Légèretés manifestes. François Azambourg, designer

du 9 mars au 2 juillet 2023

Le musée des Arts décoratifs présente, du 9 mars au 2 juillet 2023, l’exposition « Légèretés manifestes » consacrée au designer François Azambourg.

Aujourd’hui reconnu comme l’une des grandes figures du design français, François Azambourg, inventeur tout autant que poète, très en prise avec les enjeux écologiques de notre temps, est dans une quête perpétuelle de légèreté, d’économie de moyens et de sobriété. Son approche créative se veut ouverte et sans contrainte. Dans un monde toujours plus avide d’objets et de produits, c’est le temps long de l’expérimentation qui nourrit ses œuvres.

Près de 200 pièces – mobilier, vases, luminaires, mobiles – issues du studio du designer, des fonds du musée mais aussi du Centre Pompidou, du Cnap, de maisons d’édition et de collections privées, invitent le visiteur dans l’univers créatif insoupçonné de François Azambourg. Il investit les espaces du deuxième étage du musée côté Tuileries dans une scénographie éco-responsable, upcyclant des matériaux in situ.

#ExpoAzambourg

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Commissaire
• Cloé PITIOT, conservatrice au département moderne et contemporain

Commissaires associés
• Louise CURTIS, assistante de conservation au département moderne et contemporain
• Joffrey PICQ, assistant de conservation au département moderne et contemporain

Présentation

Né en 1963, Francois Azambourg étudie à l’École régionale des beaux-arts de Caen puis intègre l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art – Ensaama. Il fonde ensuite son propre studio de design à Paris et multiplie depuis les collaborations avec le CIAV (Centre International d’Art Verrier), mais aussi Hermès, Ligne Roset, la Manufacture de Sèvres, Louis Vuitton, Cappellini, Poltrona Frau, la Galerie kreo… Il est lauréat du concours du musée des Arts décoratifs en 1985, de la Fondation de France en 1988, de la Fondation de la Vocation en 1993, de la Villa Médicis hors les murs en 2003, du Grand Prix du Design de la ville de Paris en 2004 et de la Villa Kujoyama en 2015.

François Azambourg, Mobile à hélices, 2012
Édition L’ATELIER d’exercices. Samba, corde à piano, aluminium, élastique en latex, galet en granit, plomb, gaine thermorétractable
© Studio L’Atelier du Vin

Ses œuvres sont présentes dans les collections publiques d’institutions prestigieuses comme le Centre Pompidou, le musée des Arts décoratifs ou le CNAP. À cette reconnaissance artistique s’ajoutent les liens étroits tissés entre le designer et le musée des Arts décoratifs qui a acquis ces dernières années des œuvres emblématiques telles que le fauteuil en bois fendu réalisé en 2015 au retour de sa résidence à la Villa Kujoyama, mais aussi des vases en verre soufflé-moulé de la série Douglas.

L’œuvre du designer, pléthorique, rayonne et se disperse dans tous les champs du design.

François Azambourg, Lampe Inga, 1999 (date de création), 2015 (date du modèle)
Sycomore tourné, source LED
© Les Arts Décoratifs / Photo : Christophe Dellière

Dans chacun de ses projets, François Azambourg agit avec vérité. Son design interroge, interpelle. Il offre à voir au-delà de l’œuvre jusqu’à rendre lisible la structure même de l’objet. Designer de la transparence, il ne cache rien. Tout est dit. Tout est montré. Le parcours, thématique, recense l’essence même de son travail depuis les origines de ses créations jusqu’à la question industrielle, en passant par l’expression plastique, le lieu comme source d’inspiration, le rapport à l’artisanat ou encore l’expérience du vivant.

Le monde de l’enfance et l’imaginaire introduisent ce parcours. Le visiteur y découvre à travers les premières créations du designer, son attrait pour les avions, les oiseaux, le monde du vivant ou encore la technique. Il développe déjà, sans le savoir, une méthodologie de création, un rapport à la matière qui passe par l’exploration et la manipulation. Il lit, se documente, reproduit, construit des maquettes, décortique les systèmes mécaniques. Il s’intéresse à la résistance des matériaux, à la triangulation, des notions qu’il ignore encore mais qui le fascinent déjà. Sont réunis ici croquis, dessins, maquettes et documents dévoilés comme autant de témoignages de ces mondes qu’il construit enfant. L’exposition revient sur une autre de ses passions, la musique, omniprésente. C’est pour elle qu’il consacre, dès 1985, l’une de ses premières créations : un saxophone allégé. Grâce à un nouveau bec, un mécanisme original de tringlerie inspiré du monde de l’aviation, il révolutionne l’ergonomie de l’instrument et ainsi la mobilité du musicien.

