Lucien Falize (1839-1897), orfèvre, Luc-Olivier Merson (1846-1920), dessinateur, Hanap «  Les métiers d’art  », Paris, 1895

Lucien Falize (1839-1897), orfèvre, Luc-Olivier Merson (1846-1920), dessinateur, Hanap «  Les métiers d’art  », Paris, 1895

Émile Pye, Jacques Cantel, Florent-Antoine Heller (1840-1904), graveurs
Ferdinand Levillain (1837-1905), sculpteur
Paul Richard, ciseleur
Étienne Tourrette ( ?-1924), Arsène, émailleurs
Or ciselé, émail de basse-taille, émail champlevé, émail cloisonné
Présenté au pavillon de l’Ucad lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900
Achat, 1896
Inv. 8504
© Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

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Cette œuvre symbolise l’idéal que s’était fixé l’Union centrale des arts décoratifs dès sa création, en 1864. Ses membres, qui avaient choisi pour devise Le beau dans l’utile, se consacraient à la promotion des arts décoratifs à travers une riche bibliothèque, des expositions temporaires sur les matériaux (tissu, papier, bois, pierre, verre, métal), lançant de nombreux concours ouverts aux élèves des écoles d’art et aux artisans. En 1895, le comité de l’Ucad demanda à l’un des orfèvres les plus admirés à l’Exposition universelle de 1889, à Paris, de réaliser un émail pour le Musée des Arts Décoratifs, tout en lui laissant une entière liberté quant à la forme et au thème. L’orfèvre décida de confectionner un gobelet d’or dans lequel le président de l’association pourrait boire les jours de fête, à l’exemple des maîtres des corporations d’autrefois, d’où les deux idées maîtresses du décor : la vigne et les métiers d’art. Aux deux tiers de la panse, une frise en émail, composée par le peintre Luc Olivier Merson, montre des artisans de la Renaissance travaillant la pierre, le bois, la terre, le métal, le verre, le tissu, le papier et le cuir. Sous la frise, des rameaux de vigne se détachent sur un fond en émail champlevé rouge. Sous la coupe sont représentés l’orfèvre et son graveur en costume de la Renaissance. Le décor du couvercle évoque l’Union centrale des arts décoratifs par son emblème, un rameau de chêne entouré d’une couronne de laurier, et des cartels résumant le programme de l’Union : art, science et métier. En véritable virtuose, Falize fait de son œuvre une démonstration des techniques les plus raffinées de l’émail : l’émail champlevé, l’émail cloisonné qu’il utilisait depuis 1869 et l’émail de basse-taille, délaissé depuis la fin du XVe siècle et qu’il avait redécouvert. Pour exécuter ce projet étonnant, il passa plus de quarante fois sa pièce au four, réalisant une prouesse technique exceptionnelle. Imaginé comme un hommage à ses illustres prédécesseurs et aux collections rassemblées par le Musée des Arts Décoratifs, cet objet à caractère rétrospectif et historiciste s’inscrit à la fin de la carrière d’un orfèvre-bijoutier reconnu par certaines de ses œuvres comme un précurseur de l’Art nouveau.

É. P.

Katherine Purcell, Falize, a Dynasty of Jewelers, Londres, Thames & Hudson, 1999.

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