Dirck Crabeth (connu v. 1520-1574) et son atelier Leyde (Hollande), vitrail "Scènes bibliques : La prise de l’arche d’Alliance », Leyde (Hollande), 1543

Dirck Crabeth (connu v. 1520-1574) et son atelier Leyde (Hollande), vitrail "Scènes bibliques : La prise de l’arche d’Alliance », Leyde (Hollande), 1543

Grisaille, jaune d’argent, verre, plomb
Inscription sur le vitrail : 1543
H. 109,5 ; l. 64,8 cm
Legs Andrée Sablé provenant de la collection de son père, Georges Néret, 1979
Inv. 46517 B
© Les Arts Décoratifs

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Cet ensemble de vitrerie civile, donné au Musée des Arts Décoratifs par la fille du maître verrier Georges Néret, est un des rares témoignages de fenêtre « à croisée » qui soit parvenu jusqu’à nous, avant la création de la fenêtre moderne. Deux séries de dessins, exécutés par le peintre Gerardus Bos en 1846, montrent ces panneaux, datés de 1543, installés dans le vestibule de la maison de l’ancienne académie de peinture et de dessin Pax Huic Domui, à Leyde, avant leur démontage et leur dispersion vers les plus prestigieuses collections d’art médiéval du XIXe siècle, celles du prince Soltykoff et du baron Seillière. À l’imposte, des blasons comportant une monture en chef d’œuvre surmontent des sujets inspirés de l’art religieux. L’ensemble est inscrit dans un encadrement architecturé à fronton triangulaire dans la partie supérieure et à arcades dans la partie inférieure, partie ouvrante du châssis, dont certains bois sculptés existent toujours (Leyde, musée Lakenal). Pour saisir l’illusionnisme subtil de la structure, il faut lire les fenêtres dans la globalité des quatre panneaux rassemblés. Par ailleurs, un rythme horizontal est donné par les différentes frises d’acanthes, de putti, de vases et de combats de cavaliers. Le vocabulaire décoratif est issu des modèles italiens répandus depuis le début du XVIe siècle dans les pays du Nord. Huit scènes historiées nous sont parvenues sur les douze connues. Elles sont peintes sur des panneaux rectangulaires apparentés à la famille des « rondels », fabrication relevant d’une véritable industrie. Le verre d’argent peint à la grisaille est coloré, sur la face externe, par du jaune d’argent, mélange de sel d’argent et d’ocre. Les verrières mettent en parallèle, dans la partie supérieure, l’histoire de Samuel ( La Présentation au temple, La Prise de l’arche d’alliance, Le Banquet, L’Onction) et, au-dessous, les Actes des apôtres (L’Apôtre Paul devant les magistrats à Philippes, La Cécité d’Elymas, La Prédication de Paul, Paul introduit par Barnabé au milieu des apôtres). Le choix iconographique laisse à penser que la commande était en rapport avec les idées de la pré-Réforme en Hollande. Un dessin de Dirck Crabeth (Leyde, Cabinet des dessins) a servi de modèle pour le panneau représentant La Prise de l’arche d’alliance. Les barres et les armes autour du personnage central renforcent la violence de la scène et rappellent le Quattrocento, tandis que les corps, dont l’anatomie est soulignée par les draperies mouillées, montrent que le peintre-verrier emprunte aux sources romanistes, véhiculées par les gravures de l’école de Fontainebleau. La grisaille est posée en traits précis rehaussés de lavis pour modeler les visages. Dans les chevelures et les barbes, les enlevés à l’aiguille font songer à la miniature. Le vitrail civil oblige par sa fonction à accorder au verre incolore une place importante. Ces panneaux confirment le remarquable travail de Dirck Crabeth, artiste mentionné pour la fabrication des verrières de l’église Saint-Jean de Gouda en 1540.

C. B. Chantal Bouchon, « Les panneaux de Leyde de 1543 », Dossier de la Commission royale des monuments, sites et fouilles, n°3, 1996, p. 123-129.

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