17 silhouettes de création haute couture essentiellement griffées Pierre Balmain

Madame Christine de Plas a fait don 17 silhouettes des créations couture essentiellement griffées Pierre Balmain, dont la robe du soir « Récital » provenant de la garde-robe de sa mère née Monique Saint (1916-2007), duchesse Caracciolo di San Vito par son mariage avec Don Roberto en 1959. Amie et cliente de Pierre Balmain, elle a réuni un ensemble de créations des années 1960-1970 dont certaines sont parues dans la presse et présentent une valeur iconique certaine. Elles permettent d’illustrer avantageusement la créativité du couturier français dont le musée conserve environ 80 silhouettes griffées en plus des accessoires, patrons et échantillons de broderies.

Don du studio graphique Bureau Collective

Fondé en 2009 à Saint-Gall en Suisse par les designers graphiques Ollie Schaich et Ruedi Zürcher, qui partagent tous deux le goût de la typographie et la pratique de la lithographie, Bureau Collective est un studio de création pluridisciplinaire qui travaille dans le champ de la communication culturelle mais également pour le secteur privé commercial. Avec quelque cinquante affiches et projets éditoriaux donnés au département Design graphique et Publicité, Bureau Collective illustre de façon éloquente la créativité de la scène contemporaine helvétique et rejoint ainsi l’important fonds consacré à l’Ecole Suisse conservé au musée des Arts décoratifs.

Régulièrement sélectionné par l’association 100 Beste Plakate pour son prestigieux palmarès annuel, le travail de Bureau Collective occupe pour la première fois le devant de la scène en 2012 avec les affiches de saison du Theater St. Gallen. En 2012, les graphistes réalisent l’identité de la saison (affiches, annonces, programmes, livrets) suivant une grille stricte, épurée, fonctionnelle et facilement déclinable. Outre l’économie de moyen qui confère au support son efficacité graphique, l’esthétique générale conserve sa force grâce aux contrastes entre le blanc des fonds, l’encre noir de la typographie et les couleurs vives des sérigraphies, différentes pour chaque nouvelle composition.

En 2015, Bureau Collective crée l’identité graphique de l’exposition Furor Floralis présentée au musée du Textile de Saint-Gall, identité avec laquelle les graphistes parviennent à offrir un regard contemporain et amusée sur le propos d’une exposition classique. Cette même année, le studio réalise les deux affiches les plus emblématiques de sa production. Dans le cadre de l’édition 2015 du Weltformat Graphic Design Festival (Lucerne), festival dont l’objectif est de rendre à l’affiche suisse sa place particulière dans l’histoire du design graphique, Bureau Collective compose deux affiches pour la région d’Andermatt, village et station de sport d’hiver du sud de la confédération, réinterprétant les canons classiques de l’affiche touristique telle qu’elle connut son heure de gloire à la Belle époque. Les affiches du musée du Textile de Saint Gall et celles pour Andermatt seront toutes saluées par la sélection des 100 Beste Plakate 2015.

A côté de leurs travaux pour le secteur culturel, Ollie Schaich et Ruedi Zürcher, toujours à l’échelle locale, s’inquiètent aussi de l’intérêt collectif. En 2014, de leur propre initiative, en s’associant avec le studio Kasper-Florio et les graphistes Nadine Schwery et Dominic Rechsteiner, ils conçoivent une campagne d’affichage pour défendre la création d’un lieu de culture dans l’ancien manège équestre de la ville et engager la population à voter en faveur d’un tel projet lors d’une consultation locale. Synthétisant, par un trait à l’encre noire, les caractéristiques architecturales du manège bien connu des Saint-Gallois, chaque affiche interpelle le spectateur sur l’avenir du bâtiment.

« Indépendant, adapté au client, rigoureux, simple et clair sur le plan typographique », voilà comment Ollie Schaich définit le style et la ligne de conduite du studio.

Bureau Collective trouve également une clientèle importante dans le secteur privé. C’est ainsi que le collectif développe l’identité visuelle du café-restaurant Frantz (Saint-Gall) à l’occasion de son ouverture en 2013 ou conçoit, l’année suivante, les supports de correspondances et cartes de visites en bois de plusieurs essences du charpentier Einholz (Stettfurt). En 2018, Bureau Collective imagine l’identité graphique de Silk (Saint-Gall), atelier et boutique de vêtement sur mesure dont les rangs de points et le logo, qui n’est pas imprimé sur les supports mais directement performé, rappellent que l’activité principale de l’entreprise est la couture. La même année, Ollie Schaich et Ruedi Zürcher conçoivent, selon les mêmes principes d’efficacité et de sobriété, les pochettes des albums « Timeless » du DJ suisse Manuel Moreno et « Into the light » du duo Kaltehand & Natasha Waters.

