Afin d’assurer « le triomphe de l’Union Centrale et des arts décoratifs français », l’Ucad prépare dès 1895 sa participation à l’Exposition universelle de 1900. Elle organise d’abord un concours en vue de l’Exposition universelle de 1900 afin de « demander aux décorateurs de notre temps un ensemble unique d’inspiration »1 pour la création d’un cabinet de l’amateur. « Nous avons la pensée de nous entendre avec le Commissariat général de l’Exposition de 1900 ou peut-être de faire le sacrifice qui sera nécessaire, afin que les plans et dessins du projet couronné en première ligne puissent être utilisés pour la décoration et l’aménagement de la salle ou des salles d’exposition des œuvres d’art décoratif présentées en 1900. »2
Durant les cinq années qui suivent, l’Ucad consacre un tiers de son budget à l’organisation de concours, et deux tiers à l’acquisition d’œuvres, le tout devant former ce cabinet de l’amateur d’art moderne. L’Ucad souhaite à travers ce concours « provoquer des idées nouvelles »3, afin de doter « notre siècle d’un style »4.
L’ensemble des douze projets reçus est exposé de façon anonyme au palais de l’Industrie en juin 1895. La critique est unanime, le petit nombre des candidats résulte d’un délai de cinq mois jugé trop court pour le rendu d’un concours de cette ampleur.
L’Ucad, restée propriétaire des projets primés, décerne le premier prix au projet n°12 Pro Arte de Georges Rémon et Eugène Morand. Elle attribue aussi une première prime à Alexandre Sandier pour son projet symbolisé par une marguerite d’or, apposée sur le montage des dessins. Enfin, une mention honorable avec médaille est décernée à MM. De Perthes frères pour le projet n°8 Ambo.
Le journal La Petite Presse, dans son article « Un concours intéressant » s’amuse à décrire ainsi les dessins non primés :
« Ces préliminaires établis on m’excusera de m’avouer incapable de comprendre pourquoi le concurrent n°10 s’est obstiné à composer un dessin où tout, disposition et détails, est plus ou moins moresque, et pourquoi l’auteur du projet numéro 11 nous montre des lignes absolument gothiques. Les dessins n°9 sont d’une extrême confusion ; le chinois l’arabe, l’étrusque, le grec et le byzantin s’y mêlent, sans fraterniser. Cela n’est pas clair, donc ce n’est pas français. Le n°6 est romano-byzantin. Le n°4 est du Louis XIV alourdi, gonflé, exagéré. Le n°1 est un vieux thème traduit par un bon élève, fort sage, de l’institution Petdeloup. Le n°3 est un croquis sans grande valeur. Le n°2 est la recherche pénible de tous les agencements désagréables des lignes désagréables. Le n°7 semble le plan et les coupes d’un établissement thermal antique. — Construire une sorte de crypte, pour en faire une salle d’exposition d’objets d’art, c’est le comble de la fantaisie... Voyez-vous, d’ici, les visiteurs, munis de lanternes et de rats-de-cave, cherchant péniblement à regarder une miniature et à se rendre compte du fini d’un émail ? »
Mais certains candidats ont aussi eu le sens de la plaisanterie en empruntant des pseudonymes alambiqués, comme pour le projet n°2 signé C. Raté, ou le projet n°11 à lire à l’envers Eédi nom A (A mon idée).