Pierre-Paul Prud’hon est l’un des principaux peintres de l’Empire. Sa maîtrise du dessin lui permet de fournir des modèles dans le domaine des arts décoratifs, qui sont exécutés par d’autres artistes, selon une tradition qui remonte à la Renaissance et s’est particulièrement illustrée en France sous Louis XIV.
Après le mariage de Napoléon et de Marie-Louise en avril 1810, le préfet de la Seine Nicolas Frochot et la Ville de Paris chargent Prud’hon de concevoir une toilette en vermeil et lapis-lazuli pour l’offrir à l’impératrice, ainsi que d’en suivre l’exécution par le bronzier Thomire, l’orfèvre Odiot et le sculpteur Roguier. L’exceptionnel dessin sur papier bleu exposé ici prépare le fauteuil et l’un des deux candélabres prévus. Une grande psyché, une table de toilette, quatre coffrets, deux athéniennes, un tabouret de pied s’y ajoutaient pour former un ensemble précieux, fondu en 1836.
L’année suivante, la même équipe reçoit la commande d’un berceau d’apparat pour le futur héritier du trône. La Ville de Paris offre ce somptueux meuble de vermeil, velours nacarat et nacre au couple impérial le 5 mars 1811, quinze jours avant la naissance de leur fils, qui reçoit le titre de roi de Rome. On ne connaît que quatre dessins préparatoires, tous acquis par le musée. Le berceau lui-même est conservé au Trésor impérial de Vienne.
Pour célébrer ces dons et la beauté de ces meubles, un ouvrage est publié dès 1811 : il comprend de belles gravures, aquarellées sur les exemplaires les plus riches, longuement commentées, et préparées par des dessins très finis de Cavelier.
Cette exposition présente en regard de la toilette et du berceau d’autres commandes d’orfèvrerie impériale, ainsi que trois chefs-d’œuvre graphiques de Prud’hon, tous issus des collections du musée des Arts décoratifs.