Le Japon en couleurs. Photographies du XIXe siècle

du 8 novembre au 31 décembre 2023

À l’occasion d’une publication aux éditions Volonté d’art, le musée des Arts décoratifs présente à la bibliothèque, du 8 novembre au 31 décembre 2023, l’exposition « Le Japon en couleurs. Photographies du XIXe siècle. ». 35 photographies inédites rehaussées de couleurs issues du fonds de photographies japonaises composé de plus de 800 épreuves, illustrent une vision pittoresque du Japon. Appartenant à la vogue des « Yokohama Shashin », ces images offrent une version théâtralisée et stéréotypée du pays du Soleil Levant.

Ces photographies, produites au Japon du début des années 1860 jusqu’au tournant du XXe siècle, sont conservées dans des albums et un portfolio. Elles représentent les paysages, les monuments, mais aussi les villes anciennes ou en mutation, jusqu’aux scènes quotidiennes ou théâtralisées, peuplées de protagonistes de la culture japonaise : femmes en kimono, samouraïs, yakuzas, prêtres, porteurs de palanquins. Les shashin n’ont pas vocation à représenter les réalités du Japon au moment de la prise de vue, mais doivent confirmer l’idée que les Occidentaux, qui visitent le Japon et collectionnent ses artefacts, s’en font, projetant leur quête d’une civilisation « exotique » ancienne, malgré les modernisations réalisées sous l’ère Meiji.

Le pinceau du coloriste donne vie à la photographie grâce à la couleur des tissus, la brillance des armures, les reflets de l’eau dans les paysages. L’intemporalité recherchée est exprimée par la monumentalité des types posés sur des fonds accessoirisés ou épurés. Parmi les maîtres du genre, on trouve Felice Beato, Raimund von Stillfried et Kusakabe Kimbei, dont les ateliers dominent successivement la production. Les shashin témoignent de processus de création similaires aux arts appliqués et révèlent les phénomènes d’apprentissage, de collaboration et de reprise d’atelier remettant en cause la notion d’auteur unique.

L’exposition évoque également le système économique de ces photographies, à travers leur conditionnement - portfolio, albums de laque ou de soie, leur mode d’acquisition - achat lors d’un voyage au Japon ou dans des boutiques en France - ce qui met en lumière la façon dont elles circulent et sont diffusées.

Certaines de ces images figurent au programme des expositions universelles, avec les arts libéraux ou dans les sections anthropologiques qui présentent « Le travail et son histoire », en 1878 et 1889, par exemple. Leur réception est donc complexe, dans un contexte colonialiste, nostalgique et touristique. À la fois objets de collection, d’inspiration et de connaissance, ces photographies données ou léguées à la bibliothèque du musée des Arts décoratifs, pour servir de modèles d’inspiration, par Raymond Koechlin en 1903, par Hugues Krafft en 1914 et par Gustave Schlumberger en 1929, appartiennent à des collections plus vastes, comprenant souvent du mobilier, de la céramique, du textile et des objets de décoration que leurs propriétaires offrent parfois également au musée.

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