Fabrique Gaspard Robert, Terrine, Marseille, vers 1765-1770

Fabrique Gaspard Robert, Terrine, Marseille, vers 1765-1770

Faïence stannifère, émaux de petit feu
H. 30,5 ; L. 38,3 ; l. 27,5 cm
Don Félix Doistau, 1922
Inv. 22986
© Les Arts Décoratifs

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Apparenté à la famille Clérissy, fondatrice de la première faïencerie marseillaise au faubourg de Saint-Jean-du-Désert, Gaspard Robert (v. 1722- 1799) créa son propre établissement en 1753 et donna rapidement un grand développement à ses ateliers qui comptèrent jusqu’à vingt-huit apprentis. De sa production abondante se dégagent des pièces peintes au petit feu en camaïeu de bistre, vert et pourpre, qui firent la réputation de sa faïencerie et de son nom.

Cette terrine, comme son pendant portant le nom de Gaspard Robert, conservé au musée national de Céramique à Sèvres, est sortie de ses ateliers à l’époque de leur plein épanouissement. Véritable prouesse technique, la forme conchoïdale est plus propre aux possibilités du métal et n’a d’égale que celle des terrines faites pour le duc de Kinsgton d’après des modèles de Meissonnier en 1735, dont elle s’inspire. Toutefois, se démarquant de son prestigieux modèle parisien connu par l’estampe, le modeleur a dressé le récipient sur quatre petits pieds, donnant à l’ensemble l’aspect déroutant d’un quadrupède !

Typique du rocaille épanoui, au centre des recherches formelles des faïenciers marseillais, ce modèle de terrine fut également produit, avec quelques variantes, par la manufacture de la Veuve Perrin, dont il porte alors le décor sur fond jaune caractéristique, à l’exemple de celle conservée au musée du Louvre. Comme souvent à Marseille, l’aspect faussement naturaliste de la forme est contredit par le décor peint, qui n’est pas traité en trompe l’œil mais juxtapose des compositions ornementales. Elles sont ici brossées en camaïeu de petit feu vert et bistre, à reflets jaunâtres, caractéristique de l’atelier de Robert, et très différent du vert vif que pratiquait à la même époque la fabrique concurrente d’Honoré Savy et dont le secret était jalousement gardé. Sur le couvercle, des trophées de chasse reposant sur des tertres herbus mêlent gibecière, lièvres, bécasses, canards et autre gibier céleste, alors que le récipient est pourvu d’un décor dit à hampes , à motif de bouquets. La prise est formée d’animaux en ronde bosse, moule et praire, grondin et rouget, évocateurs de la gastronomie marseillaise.

Cette terrine de prestige, vraisemblablement présentée sur un plateau, devait être associée à d’autres pièces de service dont elle constituait l’élément principal : pots à oille circulaires, de forme plus assagie, saucières également en conques, moutardiers, rafraîchissoirs, légumiers, plats et assiettes…

B. R.

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