Parmi les œuvres les plus remarquables de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 figurait le pavillon d’Une ambassade française, réalisée par la Société des artistes décorateurs sous le patronage du ministère des Beaux-Arts. Elle comprenait des espaces de représentation et des espaces intimes, auxquels collaborèrent des architectes et des décorateurs : un hall par Robert Mallet-Stevens (1886-1945), un fumoir par Francis Jourdain (1876-1958), une salle à manger par Georges Chevalier (1894-1987), une chambre par André Groult, un bureau-bibliothèque par Pierre Chareau. Ce dernier espace, sur un plan circulaire, est coiffé d’une coupole supportée par deux poteaux et composée d’une paroi « éventail », d’où provient la lumière. Deux pièces attenantes sont à l’usage des secrétaires. L’espace est modulé par des parois revêtues de bois de palmier dont certaines sont équipées de rayonnages de bibliothèque. Dans l’espace libéré, au centre, un bureau à pans coupés et un fauteuil sont placés sur un tapis dont le motif a été conçu par Jean Lurçat (1892-1966). Une harmonie subtile de différentes couleurs d’essences et de matières se dégage de cet aménagement. La boiserie, le fauteuil et son bureau sont conservés au Musée des Arts Décoratifs. Architecte et décorateur, Pierre Chareau compte parmi les créateurs de meubles et d’ensembles décoratifs les plus prestigieux de la période Art déco. Les années 1920 furent pour lui une période féconde, l’aménagement intérieur étant son domaine de prédilection. Il se distinguait de ses contemporains en privilégiant la mobilité des espaces, en utilisant le jeu des perspectives et la rupture de la symétrie, tels que nous le montre ce bureau-bibliothèque. Chareau participa au mouvement qui aboutit à la création de l’Union des artistes modernes (UAM) en 1929. Il réalisa en 1931, avec la collaboration de l’architecte néerlandais Bernard Bjvoët, la Maison de verre pour le docteur Jean Dalsace, rue Saint-Guillaume, à Paris.
C. B.
Pierre Chareau (1883-1950), catalogue d’exposition, Paris, Centre Georges-Pompidou, 1993, p. 5.
Évelyne Possémé, Le Mobilier français 1910-1930, Paris, Massin, 1999, p. 142-151.