Joe Colombo, l’invention du futur

du 29 mars au 19 août 2007

En 1969 déjà, le Musée des Arts Décoratifs montrait pour la première fois en France le travail de cet artiste visionnaire aux côtés de Charles Eames, Verner Panton, Roger Tallon et Fritz Eichler dans une exposition marquante intitulée « Qu’est-ce que le design ? ». Plusieurs décennies plus tard, Les Arts Décoratifs accueillent la première rétrospective internationale rendant un nouvel hommage à ce créateur. Présentée du 29 mars au 19 août dans la grande nef du musée, cette exposition a d’abord été montrée à la triennale de Milan en 2005 puis au Vitra Design Museum de Weil am Rhein en 2006 et au Royaume Uni à la Manchester Art Gallery à la fin de cette même année.

Avant de se destiner au design, Joe Colombo, né à Milan en 1930 sous le nom de Cesare Colombo, étudie la peinture, la sculpture puis l’architecture. Il adhère au début des années 1950 au Movimento Nucleare (mouvement de peinture nucléaire) fondé par Enrico Baj. Les dessins qu’il réalise annoncent déjà ses visions fantastiques et futuristes qu’on retrouvera dans ses meubles et ses objets. Parmi eux La Cité nucléaire (1952) : ce projet exécuté comme une véritable bande dessinée, concentre la vision de Colombo pour des formes totalement innovantes d’appartements, de moyens de transports et d’infrastructures. Ces esquisses englobent déjà la vision totale de la société ainsi que son intérêt pour les nouvelles technologies et le design de l’espace qui resteront au cœur de tout son travail à venir.

Sa carrière de concepteur de mobilier, de produits industriels et d’intérieurs commence quant à elle au début des années 1960 et se développe à partir d’objets uniques, pour s’ouvrir aux objets modulaires de plus en plus complexes et aboutir à ces habitacles futuristes régis par le souci constant de fonctionnalité.

Des objets comme le fauteuil Elda (1963) à la structure autoportante en fibre de verre garnie de coussins de cuir et dont le dossier haut et enveloppant crée un espace pour celui qui s’y assied, ou les lampes Acrilica (1962) et Alogena (1970) sont devenus des célèbres classiques du genre. Avec la chaise Universale (1965-67), Colombo utilise le premier le plastique moulé en un seul bloc pour le mobilier. Des créations comme le Tube-Chair (1969) et le Multi-chair (1970) montrent combien Colombo portait sa recherche sur la modularité et la flexibilité de la forme. Présent dans les collections du Musée des Arts Décoratifs, le premier se compose de quatre cylindres de diamètres différents pouvant être combinés pour prendre diverses positions, allant du fauteuil haut ou court jusqu’au transat ; les rouleaux pouvaient être insérés les uns dans les autres pour tenir moins de place et être transportés dans un sac de toile.

Joe Colombo développe ses objets dans le souci de répondre à toutes les fonctions quotidiennes. Le Cabriolet Bed (1969) et l’élément mural multifonctionnel Rotoliving (1969) étaient censés contenir tout ce que nécessiterait l’appartement du futur. Côté face, le Rotoliving comprend une horloge, une télévision, une stéréo et l’éclairage. Selon les besoins, une table pour le repas ou une table basse avec un bar peuvent être tirées. La partie arrière sert d’armoire et d’espace de rangement. Cette unité de jour complétait alors la « cellule de nuit », Le Cabriolet bed. Ensemble, les deux meubles permettaient un mode d’habitation entièrement nouveau dans lequel les divisions traditionnelles disparaissaient au profit d’une seule grande pièce, créant des espaces dynamiques et utilisables de manières diverses.

Il généralisera ce concept de « cellule d’habitation » autonome répondant à chaque besoin de l’individu : une cellule bain, une cellule nuit, une cellule cuisine et une unité centrale avec Visiona 1 (1969) et Total Furnishing Unit (1971) tendant toujours plus, vers une idée « d’œuvre d’art totale ».

Colombo à peine âgé de 40 ans était l’un des designers les plus célèbres au monde. Il parcourait le globe de conférences en foires commerciales, dessinant sans relâche de nouveaux projets. Sa collaboration à succès avec les plus grandes maisons d’édition comme Kartell, Zanotta ou O-Luce, a contribué à la renommée de ce designer, mort prématurément en 1971, à l’âge de 41 ans. Son œuvre et ses théories sur le design ont traversé ces décennies et profondément marqué la jeune génération de créateurs.

L’exposition

L’exposition présente des œuvres, documents et dessins jamais exposés jusqu’ici. Parmi eux, figurent des pièces d’origine et certains prototypes de ses plus importantes créations de meubles, mais également de nombreuses esquisses, des plans, des brochures, des maquettes d’architecture, plusieurs films et photographies originales.

La scénographie suit l’évolution de la courte vie de Joe Colombo et de sa grande productivité. Elle est articulée en quatre groupes, comme autant de sections qui correspondent aux principales phases du travail de Colombo.

La première partie retrace l’ensemble de sa biographie, présente sa période de peintre et d’architecte et décrit le monde artistique de l’époque lorsqu’il était proche du mouvement nucléaire. Dans la partie suivante, sont montrées les œuvres que Colombo a créées jusqu’en 1965, période durant laquelle la plupart de ses meubles individuels les plus connus furent réalisés. La troisième partie témoigne de l’évolution de Colombo qui, à partir du milieu des années 1960, se tourne de plus en plus vers le développement de systèmes modulaires, des containers mobiles aux sièges évolutifs et aux blocs d’habitation. Dans la dernière partie de l’exposition sont présentées les vastes et complexes cellules d’habitation et les unités d’habitation « totales », derniers travaux de Colombo.

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