Mercredi 5 février à 18h30, Chaussures de sport : la technique au service de la performance
Si dans l’Antiquité les athlètes pratiquaient les activités physiques en étant souvent nus et sans chaussures, cet accessoire s’est par la suite généralisé. Au Moyen Âge comme à l’époque moderne, on conserve ses chaussures de la vie quotidienne lors des pratiques sportives. La première révolution technique réside en grande partie dans l’utilisation de caoutchouc pour la fabrication des semelles, essentiellement dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ce matériau aurait été expérimenté aux États-Unis pour les semelles des chaussures de croquet, qui sont désignées par le terme de sneakers vers 1875. Dans les années 1890, le caoutchouc trouve toute sa place dans la réalisation des semelles des chaussures de tennis. Elles ont l’avantage de rendre les chaussures plus légères et surtout moins glissantes qu’une semelle en cuir. Mais comment cette petite chaussure de toile et de caoutchouc s’est-elle transformée afin de contribuer aux performances sportives des athlètes ? Des réflexions des équipementiers sportifs naissent des procédés techniques tels que les crampons à vis amovibles, les coques de protection de doigts de pieds, les semelles à ventouses, les semelles en forme de gaufres, les coussins d’airs et bien d’autres…Le confort qu’offrent ces accessoires dédiés au sport est tel qu’ils sont adoptés dans
la rue pour la marche quotidienne, jusqu’à en devenir aujourd’hui de véritables objets de mode. Avec Hélène Renaudin, assistante de conservation pour les collections Mode et Textile antérieures à 1800 au Musée des Arts Décoratifs.
Mercredi 29 janvier à 18h30, Lotus d’or et pied mignon. Cultes du petit pied en Chine et en Occident
Du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, plusieurs chroniqueurs ont comparé les délicats souliers portés essentiellement par les femmes occidentales avec les petits chaussons de soie brodée que les Chinoises utilisaient pour couvrir leurs pieds à l’anatomie si modifiée par de longues années de bandage. Certes, si l’on juxtapose le chausson d’un « lotus d’or » – une des appellations données aux petits pieds chinois – avec un soulier féminin, porté en Occident au XVIIIe ou au XIXe siècle, le lotus bat incontestablement les records de petitesse ; toutefois, le soulier occidental ne peut nous laisser indifférents par sa taille menue. On aura beau accuser la taille de nos ancêtres, l’hygiène alors sommaire, la médecine balbutiante ou plus généralement les conditions de vie d’autrefois, rien n’y fait : les souliers sont anormalement petits et semblent être davantage le résultat de pratiques sociales, voire de modifications corporelles que de la génétique, si bien que la comparaison entre un « lotus d’or » et un menu escarpin du XVIIIe siècle ne paraît pas si infondée. Avec Denis Bruna, conservateur en chef pour les collections Mode et Textile antérieures à 1800 au Musée des Arts Décoratifs.
Mercredi 22 janvier à 18h30, De cuir et de terre – Rencontre avec Sébastien Gouju, en dialogue avec Marc Bembekoff
En entremêlant sculpture, peinture et dessin, la pratique de Sébastien Gouju
provoque d’habiles télescopages de sens et de formes qui lui permettent de s’inscrire dans une poésie du langage, où la sémantique et l’histoire de l’art sont relues, revues et corrigées à la fois avec facétie et grand sérieux.
Présentée à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec à l’automne dernier, l’exposition collective « Le Dandy des gadoues » proposait entre autres une mise en scène contextualisée d’un ensemble d’œuvres récentes de Sébastien Gouju, à l’aune des arts décoratifs de la fin du XIXe siècle. En revenant sur cette exposition, l’artiste dialoguera avec Marc Bembekoff, directeur de La Galerie, pour mettre ses recherches artistiques en perspective avec les notions de décor et de collage, de nature et de culture populaire.
Mercredi 15 janvier à 18h30, Droit dans ses bottes : performer la marche entre pouvoir, identité et fantasme
D’abord issue de l’élite militaire, la botte est historiquement une chaussure réservée aux hommes qui symbolise l’autorité. Ne doit-on pas en effet s’inquiéter à l’approche du « bruit des bottes » ? Botter les fesses, tenir quelqu’un sous sa botte ou au contraire les lui lécher – nombreuses sont les expressions idiomatiques à invoquer les bottes pour signifier un rapport de domination sociale toute masculine. Chaque inversion du code peut, du reste, être comprise comme révélatrice d’un certain désir de reconnaissance. Ainsi les bottes, dans leurs différentes typologies, restent toujours des chaussures connotées induisant plus ou moins consciemment des démarches particulières, puisqu’il n’en existe pas de naturelle. Avec Julien Loussararian, chercheur en histoire des modes et du vêtement, chargé de cours à l’École du Louvre.
Mercredi 8 janvier à 18h30, Jean Luce : la modernité parisienne à la table du maharajah d’Indore
La présentation de certains objets de table du maharajah d’Indore à l’exposition Moderne Maharajah, un mécène des années 1930 est l’occasion d’évoquer l’effervescence artistique qui se développe à Paris dans l’entre-deux-guerres autour du service de table. C’est à Jean Luce (1895-1964), créateur d’avant-garde dans ce domaine, que le maharajah commande plusieurs services personnalisés, entre 1931 et 1937. Il s’agit de dresser des tables modernes exceptionnelles et uniques dans son palais Manik Bagh, en harmonie parfaite avec le reste du décor. Les archives du fonds Luce du musée des Arts décoratifs permettent d’étudier les choix de vaisselle du maharajah et d’entrer dans l’univers novateur du créateur français.
En proposant des formes radicalement inédites comme son service Rectangulaire et des décors conçus sur mesure et confectionnés à Paris, il a non seulement su façonner une création relevant de l’esthétique moderne mais aussi percevoir les goûts et les besoins spécifiques de ses clients qui se composent, à l’instar du maharajah, de membres de l’élite internationale. En plus de présenter les particularités des services réalisés pour le maharajah (couleur spéciale, types de vaisselle adaptés au repas anglais ou indien, etc.), sera évoqué
le réseau de diffusion commerciale qui a permis à Luce d’atteindre sa clientèle internationale.
Avec Sung Moon CHO, doctorante en histoire de l’art à Sorbonne Université.