Fauteuil, Paris, vers 1720

Hêtre sculpté et doré
H. 112 ; l. 76 ; pr. 63 cm
Don Rodolphe Kahn, 1888
Inv. 4563
© Les Arts Décoratifs

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Sculpté de joncs autour desquels s’enroulent des feuilles d’acanthe interrompues par des coquilles, le bâti de ce fauteuil illustre la part importante prise par le sculpteur dans l’élaboration du siège, en étroite collaboration avec le menuisier en siège et le doreur, au sein du système hautement réglementé des corporations parisiennes. Le style Régence, qui s’étend entre 1700 et 1735 environ, est marqué par une évolution des formes qui découle d’un allègement de l’étiquette et d’un nouvel art de vivre. Les lignes droites, de rigueur au XVIIe siècle, disparaissent progressivement au profit de lignes assouplies. Créant une silhouette toute en courbes, les pieds se cambrent en crosse, le piètement est allégé par la suppression de l’entretoise, le dossier, tout en restant plat, adopte un profil violoné et les accotoirs sont cintrés. Sa structure n’est plus entièrement gainée de tissu et ses montants comme le piètement sont à leur tour sculptés avec soin. Alors que la mode impose les robes à paniers, la longueur des accotoirs est réduite et les consoles qui les supportent sont reculées. En outre, ce fauteuil présente une autre innovation apparue à l’époque : sa garniture peut être changée selon les goûts ou les saisons, des châssis amovibles permettant de transformer le mobilier d’hiver en mobilier d’été. Soit plusieurs châssis, couverts chacun d’un tissu différent, sont associés au même siège, soit seule la couverture est changée grâce à un système de housses fixées à l’aide d’œillets. Ce fauteuil adopte la première solution pour l’assise et le dossier ; en revanche, le tissu qui recouvre ses manchettes est maintenu par des lacets qui sont enfilés dans des trous pratiqués sous les accotoirs. Mais c’est la seconde solution dont Jacques-François Blondel vante les mérites à l’article « Meuble » dans son Architecture française, publiée à Paris en 1752-1756 : « On a poussé encore l’industrie jusqu’au point de pouvoir changer d’étoffes les fauteuils, les canapés, etc., de même que les tapisseries, par le secours de faux fonds et de faux dossiers qui se démontent avec des vis, ou sont attachés par des tourniquets de manière qu’il n’y a qu’à appliquer les étoffes selon la diversité des saisons, sans que les fonds occupent le garde-meuble. »

S. M. Bill Pallot, L’Art du siège au XVIIIe siècle, Paris, ACR-Gismondi Éditeurs, 1996, p. 110, repr. p. 111.

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