David David-Weill est une personnalité marquante des musées français au cours de la première moitié du XXe siècle. Il est né le 30 août 1871 à San Francisco, son père, Alexandre Weill, s’étant établi outre-Atlantique pour fonder avec ses cousins la banque Lazard Frères et Cie, qui fut parmi les premiers soutiens de l’Union centrale en 18651 . Après le retour en France et la fin de ses études, le jeune homme se lance dans la vie professionnelle dans le sillage de son père. Il connaît à son tour une carrière brillante, couronnée par le poste de régent de la Banque de France en 1935. Un an auparavant, en février 1934, il est élu à l’Académie des beaux-arts2.
Cette distinction récompense son action de donateur et son engagement auprès de nombreuses institutions culturelles, notamment l’Union centrale des arts décoratifs dont il est vice-président à partir de 1923. Il intègre également dès 1920 le Conseil de la Réunion des musées nationaux, dont il est président entre 1931 et 1940, succédant à Raymond Koechlin3. David-Weill est également vice-président des Amis du Louvre, vice-président des amis de la bibliothèque d’art et d’archéologie, membre du conseil de la Société de l’histoire de l’art français. François Carnot, président de l’Union centrale de 1910 à 1959, écrit dans le catalogue de l’exposition organisée en l’honneur de David-Weill au musée de l’Orangerie en 1953 – un an après son décès survenu le 7 juillet 1952 – qu’il « continuait ainsi la tradition des grands donateurs et bienfaiteurs que furent J. Maciet et Raymond Koechlin, qui ne vécurent que pour l’Art, non égoïstement, mais pour en répandre libéralement la connaissance et l’amour4 » .
Comme ces illustres prédécesseurs, David-Weill est un collectionneur d’exception. Et si sa devise est « Delectat carpere flores5 » , c’est qu’il constitue sa collection comme on compose un bouquet6. Marcelle Minet, en charge de sa collection personnelle, affirme que « son choix n’était pas déterminé par le sujet représenté, mais plutôt par l’émotion, le choc souvent bouleversant que provoquent la rencontre de la sensibilité de l’artiste, l’expression d’une vision nouvelle des choses, quelquefois déjà confusément ressentie, la perception d’un tempérament à travers le rythme des volumes et des tons, l’alchimie des couleurs et de la matière7 » . Ces lignes prennent sens au regard des dons qu’il consent à l’Union centrale entre 1914 et 1951, où se distinguent des pièces de mobilier, comme le fauteuil réalisé par Louis Cresson ou le secrétaire en pente en vernis Martin de Madame de Pompadour, des objets d’art, tel le candélabre de Claude Duvivier d’après Juste-Aurèle Meissonnier, mais également un ensemble unique de dessins du XVIe au XIXe siècle parmi lesquels on retrouve les signatures de Jacques Androuet du Cerceau, de Jean-Charles Delafosse ou de Percier et Fontaine. Il faut également mentionner des peintures, de nombreux bronzes, des verres, des tissus, de la porcelaine, ainsi qu’un ensemble unique de cent quarante-neuf émaux cloisonnés chinois. Le musée du Louvre, le musée Guimet, ceux de Versailles, de Carnavalet, de la Malmaison et de Cluny, la Bibliothèque nationale bénéficient également, avec d’autres encore, de sa générosité.
Son aide financière est décisive pour la tenue de grandes expositions organisées sous son mandat, comme « La porcelaine française de 1674 à 1914 » en 1929 et l’ « Exposition internationale d’art byzantin » en 19318. Par ses dons et sa collection, qu’il met à la disposition des chercheurs, par son action en faveur de la formation des étudiants et des artisans décorateurs, et enfin grâce aux différents postes qu’il occupe au cours de sa vie, David-Weill tient une place non négligeable, mais peu reconnue, dans l’histoire de l’art de la première moitié du XXe siècle.