La marquise aimait à porter ses bijoux, aussi fit-elle faire à ses deux bijoutiers de prédilection que furent Lucien Falize et René Lalique des montures adaptant ceux-ci à un usage régulier. Comme elle, ils admiraient les bijoux de la Renaissance et leurs parures portent la marque de cet intérêt, tout en annonçant l’Art nouveau.
À d’autres, tels Alfred André, Deraisme et Uldry, ou Jules Debut et Léon Coulon, elle commanda des bijoux historicisants, certains portent ses initiales MAV, ou seulement AV, d’autres sont ornés de la guivre, animal fantastique dévorant un enfant faisant partie des armes de la famille Arconati Visconti.
Ce don, fait après le décès de Raoul Duseigneur, marque une forme de mise en retrait de la marquise. Elle quitte son hôtel particulier de la rue Barbet-de-Jouy pour se retirer dans un appartement plus modeste avenue Elysées-Reclus. Il fut suivi à sa mort en 1923 du legs de douze bijoux plus intimes, notamment les alliances de son mariage avec le marquis Giammartino en 1873, ses montres, un pendentif en onyx renfermant une photographie de Raoul Duseigneur et surtout un pendentif espagnol représentant l’Assomption de la Vierge (sans doute offert par Raoul Duseigneur, passionné d’art espagnol).
Broche « Algues »
La marquise fut une cliente assidue de René Lalique qui avait débuté son apprentissage auprès de Louis Aucoc et travaillé pour Fouquet, Boucheron, Cartier avant de créer sa propre joaillerie en 1885. Utilisant des matériaux alors peu usités dans la bijouterie de son temps, s’affranchissant des codes traditionnels de celle-ci, il s’inscrit dans le courant de l’Art nouveau.
Bracelet « Ouroboros »
Cet étonnant bracelet fait partie des bijoux que la marquise conserva jusqu’à son décès. Son auteur n’a pas été identifié. Le thème du serpent qui se mord la queue, présent dans la Chine antique, dans l’Égypte pharaonique et chez les Grecs anciens (appelé Ouroboros), symbolise le temps cyclique et l’éternel recommencement. Au début du XIXe siècle, il devient le signe de l’amour éternel dans la bijouterie sentimentale.
Collier « Serpent »
Ce collier est constitué de cinq parties séparables pouvant se combiner pour former un bracelet, un collier ou une ceinture, selon le besoin et l’humeur de celle qui s’en paraît. Le motif du serpent est utilisé dans la bijouterie depuis l’Antiquité et est très apprécié au XIXe siècle en Europe. Ce collier est constitué de larges anneaux fixés les uns aux autres par des crochets intérieurs qui confèrent à l’ensemble une grande souplesse. La forme et la structure du bijou sont en parfaite adéquation avec le motif sinueux et souple du serpent également considéré comme symbole de volupté.
Pendentif boîte à mouches
Parmi les centres d’intérêt de la marquise le XVIIIe siècle occupe une place importante, plusieurs bijoux en témoignent. L’originalité de celui-ci réside dans cette petite boîte à mouches conçue en Saxe au XVIIIe siècle formant pendentif. Le visage est en porcelaine dure, les yeux en diamant taille rose et le revers, formant couvercle, en agate.
Boucle de ceinture
Ce bijou chinois de l’époque du règne de l’empereur Qianlong (1736-1796) fut acquis par la marquise à une époque où les bijoux chinois étaient absolument ignorés. En eut-elle l’usage comme nombre de ceux qu’elle donna puis légua au musée ou bien faisait-il partie des quelques objets asiatiques qu’elle collectionna comme plusieurs amateurs de son temps ?
Bouton
L’Inde, partie de l’empire britannique, fut largement représentée dans les Expositions universelles de la seconde moitié du XIXe siècle, de même que les Indes françaises. L’orfèvrerie et la bijouterie indiennes contemporaines, héritières des arts décoratifs de la dynastie moghole, suscitèrent alors une grande admiration. En 1885, le musée des Arts décoratifs achetait à la vente Castellani, à Rome, un lot de plus d’une centaine de bijoux indiens de la première moitié du XIXe siècle, bijoux qui furent complétés par trois autres pièces léguées par Jeanne Namur en 1915 et deux données par la marquise en 1916.
Boucle de ceinture
Cette boucle de ceinture en jade, sculptée d’un motif à triple festons à l’intersection duquel est enchâssé un rubis cerclé d’or fait partie des deux bijoux indiens donnés par la marquise en 1916, bijoux venant opportunément enrichir de pièces du XVIIIe siècle le fonds de bijoux indiens du musée.
