Avec ce « concours spécial pour
la décoration du cabinet d’un amateur
d’objets d’art moderne », l’Ucad cherchait
alors à « doter notre siècle d’un style ».
Les douze projets reçus furent exposés
de façon anonyme au palais de l’Industrie
en juin 1895. Les deux projets primés
ont été conservés au musée, mais leur
histoire s’était perdue et ils étaient tombés
dans l’anonymat. La redécouverte de ces
grandes feuilles exécutées par Georges
Rémon, Eugène Morand et Alexandre
Sandier, richement ornementées, nous
plonge dans cette époque charnière
de la fin du xixe siècle à la recherche d’un
style « nouveau » et pourtant toujours
empreint de références au passé.
Leur présentation met en lumière les
projets qui auraient dû être réalisés en lieu
et place de celui de l’architecte décorateur
Georges Hoentschel, finalement
désigné pour édifier le pavillon de l’Ucad
pour l’Exposition universelle de 1900.
Pour le concours, les dessins étaient
anonymes, mais un indice devait permettre
d’identifier les candidats une fois le choix
du jury effectué. L’Ucad décerne le premier
prix au projet nommé Pro Arte de Georges
Rémon (1855-1931) et Eugène Morand
(1853-1930). Elle attribue également une
première prime à Alexandre Sandier (1843-
1916) pour son projet symbolisé par une
marguerite d’or, apposée sur le montage
des dessins. Élève et neveu du dessinateur
et architecte Eugène Prignot, Georges
Rémon publie de nombreux recueils
de décoration d’intérieur. Artiste
protéiforme, plus connu dans le milieu
du théâtre, Eugène Morand entre, quant
à lui, à l’École des arts décoratifs en 1908
en tant que professeur de peinture
décorative et en devient le directeur
de 1910 à 1926. Alexandre Sandier,
enfin, est d’abord employé par la maison
d’ébénisterie Krieger comme architecte
décorateur avant de devenir le directeur
des travaux d’art à la manufacture
de Sèvres de 1897 à 1916.