S’il révolutionne profondément la mobilité individuelle et devint synonyme de liberté, le vélo, dès son apparition dans la première moitié du XIXe siècle, est aussi synonyme de progrès techniques, valeur capitale de l’ère industrielle.
Trente ans après l’éloquence classique de l’affiche de Tamagno pour les vélocipèdes de l’historique maison Peugeot de Valentigney, c’est la puissante affiche de Georges Favre qui glorifie les machines de la « Nouvelle société des cycles Peugeot », manufacture créée en 1926, exclusivement dévolue à la fabrication des cycles. Les grandes qualités plastiques de l’affiche sont immédiatement saluées par le critique Pierre Andrin qui précise que « peu d’affichistes sont parvenus à servir aussi efficacement la notoriété d’une vieille maison en rajeunissant si heureusement la présentation de ses produits ». Quand le lion glorieux présente son trophée, c’est en fait Peugeot qui expose son vélo.
Au cœur d’un siècle qui connaît le développement des pensées hygiénistes et la promotion de l’exercice physique, l’exploit sportif s’agrège à l’image du vélo. C’est ainsi qu’Albert Guillaume compose l’affiche des Cycles Vincent fils sur laquelle le Président Sadi Carnot couronne des lauriers de la victoire Louis Cottereau, premier champion de France de vitesse à bicyclette. Sur un tirage postérieur à l’assassinat du président, survenu le 24 juin 1894, le portrait de Sadi Carnot est transformé. Un homme hirsute, désormais anonyme, salue le coureur. L’affiche s’adapte à l’actualité immédiate.
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Le cycliste compétiteur et victorieux qui, grâces aux prouesses techniques de son vélo est aussi rapide qu’à l’aise, est donc la bonne grammaire pour la communication des fabricants. Elle est exploitée sur l’affiche des célèbres Cycles Lorette ou encore sur un éventail-écran destiné à la promotion des cycles France-Sport, « la grande marque sportive », dont l’équipe qu’elle mécène compta aussi de très nombreux champions.
En 2002, à l’heure où la publicité pour les bicyclettes à presque disparue du champ visuel, Foré dessine, mais cette fois-ci pour un événement sportif, dans un maillage géométrique de rayons aux couleurs tendres proche de l’art cinétique, un coureur dans l’effort portant à l’épaule son vélo. Foré, « poète, peintre, sculpteur, est aussi coureur cycliste comme Vlaminck » selon Claude Sorel, fait du vélo un compagnon dans l’épreuve.