés à la succession d’Abraham-Béhor de Camondo en 1893, puis à celle de son épouse Régina en 1905, c’est aussi l’occasion pour le public de découvrir des œuvres majeures et pour la plupart inédites. Parmi les plus emblématiques, citons des panneaux de laque provenant du boudoir chinois, deux dessins aquarellés réalisés par Denis-Louis Destors pour le concours d’architecture de l’Académie des Beaux-Arts en 1876, un écran de cheminée et deux chaises ayant appartenu à la comtesse Régina ainsi qu’une livrée de domestique en panne de velours rouge.

  • Livrée de domestique, gilet et culotte à pont en panne de velours rouge avec boutons dorés aux armes du comte Abraham-Béhor de Camondo, fin XIXe-début XXe siècle
    Livrée de domestique, gilet et culotte à pont en panne de velours rouge avec boutons dorés aux armes du comte Abraham-Béhor de Camondo, fin XIXe-début XXe siècle
    Musée Nissim de Camondo
    © MAD, Paris / photo : Jean Tholance
  • Boutons dorés aux armes du comte Abraham-Béhor de Camondo, fin XIXe-début XXe siècle
    Boutons dorés aux armes du comte Abraham-Béhor de Camondo, fin XIXe-début XXe siècle
    Musée Nissim de Camondo
    © MAD, Paris / photo : Jean Tholance

L’histoire de cette demeure est également évoquée. Au terme d’une succession difficile, l’hôtel du comte Abraham-Béhor de Camondo est vendu en 1893 à Gaston Menier (1855-1934), propriétaire de la célèbre chocolaterie de Noisiel. De la cave au grenier, tout est mis aux enchères. Au cours de ces ventes, l’entrepreneur et son frère Albert achètent plusieurs tapisseries et quelques meubles. Au-dessus de la porte cochère, sur le médaillon central, les initiales du comte Abraham Béhor de Camondo sont effacées pour y graver celles de Gaston Menier. L’aménagement intérieur de l’hôtel Menier est connu par des photographies conservées au musée d’Orsay ainsi que par le catalogue de vente de sa succession en 1936. Ces documents ont permis de retracer le parcours de certaines tapisseries provenant de la collection Camondo.

Photographie, « Hôtel Camondo : serre », vers 1875
Photographie, «  Hôtel Camondo : serre  », vers 1875
Musée Nissim de Camondo
© MAD Paris

En 1946, Jacques Menier (1892-1953) met en vente l’hôtel qu’il a hérité de son père qui devient alors le siège des Aciéries de Pompey. Revendu en 1968, il est acheté par l’Union des Assurances de Paris (UAP). Vers 1977-1980, le décor intérieur est détruit - notamment le grand escalier - et la distribution très modifiée. La serre, pièce majeure de la demeure, est démolie et les communs restructurés. En 1979, les façades et la toiture de l’édifice sont classées au titre des Monuments Historiques sauvant la bâtisse d’une destruction complète. L’espace intérieur est à nouveau remanié en 2001, avant l’installation en 2005 du locataire actuel, la banque Morgan Stanley.

Réalisée grâce au soutien des donateurs du musée dont la générosité permet d’enrichir régulièrement le fonds des souvenirs de la famille Camondo, cette exposition apporte un éclairage nouveau sur l’œuvre de bâtisseur et collectionneur du comte Abraham-Béhor de Camondo.

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