Les dépôts de modèle, composante de la propriété industrielle au même titre
que les brevets et les marques, étaient déposés aux conseils de prud’hommes
ou aux greffes des tribunaux jusqu’en 1979, afin de protéger juridiquement une création
et d’engager une action en cas de copie. Leur émergence pendant la Première Guerre
mondiale visait à contrer « les pirates de la mode », ces contrebandiers
et imitateurs qui sévissaient alors en France et à l’étranger. Des procès
relayés dans la presse, comme ceux intentés par Madeleine Vionnet
au début des années 1920, ont entériné cette pratique. Les couturiers
faisaient ainsi photographier leurs nouvelles créations sous tous les angles,
jusqu’à la fin des années 1930.
Un dépôt de modèle peut être un assemblage de plusieurs photographies
ou résulter d’un système photographique combinant objectifs ou miroirs,
permettant ainsi de capturer les différentes facettes de la tenue : de face,
de dos, en profil. Attirant une catégorie spécifique de photographes,
souvent des studios professionnels ou des portraitistes, voire des
figures renommées telles que Man Ray ou Thérèse Bonney, ces dépôts
illustrent l’importance de la photographie dans l’industrie de la mode
et de la protection de la propriété intellectuelle.