Le 30 novembre 2021, Joséphine Baker (1906-1975) entre au Panthéon. Parmi les œuvres figurant l’artiste dans les collections du département Design graphique et publicité du Musée des Arts Décoratifs, deux affiches conservent la mémoire de la célèbre chanteuse de music-hall et témoignent de l’histoire de son image.

Paul Colin, affichiste, « La Revue Nègre au Music-hall des Champs-Élysées », 1925
H. Chachoin Paris, imprimeur. Lithographie. Paris, Musée des Arts Décoratifs. Inv. 15789
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Au Théâtre des Champs Élysées, le vendredi 2 octobre 1925 à 20h30, le rideau se lève sur la première de « La Revue Nègre », spectacle jazz, burlesque et sophistiqué interprété par une troupe d’artistes arrivée spécialement de Broadway à l’occasion duquel le Tout-Paris découvre Joséphine Baker qui, âgée de dix-neuf ans, remporte aussitôt les suffrages du public. Commanditaires et producteurs du spectacle, Rolf de Maré (1888-1964) et André Daven (1899-1981), respectivement directeur et directeur artistique du théâtre, confièrent la création de l’affiche à Paul Colin (1892-1985), jeune peintre, affichiste et décorateur avec lequel ils collaborent seulement depuis quelques mois. Comme le spectacle, l’affiche elle-même, par sa caricature joyeuse et pleine de vitalité, ses formes synthétiques et son rythme heurté de trois couleurs, connue un véritable succès auprès des défenseurs de la modernité. Joséphine Baker et Paul Colin, grâce à leurs talents et à l’enthousiasme suscité par « La Revue Nègre » allaient lancer simultanément leurs carrières et nouer une longue amitié.

Jules Isnard, dit Dransy, « Visitate l’Esposizione Coloniale Internazionale », 1931
Établissements Vercasson 6 rue Martel Paris, imprimeur. Lithographie. Paris, Musée des Arts Décoratifs, inv.996.55.15. Achat grâce au mécénat de Michel et Hélène David-Weill, 1996.
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

De ses débuts au Théâtre des Champs-Éysées à l’aube des années 1930, profitant du sentiment de liberté que lui offre le Paris des Années Folles, loin des tensions raciales de la société nord-américaine, Joséphine Baker a largement conquis son public. Le corps de l’artiste, par sa beauté moderne, mais aussi son exotisme, devient iconique. C’est ainsi que l’affichiste suisse Jules Isnard dit Dransy (1883-1943), la représente, dans un geste d’équilibriste, dévoilant les richesses monumentales des colonies françaises. À l’issue d’un concours, cette seconde affiche fut commandée par le Commissariat de l’Indochine pour l’exposition coloniale de 1931 et la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon à la Méditerranée comme campagne de communication pour le rayonnement de l’exposition. Destinée à une large diffusion, elle fut imprimée en français, en allemand, en italien et en polonais.

Dans les années 1970, Janet Flanner, chroniqueuse à Paris pour The New Yoker et témoin des premiers succès de Joséphine Baker, écrira que « le magnifique corps de Joséphine allait constituer un nouveau canon de beauté pour les français et, pour la première fois, il était démontré qu’un Noir était beau ».

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