François Azambourg, Second prototype de recherche de chaise Very Nice, version soie, création 2003, refabrication pour l’exposition en 2022
Structure en contreplaqué de bouleau 9 mm, découpé au jet d’eau et collé, renfort en sapin et balsa, vernis cellulosique, entoilage soie
© Les Arts Décoratifs / Photo : Charlaine Croguennec / Hom project

La suite du parcours s’intéresse aux expérimentations et aux techniques inédites, propres au designer : structures légères et triangulées, « sandwiches » souples. Sont exposées des pièces de mobilier devenues iconiques comme la chaise Very Nice (2001) en balsa qui ne pèse pas plus de 700 g. Le matériau est ici travaillé comme une architecture d’aile d’avion, à partir de structures triangulaires, recouvertes de film polyester.

L’exposition révèle, dans un autre projet, son travail sur l’association et la combinaison des matériaux. Chaises, tables, fauteuils, mais aussi bagagerie pour Hermès sont composés de ce que le designer nomme un « sandwich souple », soit une mousse molle prise en étau entre deux éléments de bois ou de cuir. Les objets et les pièces de mobilier se déploient alors tout en souplesse.

Du prototype aux tentatives avortées jusqu’au résultat final, c’est tout le processus de création qui est ici dévoilé. Il aboutit d’ailleurs souvent à ce qu’il nomme des « loupés », des « ratés », qui deviennent finalement source d’inspiration pour retravailler la matière, l’alléger plus encore, la révéler enfin.

François Azambourg, La Chaise de Monsieur Bugatti, version bleue, 2006
Prototype. Structure en feuille de métal froissé, soudé et laqué bleu, garni de mousse polyuréthane
© Les Arts Décoratifs / Photo : Charlaine Croguennec / Hom project

François Azambourg ne cesse de s’interroger sur la flexibilité de l’industrie. Produites sans moules ou en corps creux, ses créations s’émancipent des techniques traditionnelles telle la chaise en textile Pack (1998), gonflée de mousse polyuréthane. Lieu de réflexion, le design lui permet d’explorer le monde, de développer de nouveaux champs opératoires. L’artisanat devient pour lui un laboratoire de l’industrie. En 2006, il se confronte à la tôle et imagine un nouveau patron, de métal cette fois-ci, qu’il gonfle de mousse. Trop expansée, celle-ci envahit tout le vide faisant craquer les soudures et froisser l’acier. Ainsi naît la chaise Bugatti, d’un autre « loupé », qui sera déclinée dans toutes les couleurs des grandes marques de voitures de course italiennes.

Froissage, pliage, le designer aime contraindre la matière. Dans la lignée de Serge Mouille et de ses formes en métal déployé, il conçoit, dès 2008, des sièges en grillage. À l’instar des origamis, en choisissant de travailler le grillage par pliage, il en réinvente l’expression plastique.

Le parcours se poursuit avec la relation que François Azambourg noue avec le lieu de création. C’est précisément le cas lorsqu’il réalise le vase Douglas avec le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal situé dans les Vosges. Soufflé dans un moule conçu en bois de Douglas, le vase prend la marque du veinage de celui-ci, exprimant alors l’empreinte même de la nature environnante.

François Azambourg, Vase Douglas 153, 2020
Édition du CIAV (Centre International d’Art Verrier, Meisenthal). Verre soufflé et moulé. Paris, musée des Arts décoratifs. Achat grâce au mécénat des Amis des Arts Décoratifs et Olivier Gabet, 2020
© Les Arts Décoratifs / Photo : Christophe Dellière

Les vases sont semblables mais tous uniques, portant la trace du vivant, le caractère du génie du lieu. Quand, en 2015, il s’envole pour le Japon et s’installe en résidence à la Villa Kujoyama, il s’empare du même esprit du lieu et cherche, comme à Meisenthal, à sonder le langage du bois. Il s’intéresse aux rebus de fabrication, les copeaux de bois, qui deviennent sa matière de prédilection. Par tissage, tressage, collage, il compose des objets d’une légèreté absolue et ses créations l’amènent à une nouvelle réflexion sur le bois : le bois fendu.

L’exposition explore également les liens étroits qu’il entretient avec le monde du vivant, source infinie d’inspiration. Il observe la vie des termites et des abeilles comme celle des machines. Il est l’un des pionniers dans ce domaine lorsqu’il utilise, dès le début des années 2000, le potentiel du nid d’abeilles (2005). Le musée des Arts décoratifs, qui conserve et expose l’une des plus riches et plus anciennes collections de design en France, est heureux de présenter au public cette monographie d’envergure consacrée à François Azambourg.

Thèmes

Introduction

Explorant depuis plus de trente ans le concept de légèreté, François Azambourg joue de procédés de fabrication insolites et parie sur de nouvelles mises en forme de matériaux. Dans ses projets, le déchet n’existe plus, chaque élément a ses vertus, aucun n’est un rebut. Inventeur tout autant que poète, il exprime à travers ses œuvres une simplicité et une joie de vivre, mais aussi une détermination et une rigueur qui font de son design un monde à part.

