Prêt-à-porter printemps-été 1983

La contribution de Jean Paul Gaultier au vocabulaire de la mode contemporaine, au-delà des collections gourmandes et généreuses en idées, du caractère hybride et métissé qui allait conduire son travail et la décennie, s’exprime aussi au niveau de la périphérie du vêtement. Avec lui, dégaine, nonchalance ont autant droit de cité que technicité et maîtrise de coupe. (...) Sa collection qu’il qualifie de dadaïste, s’inspire des gestes qui impriment au vêtement une identité autre que textile. Les robes dégringolent, les bretelles tombent, les cols se ramollissent. (...) Pour compléter cette carte postale de gestes, le créateur ajoute ses premières robes corsets, transfuges nostalgiques des gaines élastiques roses saumon, qu’il fait porter comme robes du soir chargées de ses souvenirs.

Prêt-à-porter automne-hiver 1986-87

Parmi les collections qui précipitèrent Jean Paul Gaultier dans le domaine public, celle de l’automne hiver 1986-87, dénommée rétrospectivement « cyrillique » est manifeste. Dans la grande Halle de la Villette où le créateur a élu salon, Gaultier orchestre un défilé pirate. Le créateur énonce un registre urbain de femmes pilotes. Amazone en knickers de plastique, escrimeuse en tenue de plongée dans laquelle il taille des manteaux et des robes aux volumes amples, ou motarde en blouson capitonné, chaque passage énumère un pan du costume civil et contemporain. (...)

Prêt-à-porter printemps-été 1988

S’il ne fallait retenir qu’une collection pour imager le travail de Jean Paul Gaultier , il est probable que celle du printemps-été 1988 servirait de blason. (...) Présenté à la grande Halle de La Villette, le défilé enchante par l’effet carte postale qu’il évoque. Si Jean Paul Gaultier a puisé dans Paris sa source première d’inspiration, c’est sans nostalgie ni caricature qu’il crée des vêtements dominés par une grande fluidité. Un magasin de ses souvenirs s’exprime dans les vestes d’homme qu’il découpe en tous sens et sur tous les thèmes : veste lingerie, veste body d’escrimeuse, veste marinière, veste désossée et dos nu… Gaultier sort le grand étalage et donne le meilleur de lui-même dans une suite de vêtements aux tons éteints, salis par la poussière et le bitume. On fume, on clope sur le podium. Les mannequins poulbots apprennent à porter des robes tee-shirt aux pans retroussés sur des cyclistes. Des garçonnes au béret collé sur des chignons drapés épousent de larges pantalons de laine froide. Des apprenties fleuristes affichent avec fierté des tabliers de mousseline sur les costumes de leur homme. La silhouette toute en rondeur magnifie la poitrine et les épaules que le créateur drape d’un fichu noué, à pois ou à rayures. (...)

Prêt-à-porter printemps-été 1990

La chanteuse Neneh Cherry inaugure « Les Rap-pieuses », le défilé printemps été 1990 de Jean Paul Gaultier. Amoureux des collages interdits, le créateur, allie sport et mysticisme. La Grande Halle de la Villette s’est muée en cathédrale le temps d’une collection qui restera comme une des plus symboliques dans l’itinéraire du couturier. Coiffées de voiles immaculés, chaussées de bottines lacées, les nonnes de Gaultier se recueillent en tenue de grand sport. Elles portent des shorts effrangés sur leur pantalon, des vestes à capuches qui laissent s’engouffrer les vents divins. (...) Inspirés des couleurs et des graphismes de Richard Lindner, les imprimés géométriques dynamisent ce vestiaire inspiré. (...) Le visage lissé par l’extase, bandé de mentonnière, les mannequins jouent le statisme des sculptures religieuses qu’elles singent avec grâce.

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