Native de Sète, Valentine Schlegel grandit sur les bords de la Méditerranée. Voile, pêche, sport et dessin vont forger la personnalité d’une artiste polyvalente éprise de liberté. Après un passage remarqué à École des beaux-arts de Montpellier, elle participe à l’aventure des premières années du Festival d’Avignon comme régisseur-accessoiriste auprès de Jean Vilar, un autre Sétois qui a épousé sa sœur aînée Andrée.
Attirée par la céramique « pour son aspect artisan-ouvrier », Valentine Schlegel vient à Paris, s’installe chez son amie d’enfance Agnès Varda, avant de s’établir dans une ancienne fabrique du quartier d’Alésia.
À partir de 1954, en même temps qu’une poterie utilitaire tournée, elle conçoit une série de vases à fleurs "Germe", aux contours amples et sinueux qui ne sont pas sans évoquer, avec une pointe d’érotisme, les sculptures abstraites de Arp et d’Henry Moore. Montés au colombin, les volumes s’articulent autour des pleins et des vides et sont émaillés de tonalités sourdes, des parmes, des bleu nuit, des verts amandes et des blancs.
Le goût du travail artisanal, l’amène au début des années 1960 à travailler le plâtre. Telles les femmes berbères qui façonnent les parois argileuses de leurs habitats troglodytes, Valentine Schlegel réalise plus d’une centaine de cheminées conçues comme de véritables « sculpture à vivre », titre de la grande rétrospective qui lui est consacrée à la galerie La Demeure en 1975.
Compagne d’Yvonne Bruhammer, Valentine Schlegel est à l’initiative, à partir de 1958 et jusqu’à 1991, des premiers ateliers de modelage pour les jeunes de moins de 15 ans, l’ancêtre des Ateliers du Carrousel au Musée des Arts Décoratifs de Paris.