Prêt-à-porter automne-hiver 1974-75
(…) Aux commandes de la maison Chloé depuis 1964, après s’être illustré dans les ateliers de couture de chez Balmain et Patou, le créateur et styliste indépendant sait conquérir un public féminin par la souplesse des lignes et des matériaux qu’il utilise. Elle se manifeste avec plus de grâce encore lors de la collection automne-hiver 1974-1975. Elle donnera à la griffe fondée en 1952 par Jacques Lenoir et Gaby Aghion une saveur délicate (…) qui n’a jamais vraiment disparu depuis.
Le plissé « bijou » envahit les robes noires, cache-cœur, gansées de rubans champagne. Les manches lampion, en tuyaux d’orgue très fin ajoutent de la mollesse et construisent dans le flou des crêpes marocains une nonchalance typique de la décennie plus élégante qu’on ne le croit. Une longue cape de laine noire au point mousse s’ouvre en corolle sur une jupe en cachemire aux plis antiques. Pour les fins d’après-midi et les cocktails qui sont devenus vernissages, Lagerfeld lance des robes de crêpe double face et contrastées. Flottantes comme des foulards, sans entrave et sans couture, les robes associent des tons vifs et éteints : gorge-de-pigeon doublé de crêpe corail, marine et framboise… Les manches pagode ou kimono, les plissés accordéon et les fronces qui rem-placent sur les tissus unis les motifs évincés, harmonisent une collection dans laquelle les femmes, au dire de celles qui la portaient et la dévoraient, ne pouvaient que s’abandonner.