Portrait de François Azambourg dans l’exposition
© Les Arts Décoratifs / Photo : Christophe Dellière

Ne laisser que des traces légères, à travers une esthétique simple et épurée, tel est depuis ses débuts le cheminement de François Azambourg. Cette exposition a été pensée et conçue dans la continuité des recherches sur la légèreté du designer. Afin d’en réduire l’impact écologique, une réflexion a été menée sur le processus de production d’un tel événement. Pour cela, François Azambourg, en concertation avec les commissaires, s’est appliqué à inventer une scénographie à faible coût environnemental.

L’émergence des idées

François Azambourg, Recherche autour du Saxophone, 1986-1995
© Les Arts Décoratifs / Photo : Christophe Dellière

Les œuvres de François Azambourg n’atteindraient pas une telle légèreté s’il ne puisait pas régulièrement dans son âme d’enfant. Comme une ritournelle, il y revient sans cesse, construisant, comme à l’époque, des univers imaginaires. Mais si le monde de l’enfance tient une place substantielle dans sa démarche créative, l’aviation, la peinture, la sculpture et la musique le transportent elles aussi sur les chemins de l’exploration.

Créer léger

François Azambourg, Chauffeuse et repose-pieds (prototypes), 1998
Contreplaqué de bouleau et mousse de caoutchouc naturel. Paris, musée des Arts décoratifs. Don VIA, 2017
© Les Arts Décoratifs / Photo : Christophe Dellière

Vides et pleins sont des thèmes récurrents dans le design de François Azambourg. Leur équilibre lui permet d’atteindre sobriété et légèreté. Mais comment alléger objets et pièces de mobilier tout en leur assurant souplesse et résistance ? Le designer aime les équations impossibles et y répondre par des propositions insolites. C’est ainsi qu’il développe ses « structures légères », inspirées de l’architecture des ailes d’avion comme dans sa chaise Very Nice.

Interroger les procédés

François Azambourg. Chaise Pack « loupée ». Automne 1999
Appel permanent du VIA 2000. 3e prototype de recherche. Tissu polyester, mousse polyuréthane
© Les Arts Décoratifs / Photo : Charlaine Croguennec / Hom project

François Azambourg aime interroger et réinventer les procédés industriels. Quand la fabrication en série nécessite traditionnellement un moule pour la réalisation d’une chaise, il se demande instantanément comment la créer sans. Du prototype aux tentatives avortées jusqu’au résultat final, c’est tout le processus de création qu’il questionne. Lorsqu’il travaille sur la chaise en textile Pack, gonflée de mousse polyuréthane, il passe par ce qu’il nomme des « loupés » qui deviennent finalement source d’inspiration pour retravailler la matière et l’alléger plus encore.

La surface comme paysage

Quand François Azambourg se confronte à la tôle, il imagine un nouveau patron, de métal cette fois-ci et non plus de textile. Le premier prototype est conçu à partir d’acier soudé à l’étain et gonflé de mousse. Mais celle-ci, trop expansée, envahit tout le vide et soumet le matériau, trop fin, à des forces inadaptées. Les soudures craquent, la matière se froisse. Ainsi naît la chaise Bugatti. La tôle, déformée mais d’autant plus rigide, compose un nouveau paysage. La surface de la chaise devient succession de lignes d’horizons, de collines et de vallons.

Le lieu comme inspiration

François Azambourg, Vase Douglas et son moule, 2017
Verre soufflé et bois Douglas. Paris, musée des Arts décoratifs. Achat CIAV grâce au mécénat des Amis des Arts Décoratifs, 2017
© Les Arts Décoratifs / Photo : Christophe Dellière

En créant, en 2007, le vase Douglas pour le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, François Azambourg travaille avec l’âme du lieu, les Vosges, et l’une de ses essences, le pin de Douglas. Le vase, soufflé dans un moule fait de ce bois, prend la marque du veinage de celui-ci, exprimant alors l’empreinte-même de la nature environnante. Le verre en fusion vient consumer les parois du moule, offrant pour le prochain vase un intérieur à la mémoire du précédent. Et ainsi de suite, de l’unique surgit le multiple, mais un multiple différencié par la combustion progressive du moule.

Le futur artisanal

François Azambourg, Échantillons et objets en bois fendu et copeaux de bois, 2015
Résidence à la Villa Kujoyama
© Studio François Azambourg

En 2015, le designer en résidence à la Villa Kujoyama, au Japon, s’empare du même esprit du lieu qu’à Meisenthal. Après une visite dans un atelier de charpentiers à Kyoto, il s’intéresse aux rebuts de fabrication. Les copeaux de bois deviennent sa matière de prédilection, associant conscience environnementale et légèreté. Par le biais du tissage, du tressage, du collage, il donne une résistance maximale à un matériau d’une extrême fragilité. En revisitant des modes d’assemblage, il arrive à une nouvelle réflexion sur le bois fendu, qui n’implique finalement aucun déchet.

Conversation avec François Azambourg : « L’émergence des idées »

© Film directed by Quentin Keiser 2023

L’album

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