Prêt-à-porter
Depuis son premier voyage qui le mena du Japon à la France en 1965, Kenzo n’a cessé de visiter avec l’élégance des Grands, les pays dont il a partagé l’inspiration avec l’exactitude d’un chercheur. (...) En consultant un livre sur l’Histoire des costumes, le créateur découvrit que les habits folkloriques relèvent tous d’une conception simple et à plat comme le sont les kimonos de son pays. (…) Pour l’automne hiver 1971-72, il s’appuie sur la coupe à plat du Kimono, le raccourcit et inaugure ce qu’il nomme « l’anti couture » qui s’oppose à la technique traditionnelle parisienne.
En octobre 1971, les robes longues en broderie anglaise, les décolletés bateau, les manches ailes, les pantalons droits et larges et les caracos courts témoignent d’une nostalgie sans amidon pour une mode des années trente (...)
(…) Les modèles champêtres à carreaux se déclinent en robe paysanne ou en tunique de cow-boy au printemps-été 1973. Des nageuses en maillots de bain 1900 côtoient des joueuses de tennis des années vingt. A l’occasion de cette collection Deauville, Kenzo relance la mode des tweeds anglais.
La collection pour l’automne hiver 1973-74 s’appuie sur le costume traditionnel de la Roumanie dont Kenzo retient l’art des superpositions et le jeu des couleurs contrastées. Les jupes rallongent et s’épanouissent, les châles noués sur la tête, les gilets brodés et les gros chandails rustiques confirment l’engouement de toute une jeunesse pour les folklores du monde.
Pour le printemps été 1975, des robes aux cols cagoule expriment avec vision, l’esprit de nomadisme urbain qui guidera toute la fin du siècle. Les aumônières réalisées dans les chutes de tissus à porter en bandoulières façonnent une allure nouvelle, libérée de toute contrainte. Les imprimés Chine impériale envahissent les rédactions. Kenzo signe là une de ses plus belles collections.
C’est le style africain qui préside à la saison printemps-été 1976. Le créateur a cherché à retrouver le primitif dans la coupe, l’essentiel dans le boubou devenu jupe portefeuille.
Le défilé printemps été 1977 fait figure de rupture dans l’itinéraire du créateur. En s’inspirant du « Printemps » de Botticelli, Kenzo crée des robes courtes, simples comme des toges, des robes de petits pages dominées par le blanc ou les couleurs pastels et satins.
La collection dite des majorettes et des reines (automne-hiver 1978-79) couronne près de dix ans de création et de succès. Il pousse la technique de la coupe évasée au plus loin et construit une suite d’images d’Epinal où se succèdent des reines sorties d’un tableau de Velasquez, des abbés, des officiers de cartes à jouer.