Jean-Démosthène Dugourc (1740-1825), dessinateur-ornemaniste ; Louis-Simon Boizot (1743-1809), sculpteur ; Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), bronzier ; Robert Robin (1742-1799), horloger, Pendule « Vestales portant sur un brancard l’autel du feu sacré », Paris, 1788

Jean-Démosthène Dugourc (1740-1825), dessinateur-ornemaniste ; Louis-Simon Boizot (1743-1809), sculpteur ; Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), bronzier ; Robert Robin (1742-1799), horloger, Pendule « Vestales portant sur un brancard l’autel du feu sacré », Paris, 1788

Bronze doré et bronze patiné en noir, plaque en porcelaine de Sèvres, biscuit, marbre brocatelle et bleu turquin
H. 50,5 ; l. 65 ; pr. 18 cm
Dépôt du ministère de l’Intérieur, 1907
Inv. MIN INT. ss n°(2)
© Les Arts Décoratifs

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Vêtues à l’antique de tuniques inspirées du chiton grec, deux vestales transportent sur un brancard un autel en porcelaine où brûle le feu sacré ; au pied de celui-ci sont posées une buire et une coupe à offrandes en bronze doré. Sur la base de marbre, soutenue par quatre lionnes, une plaque de porcelaine, décorée dans le goût pompéien de rinceaux et de grotesques polychromes, est flanquée de deux médaillons représentant Uranie, muse de l’Astronomie, et Clio, muse de l’Histoire. Réalisés à la Manufacture de Sèvres, ces médaillons s’inspirent des créations de Wedgwood, manufacture anglaise qui s’était fait une spécialité d’objets en grès fin de couleur, dans le goût antique. La vestale, jeune prêtresse vouée au culte de Vesta, déesse du foyer, était chargée d’entretenir la flamme. L’utilisation de cette figure à des fins décoratives est révélatrice de la nouvelle vision de l’Antiquité, plus sévère, qui s’impose à la fin du XVIIIe siècle, où le feu sacré est associé à la vertu et la vestale au dévouement à la patrie. Cette pendule fut livrée en 1788 à la reine Marie-Antoinette et figura dans la salle de bains de son appartement, au château des Tuileries. Le dessin des bronzes ainsi que la composition de l’ensemble reviennent à Jean-Démosthène Dugourc, dessinateur du garde-meuble de la Couronne à partir de 1782. Le thème des vestales en marche lui a sans doute été inspiré par une gravure d’Hubert Robert, tirée du Recueil des Griffonis, publié en 1771-1773. Le sculpteur Louis-Simon Boizot en a probablement dessiné le modèle et le bronzier Pierre-Philippe Thomire fut chargé de leur exécution. Le modèle connut un grand succès jusqu’au milieu du XIXe siècle. À ce jour, seize exemplaires sont connus qui présentent des variantes dans le choix des matériaux : plaque de bronze doré ou de porcelaine, autel en porcelaine ou en bronze, figures de vestales en bronze patiné ou doré. À la même période, la garniture de cheminée de vases en porcelaine est remplacée par des bronzes, généralement une pendule flanquée de candélabres. La vogue des pendules à sujet allégorique entraîna une diminution de la taille du cadran, habilement placé ici dans les plis de la draperie qui couvre le brancard. Ne peut-on voir également ici une belle allégorie de la fuite du temps, symbolisée par ces vestales au pas pressé ?

S. M. Pierre Verlet, Les Bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard éditeur, 1987, p. 326-327, repr. p. 326.
Christian Baulez, « Les bronziers Gouthière, Thomire et Rémond » dans Louis-Simon Boizot, 1743-1809, sculpteur du roi..., Versailles, musée Lambinet, Paris, Somogy, 2001, p. 274-301.

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