Prêt-à-porter 1982, automne-hiver 1983-84, printemps-été 1984
Jean-Charles de Castelbajac a retenu les exemples et les méthodes de pensée de l’art contemporain. L’art est pour lui un modèle auquel il se conforme, une source d’inspiration supérieure à l’histoire de la mode qu’il contribue à écrire différemment. A ses débuts, dans les années 70, sous influence du mouvement Support-Surface, il exhume des placards des matériaux comme la bande Velpeau (printemps été 1974-1976), les serpillières, la toile à matelas et coupe des vêtements réduits à leurs formes les plus simples.
(…) Il est un des premiers créateurs à interroger le support vêtement et à le ndétourner de ses chemins consensuels. Vestes garnies de gants, polo si large qu’il devient jupe, combinaisons fonctionnelles, manteaux couverture, robes frangées, sont les témoins des idées nombreuses, aujourd’hui tombées dans le domaine public des idées de la mode. JC de Castelbajac n’a jamais cessé d’admirer les artistes. Ils signent ses cartons d’invitations et à partir de 1982 peignent les robes des finals de ses défilés. Hervé di Rosa, Gérard Garouste, Ben et Jean Charles Blais sont de ceux là. Sur une forme on ne peut plus simplifiée, inspirée de la tunique de Saint Louis, les artistes conviés posent leurs pinceaux. Ben couvre la robe de noir et écrit « je suis toute nue en dessous » en guise de motif. Jean Charles Blais peint un vêtement sur le vêtement. « L’habit du dimanche », c’est son titre, oppose un costume d’homme rouge sur la robe nue. (...)
A partir de 1982, le créateur entreprend une série d’hommages. Sur des formes simples, chasubles archaïques et médiévales parfois, Castelbajac oppose des motifs de grande consommation, qu’il s’agisse de portraits iconiques ou de produits de diffusion : « Hommage à la presse » (automne hiver 1982-83), « Hommage aux portraits » (automne hiver 1983-84), « Hommage au XXe siècle » dont est issue la collection printemps été 1984. Une robe imprimée d’un bidon d’essence au logo reconnaissable, une seconde en forme de bouteille de Coca Cola, d’autres configurées en appareil téléphonique, suivent une même motivation : saluer les standards de la modernité quotidienne du XXe siècle.