François-Thomas Germain (1726-1791), Aiguière et son bassin, Paris, 1756-1758
Argent
Inscription au revers de l’aiguière : FAIT PAR F. T . GERMAIN SCULPTr ORF DU ROY AUX GALERIES DU LOUVRE A PARIS 1758 et numéro 64.
Aiguière : H. 27,5 ; l. 12 ; pr. 17,8 cm ;
bassin : H. 7,8 ; L. 40,4 ; l. 28,7 cm
Legs Sylvie Burat, née Sluys, 1930
Inv. 26873
© Les Arts Décoratifs / photo : Laurent Sully Jaulmes
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Le 1er novembre 1755, un terrible tremblement de terre dévastait Lisbonne et ensevelissait la majeure partie de l’orfèvrerie royale que le roi Jean V avait commandée à l’orfèvre parisien le plus réputé de son temps, Thomas Germain. Aussi est-ce tout naturellement à son fils, François-Thomas Germain, que son successeur, Joseph Ier, commanda dès juin 1756 quatre nouveaux services et des nécessaires de toilette ; huit ans plus tard un service d’or fut également commandé. François-Thomas Germain avait pris la succession de son père en 1748 et avait donné à son atelier l’ampleur d’une véritable entreprise d’esprit pré-industriel. Pas moins de quarante ouvriers travaillaient suivant ses modèles dans un atelier comportant cinq forges et dix-sept établis. L’orfèvrerie du roi de Portugal fut la plus grosse commande d’une cour étrangère jamais reçue par Germain. Les livraisons s’échelonnèrent de novembre 1757 à mai 1765 ; elles furent acheminées dans vingt-cinq caisses, embarquées sur des vaisseaux portugais amarrés au port du Havre. Quatre aiguières et leurs bassins destinés « au lavage des mains » figuraient dans la commande. Le numéro 64 inscrit sur l’aiguière correspond à un numéro de série que l’orfèvre avait obligation de graver sur les pièces, afin qu’elles puissent être enregistrées au fur et à mesure de leur arrivée à Lisbonne et que les différents services ne soient pas mélangés. Malgré ces précautions, aujourd’hui le seul ensemble complet est celui du Musée des Arts Décoratifs, alors que les aiguières conservées au Museu Nacional de Arte Antigua à Lisbonne ont perdu leurs bassins. Par son ornementation qui évoque le thème de l’eau, François-Thomas Germain a renouvelé la forme habituelle de l’aiguière « en casque » en vogue depuis la fin du XVIIe siècle, lui donnant un profil plus élancé, souligné par un fond de canaux moulurés. Des roseaux se déploient avec souplesse pour former l’anse et entourer délicatement le col de l’aiguière, alors que des cygnes nageant parmi les roseaux figurent dans les cartouches qui ornent le bassin. Germain a créé une pièce qui allie la fluidité des formes rocaille à une rigueur et une élégance annonciatrices du néo-classicisme.
B. R.
Gérard Mabille, Orfèvrerie française des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, catalogue raisonné des collections du Musée des Arts Décoratifs et du Musée Nissim de Camondo, Paris, Union centrale des arts décoratifs-Flammarion, 1984, n°109, p. 78-79.
Christine Perrin, François-Thomas Germain, orfèvre du roi, Saint-Rémy-en-L’Eau, Éditions Monelle Hayot, 1993, repr. p. 115.