Le hochet est certainement le plus ancien des jouets sonores. La collection des Arts Décoratifs est riche d’un ensemble exceptionnel de 37 hochets princiers du XVIIIe et XIXe siècle d’Italie et de France. Bijoux magnifiques, ils sont présentés dans un écrin comme chez le joaillier. Les hochets sont fabriqués en métal argenté, en corail, en os, en vermeil, en ivoire. Mis au cou de sa nourrice, il distrait l’enfant lorsque les clochettes s’animent ou lorsqu’elle siffle. Le manche en corail soulage les poussées dentaires de l’enfant qui le mordille.
Les décors représentent des figures porte-bonheur telles que Polichinelle, angelots et bergères mais aussi des motifs floraux, animaliers ou géométriques. Les matériaux utilisés mettent à l’abri des sorts. Corail et grelots chassent ainsi le diable et les esprits malins.
Pourtant le jouet ne manque pas d’être décrié dès le XVIIIe siècle. Jean-Jacques Rousseau écrit dans Émile ou De l’éducation, traité d’éducation (1762) : « On ne sait plus être simple de rien, pas même autour des enfants. Des grelots d’argent et d’or, du corail, des cristaux à facettes, des hochets à tout prix et de toute espèce : que d’apprêts inutiles et pernicieux ! Rien de tout cela ; point de grelots, point de hochets ; de petites branches d’arbre avec leurs fruits et leurs feuilles, une tête de pavot dans laquelle on entend sonner les graines, un bâton de réglisse que l’enfant peut sucer et mâcher, l’amuseront autant que ces magnifiques colifichets, et n’auront pas l’inconvénient de l’accoutumer au luxe dès sa naissance ».
Il faut attendre les années 1910-1920 pour voir apparaître le hochet en métal lithographié au manche en porcelaine dans la production du jouet français. La manufacture Camelin, spécialisée dans la fabrication de jouets en métal à musique, produit des hochets, des sifflets, des boîtes et des rouleaux à musique ainsi que toutes sortes d’instruments jouets.