Enseigne de chapeau « Olofernes »
Ce bijou est l’une des rares enseignes – ornement cousu sur le chapeau – conservées dans son intégralité (émail, monture, anneaux) pour le XVIe siècle. Très en vogue sous François Ier, il est plus rare d’en trouver, émaillé sous cette forme, dans la seconde partie du XVIe siècle. Sa monture formée d’un motif de corde torsadée alternant avec un ruban plat se retrouve sur plusieurs enseignes reproduites sur des portraits peints au XVIe siècle. L’émail est l’œuvre de Pierre Reymond, émailleur actif à Limoges entre 1537 et 1584, il représente Holopherne, homme lige de Nabuchodonosor tué par la célèbre Judith.
Pendentif médaillon avec miniature
La forme de ce médaillon en lapis lazuli, avec ses quatre ornements d’applique en or émaillé sur le pourtour, correspond à des montures datées du XVIe siècle et se retrouve exactement semblable dans des pendentifs en or conservés dans d’autres collections (New York, Hispanic Society of America, Baltimore, Londres, Victoria and Albert Museum). En revanche la miniature qu’il contient est dix-huitième. Les bijoux anciens étaient souvent réparés, complétés et réutilisés. Celui-ci est le seul connu en lapis-lazuli, une pierre dure et opaque comme l’agate. Avec ce bijou, la marquise alliait deux de ses domaines de prédilection : la renaissance et le XVIIIe siècle.
Pendentif "saint François d’Assise" et "Assomption de la Vierge"
Ce pendentif aux formes rocailles présente une monture en or repercé formée de rinceaux et de coquilles. Il contient deux scènes religieuses, recto et verso, représentées en peinture sous cristal de roche. Cette technique dite « fixé sous verre » est connue depuis l’Antiquité. L’Assomption de la Vierge de style baroque et la représentation de saint François d’Assise, plus sombre, sont peintes au revers de deux plaques différentes réunies par la monture rocaille. Cette technique, très utilisée dans les bijoux religieux, était quelquefois associée à des décors de feuilles d’or églomisé. Ce bijou fait partie de ceux que la marquise conserva jusqu’à son décès.
Peigne monogrammé
Plusieurs bijoux de la marquise portent son monogramme avec ses initiales et plus particulièrement les lettres MAV, la lettre M pouvant correspondre à son premier nom Marie ou à son titre de marquise. Il en est ainsi du bracelet en argent niellé, du collier de chien de la parure Renaissance, du pendentif avec monture du XVIe siècle, de sa montre et de son face-à-main en écaille. Deux broches en émail portent les armes héraldiques des Arconati Visconti de Milan, la guivre, accompagnée des initiales de la marquise pour l’une d’entre elles.
Collier avec médaille de Charles Quint et Marguerite d’Autriche
Ce collier est composé de vingt-sept éléments formés de volutes et de nœuds découpés à jour et émaillés. Il porte, suspendue par trois chaînes, une médaille de Charles Quint et de Marguerite d’Autriche. La marquise l’a acquis en tant que bijou de la Renaissance à la célèbre vente de Frédéric Spitzer en 1893 (n°75 du catalogue), vente qui marque les débuts de la marquise comme collectionneuse. L’enthousiasme manifesté par les collectionneurs du XIXe siècle pour les bijoux de la Renaissance avait favorisé une production de faux.
Broche tête de femme, serpent et aile
Cette broche formée d’une tête de femme entourée de ses cheveux, d’un serpent et d’une aile d’oiseau, présente un caractère presque fantastique. Plutôt qu’une influence médiévale ou Renaissance, Lalique dévoile dans cette pièce son intérêt pour les bijoux antiques égyptiens dont il s’inspire ici. La forme, les jeux de matière qu’il y introduit annonce le bijou Art nouveau.
Parure Renaissance
Cette parure Renaissance comprend un collier de chien, une ceinture, huit aiguillettes et cinq broches. La présence de perles fines en pendant sur de nombreux bijoux de René Lalique marque son tribut et son admiration pour la bijouterie Renaissance. Il partage cet intérêt avec la marquise Arconati Visconti qui fut l’une de ses premières mécènes. La marquise ne possédait pas moins de seize bijoux créés par René Lalique, inspirés de la Renaissance ou de la période médiévale.
Les ferrets d’aiguillette ornés d’émail et de perles de cette parure néo-Renaissance évoquent, par leur caractère plus précieux que fonctionnel, les ferrets (éléments métalliques fixés à l’extrémité des lacets). Ceux-ci étaient sans doute destinés à refermer les crevés des manches d’une robe de goût historiciste conçue pour un bal ou une mascarade, comme la marquise aimait à se parer.
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