Le titre de l’exposition, « Faire le mur », fait référence aux différents usages permis par le papier peint qui participe à la construction et à l’ornementation d’une paroi murale. À travers plusieurs thématiques développées dans six salles dédiées à l’événement, techniques et époques se mêlent sans ordre chronologique. Des papiers anciens côtoient des pièces contemporaines afin d’illustrer les méthodes de production, les typologies et les formes se répètent, qui changent ou évoluent au rythme de l’histoire de l’art. Le papier peint n’est pas juste une surface couvrante. Il crée des univers nouveaux, des sensations ou encore des ambiances nécessitant des procédés de fabrication complexes. Les motifs, les rendus chromatiques et lumineux, transforment notre perception de l’espace, jusqu’à même laisser apparaitre des architectures fictives et des effets de trompe-l’œil. Ces différents types de papiers sont, certes, les témoignages d’une richesse créative, mais ils sont avant tout des acteurs iconiques dans l’histoire des styles et des tendances, reflétant ainsi le goût et les mœurs d’une époque.
La première salle, au titre évocateur « Anoblir le mur », renvoie à une expression utilisée par les spécialistes qui définissent « l’anoblissement » comme étant un procédé d’embellissement des tissus. Dans le cadre de l’exposition, ce terme est cette fois-ci appliqué au papier peint, afin d’insister sur la capacité de ce dernier à enjoliver les parois murales. Ces attributs de l’ornementation sont illustrés par des pièces maîtresses, telles que les impressions en arabesque du XVIIIe siècle réalisées par la célèbre manufacture Réveillon ou encore par des créations contemporaines du Studio Job et Timorous Beasties. En respectant les normes esthétiques établies, le papier peint est non seulement un objet décoratif, mais il est plus généralement le reflet d’une culture et d’un art de vivre.
La deuxième salle, « Imaginer le mur », met l’accent sur les genres artistiques inventés et réinterprétés au fil des siècles, avec des papiers peints tels que ceux d’André Groult, Émile-Jacques Ruhlmann, André Mare, René Fumeron et Léonor Fini. Ces œuvres évoquent certains savoir-faire traditionnels, mais également des approches novatrices offrant un nouveau souffle à la décoration d’intérieur.
Tout en répondant aux goûts et aux critères de beauté d’une époque, le papier peint a également la capacité de solliciter l’imagination, voire même d’altérer notre impression spatiale d’un lieu. « Déguiser le mur », est une salle qui rend hommage au trompe-l’œil à travers des créations des XVIIIe et XIXe siècles, comme celles des manufactures Desfossé & Karth, mais aussi Dufour & Leroy. Dentelles et draperies peintes donnent ainsi l’illusion d’un jeu de textures et de volumes qui transforment la planéité du mur. Dans cette même veine, « Raconter le mur » réunit des papiers peints qui renvoient à différents courants stylistiques de l’histoire de l’art. L’étrusque, le néo-classique, le néo-gothique ou encore l’orientalisme, sont des références essentielles pour des manufactures de renoms telles que Délicourt ou Desfossé & Karth, Lapeyre, Sanderson ou encore Zuber. Appliqués sur la paroi, ces ornementations et structures architecturales peintes créent des effets d’optique en ouvrant le mur vers des horizons pourtant factices. Ces recherches autour du dessin et du motif, vont également de pair avec des expérimentations dédiées aux matières et textures.
Les deux dernières salles venant clôturer l’exposition ‒ « Inspirer le mur » et « Jouer le mur » ‒ réunissent des productions où le papier laisse place à d’autres matériaux. Le carton, le cuir, ou encore des substances métallisées, libèrent le mur des formes et des méthodes classiques. De nombreux créateurs participent au renouvellement des motifs, comme c’est le cas des éditeurs de Piero Fornasetti, Jean-Charles de Castelbajac et Christian Lacroix. Le papier peint n’est plus juste un ornement, il est une installation murale, jusqu’à même être une œuvre d’art à part entière.