L’homme ou la bête ? De l’animal humanisé et de l’homme animalisé, rien ne peut mieux traduire ces relations complexes fondées sur l’appropriation de l’animal par l’homme et perçues comme le reflet ou la transposition du comportement humain.
Si telle personne portraiturée sous les traits d’une bête renvoie au comportement dudit animal et, inversement, si tel animal affublé d’un vêtement renvoie au modèle humain, de telles pratiques, suscitant au premier degré le rire, révèlent bien davantage que l’animal n’est que l’intermédiaire entre l’individu et l’Autre. Il devient messager de l’image que l’on veut donner de soi à l’Autre, selon un code symbolique qui, si l’on n’en possède pas la clé, risque de ne pas atteindre son but. Revêtir une peau de bête ou porter un imprimé reprenant un motif animal n’est pas sans signification pour celui qui y recourt. L’animal ne sort pas forcément grandi de ces identifications et n’y gagne bien souvent qu’une part d’inhumanité supplémentaire. Quant à l’homme, il joue alors un jeu trouble lui permettant d’avouer une bestialité refoulée.
L’animal est encore l’intermédiaire entre l’enfant et le monde quand l’enfant ressent le besoin de projeter ses craintes et ses espoirs dans un Autre pouvant prendre l’apparence d’un animal classique ou anthropomorphe. La littérature et le cinéma sont peuplés de ces héros du règne animal, dans une intention tantôt moralisatrice tantôt initiatique. D’autres véhiculent des messages de propagande, tandis que quelques extravagants comme Snoopy, chien philosophe, ou la surréaliste Panthère rose nous permettent d’échapper à un quotidien souvent trop morose.