Frise du château de Vélez Blanco : « La naissance d’Hercule », Espagne, vers 1510-1520

Frise du château de Vélez Blanco : « La naissance d’Hercule », Espagne, vers 1510-1520

Pin sylvestre sculpté
H. 90 ; L. 600 ; pr. 10 cm
Legs Émile Peyre, 1905
Inv. PE 1812 A
© Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

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Pendant l’été 1992, à l’occasion de travaux effectués dans les sous-sols du Musée des Arts Décoratifs, dix frises sculptées ont été découvertes dans un renfoncement où elles avaient été soigneusement entreposées puis oubliées, sans doute depuis l’année même de leur arrivée au musée, en 1904. Six d’entre elles représentent les Triomphes de César d’après la série de tableaux peints par Mantegna pour François de Gonzague vers 1485-1494 (Hampton Court) et les quatre autres, les Travaux d’Hercule. Après de longues recherches, il a été mis en évidence que ces reliefs monumentaux avaient été achetés à un antiquaire de Valence par Émile Peyre, collectionneur et décorateur en vogue sous le Second Empire, et qu’ils proviennent du château de Vélez Blanco, près d’Almeria, une forteresse maure au cœur de l’Andalousie. Ce château appartenait à Pedro Fajardo y Chacón et à son épouse Dona Mencía de la Cueva, dont les armoiries scandent chaque scène des frises dédiées aux travaux d’Hercule. La première frise commence par la naissance du héros en présence de trois femmes : Alcmène, sa mère, effrayée à la vue de son fils se battant contre les serpents envoyés par Héra ; Galanthis, sa servante, et Lucine, la déesse de la Lumière et de la Naissance. Viennent ensuite l’épisode du lion de Némée, à qui Hercule arrache la mâchoire, puis le combat d’Hercule et Cacus qui se réfère à l’histoire légendaire de la fondation de Rome. Constitué de deux longues planches jointives de pin sylvestre, chaque relief mesure de 5 à 6 mètres de long pour une hauteur totale de 80 centimètres environ. Leur épaisseur maximum est de 10 centimètres. Lors de leur fabrication, les planches ont été juxtaposées chant contre chant, à plat, puis sculptées. L’ensemble est taillé dans la masse sans aucune pièce rapportée. Très fragiles, les planches sont aujourd’hui dans un état partiellement lacunaire et sept d’entre elles ont fait l’objet d’une restauration fondamentale. Le nom du sculpteur ou de l’atelier, auteur de ces bas-reliefs, nous est aujourd’hui encore inconnu bien que leur style se situe dans la mouvance de Rodrigo Alemán. Les gravures ayant servi de modèle ont été réalisées par Jacopo da Strasbourg, pour les Triomphes de César, et par Zoan Andrea Vavassori, pour les Travaux d’Hercule ; ces deux graveurs travaillaient vers 1500 à Venise. Les gravures nous donnent non seulement la progression des scènes des six bas-reliefs tels qu’ils se présentaient sur les murs du château, mais permettent également de restituer les parties manquantes.

M. B.

Monique Blanc, « Les frises oubliées de Vélez Blanco », Revue de l’Art, n° 116, 1997-2, p. 9-16
Monique Blanc, Les Frises oubliées de Vélez Blanco, catalogue d’exposition, Paris, Musée des Arts Décoratifs, Paris, Union centrale des arts décoratifs, 1999.

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