Cabinet « Good Vibrations »

Le cabinet « Good Vibrations » est ainsi intégralement sculpté, ciselé et gravé grâce à des procédés numériques et puise ses origines dans la plus stricte tradition d’ébénisterie. À la croisée des techniques traditionnelles et d’avant-garde, il joue d’effets d’optique et de perception, de flou et d’instabilité. Ferruccio Laviani interroge dans cette pièce, avec humour, l’histoire même du mobilier, sa place aujourd’hui dans notre société, son usage, son image.

Maquette du Mystère / Falcon 20

Appelé Mystère 20, ce premier avion d’affaires français, biréacteur accueillant une douzaine de passagers, est rebaptisé Falcon 20 pour sa commercialisation à succès aux États-Unis. Michel Buffet aménage l’habitacle avec un sofa et six sièges, en tenant compte des contraintes liées à l’aviation : une recherche d’insonorisation et de poids limité. Une palette de coloris différents selon le commanditaire ornera les textiles des sièges, des rideaux et de la moquette.

Sculpture « Ellipse 10/2019 »

L’œuvre de cet artiste danois représente un versant de la céramique scandinave : des formes nettes, très construites et techniquement savantes, modernistes par leurs volumes simples et basiques.

Collier « Reine de Sabah »

Fascinée par le travail de son père, fondeur, Line Vautrin acquiert dès l’enfance une certaine familiarité avec le modelage, la ciselure et la dorure. Après un bref passage chez la couturière Schiaparelli, à vingt et un ans elle met au point ses premières pièces. Elle aime expérimenter de nouvelles matières comme la résine et dépose un brevet sous le nom de « Talosel » qu’elle incruste de miroirs colorés.

Sculpture-objet Trait d’union

Cette pièce fait appel à un travail de surface du verre original et très tactile réalisé par arrachement de matière mécanique ainsi que des percements reliés par des lacets de cuir formant des canaux au travers des pièces, ici associé à un trait d’union comme nous le suggère le titre. Cette association du verre et du cuir ainsi que les effets de surfaces subtils forment le cœur du travail de Gérald Vatrin depuis plusieurs années.

Gilet droit brodé en pièce avec illustration de la fable de Jean de La Fontaine « L’Ours et les deux compagnons », fin du XVIIIe siècle

Gilet droit brodé en pièce avec illustration de la fable de Jean de La Fontaine « L’Ours et les deux compagnons », fin du XVIIIe siècle
Achat grâce aux Amis des Arts Décoratifs
Inv. 2020.10.1
© Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière

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Gilet droit brodé en pièce : vue générale
© Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière

Le 21 septembre 2020, le Musée des Arts Décoratifs a préempté lors de la vente « Textiles à Lyon », organisée par l’étude De Baecque, un gilet brodé en pièce, au dessin « à disposition », daté de la fin du XVIIIe siècle. Il s’agit d’un morceau d’étoffe de satin de soie crème, mesurant 71 cm de haut et 55 cm de large, sur lequel les décors brodés au passé plat servant à monter un devant de gilet (boutonnières, angles inférieurs, pattes de poches, revers du col, et couverture pour seize boutons) sont disposés côte à côte, de façon à économiser le tissu. Sur le côté droit, un morceau de papier dominoté, présentant cinq cœurs rouges sur une face et une inscription sur l’autre – « 2818 / Gilet Sat[in] / Blanc B. / Soye uni / 518 » – est appendu à une courte ficelle fixée là sans nul doute depuis les origines par un tisserand, un brodeur ou un mercier. Le client achetait un modèle en fonction de son goût et de sa taille approximative, et le remettait à un tailleur qui découpait les différentes pièces en les adaptant aux mesures du client, les assemblait sur un dos, souvent de lin.

  • Étiquette attachée au gilet : avers
    © Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière
  • Étiquette attachée au gilet : revers
    © Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière

Sans nul doute français, et probablement exécuté à Lyon qui s’était spécialisé dans la fabrication de ce type de pièces, le gilet par quelques indices formels – il est court, coupé droit à la taille, avec de petits revers de col – peut être daté autour de 1785. Le riche décor brodé de fils de soie polychrome, constitué de fleurs, de fruits et de plumes sur un satin de soie crème, corrobore cette datation. En effet, c’est principalement entre 1785 et 1788 que les magazines de modes se font l’écho de ces gilets « à figures », devenus de vrais « tableaux », couverts d’étonnants décors. Le « tableau » de notre gilet montre un gros animal au pelage brun, penché sur un homme gisant au sol. Dans le catalogue de la vente, il est associé au « thème des bêtes féroces tueuses d’homme, probablement la Bête du Gévaudan ». L’hypothèse est pertinente, tant des gravures du dernier tiers du XVIIIe siècle montrent cet animal courbé sur sa victime. Toutefois, sur le gilet, à la différence des gravures de la bête sanguinaire, l’animal incliné paraît paisible et l’homme à terre ne présente ni blessure, ni sang.

