Le parcours de Philippe Barde débute vers la fin des années 1970. Il opte pour la porcelaine qui lui permet, par sa légèreté et sa finesse, de traduire le geste. Il dirige dès 1989 le département céramique de l’école des arts décoratifs de Genève. À partir de 2009, en lien avec l’exposition rétrospective qui lui est consacrée au musée de l’Ariana à Genève, il s’intéresse à l’œuvre moderniste d’un grand céramiste suisse des années 1930, Paul Bonifas. La possibilité de travailler à partir des moules d’estampage originaux de Bonifas conservés au musée de l’Ariana constitue le point de départ d’une réflexion sur la filiation dans le domaine artistique.
En 2013, le musée des Arts décoratifs de Paris a présenté l’exposition « Emprunter pour Inventer. Philippe Barde revisite Paul Bonifas » à partir de cette recherche. L’œuvre PB/PB provient de cette exposition. Pour créer une pièce, Philippe Barde commence soit par faire une empreinte du moule original, soit par mouler la partie externe de celui-ci. À partir de là, il peut couper et réassembler ces surmoulages, créant ainsi de nouvelles formes. Il reprend seulement une partie de chaque moule, son choix se portant fréquemment sur le détail des anses mais, dans ce cas précis, il s’agit d’un travail sur le corps d’un grand vase. La faïence dure est alors coulée dans le nouveau moule.
Pour Barde, la réalisation de cette pièce est une mise en évidence de la structure du vase dans lequel les détails deviennent aussi puissants que l’ensemble de l’œuvre. Barde y revendique la céramique comme une histoire de manipulations et d’associations avec la conviction que la création n’est pas une question de table rase, mais une mise en exergue des savoir-faire et de la pensée du céramiste. Cette conjonction de pratiques traditionnelles et de stratégies conceptuelles de l’art contemporain est au cœur de son œuvre.