Cette observation nous a incité à explorer d’autres pistes et à identifier la scène comme une illustration de la fable de Jean de La Fontaine L’Ours et les deux compagnons, et plus précisément à reconnaître son inspiration dans la gravure à l’eau-forte de Pierre-Étienne Moitte, d’après un dessin de Jean-Baptiste Oudry. Primitivement réalisés en 1729 et 1734 pour des cartons de tapisserie, les dessins d’Oudry ont été gravés pour la célèbre édition en quatre volume des Fables choisies, publiée en 1755-1759 à Paris chez Desaint & Saillant et Durand. Considéré comme un des chefs-d’œuvre du livre illustré au XVIIIe siècle, l’ouvrage a sans nul doute servi de modèle pour l’exécution de la scène brodée.

  • Illustration de la fable de Jean de La Fontaine L’Ours et les deux compagnons, d’après un dessin de Jean-Baptiste Oudry
    Gravure à l’eau-forte de Pierre-Étienne Moitte, publiée dans l’édition des Fables choisies, Paris, chez Desaint & Saillant, 1755-1759
    © Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière
  • Gilet droit brodé en pièce : détail représentant l’ours et un compagnon
    © Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière

La fable raconte les aventures de deux hommes qui firent marché avec un fourreur de la peau d’un ours bien vivant. Partis à la recherche de l’animal, les deux compères eurent peur face à la bête : l’un grimpa à un arbre, l’autre se coucha et se fit passer pour mort. L’ours s’approcha, flaira de près le marchand étendu et partit. Peu après, l’autre homme descendit de sa cachette, courut vers son compagnon et demanda ce que l’animal lui avait dit à l’oreille. Il lui dit « qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours qu’on ne l’ait mis par terre ». Sur le gilet, la scène brodée de l’homme couvert par l’ours est rigoureusement fidèle à gravure de Moitte ; en revanche, sans soute par souci de simplification, le compère perché a été évincé du décor. Ce gilet est à rapprocher d’un autre – celui-ci monté – illustrant Le Loup et la Cigogne, conservé au Metropolitan Museum de New York. La broderie a elle aussi été faite d’après une gravure publiée dans les Fables choisies.

Gilet droit brodé en pièce : détail des broderies
© Les Arts Décoratifs / photo : Christophe Dellière

Les gilets à « tableaux » ne déclinaient pas seulement les Fables de La Fontaine, loin s’en faut. En 1786, dans sa description des gilets en vogue, un chroniqueur du Cabinet des modes dresse une liste cocasse de décors faits d’« animaux quadrupèdes, volatiles et reptiles [...], de larges et hautes plantes marines, des branches d’arbre, des gerbes de bled [...] ; des cascades, des pyramides [...], des hameaux, des fermes et des campagnes, où sont des laboureurs qui cultivent ». Malgré leur prix élevé – « c’était extravagant de cherté », dit la baronne d’Oberkirch dans ses Mémoires sur la cour de Louis XVI –, ces gilets ont connu un grand succès : « Il fut du bel air absolument d’avoir des gilets à la douzaine, à la centaine même », confie notre témoin.

Denis Bruna

Ensemble de 24 affiches par Agniolo Giuseppe Fronzoni dit FronzoniAG

La démarche du graphiste italien se traduit par un minimalisme extrême, mais toujours pour mieux servir l’humain. Ce minimalisme qui se traduit par une utilisation quasi exclusive de la bichromie noir et blanc, est l’aboutissement d’une conception raisonnée qui élimine le superflu pour rendre l’objet utile et démocratique. Elle puise ses sources dans le constructivisme et le suprématisme russe, mais aussi dans l’enseignement du Bauhaus, de l’école de Design d’Ulm et du graphisme suisse.

Ensemble de 153 dessins par Laurent de Commines, 2 coupons et 7 papiers peints et 9 tissus d’après ses dessins ainsi que 97 documents d’archives

Les œuvres couvrent l’ensemble de la carrière de l’artiste et se rapportent à des collaborations avec des maisons de décoration éditant des tissus, papiers peints, tapis, porcelaines… : Maison Pierre Frey, Gérard Danton, Manufacture d’impressions sur étoffes, Deschmaker, Maison Boussac, Casa Lopez, Mobilier National, Zuber, Haviland. Sa passion pour l’art ancien est manifeste dans les dessins de fantaisies et caprices conçus comme des hommages à des styles et des époques, qu’il expose dans des galeries d’art et des librairies.

Madeleine Vionnet, Robe du soir en lamé or, Collection haute couture, hiver 1938-1939

Acquise par voie de préemption lors de la dispersion de la collection Gilles Labrosse, le 22 septembre 2020 à Moulins, cette robe du soir en lamé métallique argent est dépourvue de griffe mais c’est assurément une création de Madeleine Vionnet. La couturière a en effet transmis au musée des Arts décoratifs un important fonds de photographies de dépôts de ses modèles au sein duquel figure précisément ce modèle sous le n° 4597 de la collection hiver 1938-1939, pris en photo en août 1938. Cette collection comportait, outre les robes de jours, manteaux, tenues de sport ou déshabillés, une soixantaine de robes du soir dont on connaît les clichés. Ces modèles sont également connus par les cahiers de croquis de collections de la couturière conservés à la Bibliothèque Historique de la ville de Paris.

Dans le cahier des «  robes du soir et de cinéma  », le modèle 4297 est une «  robe du soir en lamé argent  », son croquis est illustré d’un échantillon du même lamé tandis que deux colonnes de chiffres renseignent les commandes : soit 51 commandes entre août 1938 et janvier suivant, dont six par des acheteurs professionnels, de grands magasins américains situés à New York et Dallas notamment. Cette robe est en effet reproduite dans le magazine de mode new yorkais Harper’s Bazaar le 1er septembre 1938 qui indique sa disponibilité dans les grand magasins Bonwit Teller et Neiman Marcus. Le photographe de mode George Hoyningen-Huené signe le cliché en noir et blanc paru en pleine page. Il exprime la beauté classique de cette robe spectaculaire en précieux lamé métallique chutant jusqu’à terre, évoquant une silhouette de cariatide, selon l’inspiration antiquisante qui caractérise le travail de Madeleine Vionnet depuis ses débuts en 1918. Cette robe représente l’aboutissement d’une recherche esthétique. Madeleine Vionnet ayant fermé sa maison à la déclaration de guerre, cette robe à succès appartient à la dernière collection automne-hiver ayant été commercialisée.

Cette acquisition porte le nombre de robes du soir issues de cette même collection hiver 1938 de Madeleine Vionnet à cinq modèles exemplaires -dont quatre figurent dans la presse française ou américaine- chacune illustrant un emploi original des bretelle en velours. Celui-ci, minimal, préfigure les robes-bustiers de l’après-guerre.

Trois silhouettes du couturier belge Dries Van Notten, imaginées avec Christian Lacroix, collection printemps-été 2020 (prêt-à-porter)

C’est à l’opéra Bastille le mercredi 25 septembre 2019 que défilaient, sur le Trio n°1 de Schubert joué sur un piano à queue, hommage au film d’époque de Stanley Kubrick « Barry Lindon » dont est inspirée la collection, les trois silhouettes.

Don de l’Atelier Tout va bien

Plus d’une centaine affiches et de projets éditoriaux sont venus rejoindre les collections du musée des Arts décoratifs grâce au don généreux de l’Atelier Tout va bien (Dijon), studio avec lequel le département Design graphique entretien des liens depuis 2017, année de son invitation pour une conférence dans le cadre des Rendez-vous graphiques.

Fondé en 2011 par Anna Chevance et Mathias Reynoird, l’Atelier Tout va bien, dont le nom fait écho au célèbre « meilleur des mondes possibles » de Leibnitz raillé par Voltaire dans son Candide, travaille aussi bien pour les institutions culturelles publiques que pour le milieu associatif ou encore le secteur privé. Les deux graphistes, de 2006 à 2008, ont étudié ensemble la Communication Visuelle à l’École Supérieure d’Arts Appliqués de Bourgogne à Nevers (ÉSAAB) avant de poursuivre leur formation à l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne à Rennes (ÉESAB) où ils se spécialisent en design graphique et obtiennent le Diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) en 2011. Le duo articule son travail de façon complémentaire. Généralement, là ou Anna Chevance développe grilles éditoriales, compositions des textes et typographies, Mathias Reynoird interroge images, couleurs, formes et dynamiques visuelles. Dans tous les cas, « nous étudions le contexte, nous cherchons une approche juste. Lorsque notre « fil rouge » nous semble assez solide, l’un d’entre nous développe le projet et garde les rênes jusque dans les détails. L’autre peut ainsi conserver un regard plus détaché, plus objectif et donc plus critique sur la construction de l’ensemble » (Étapes, n°222, p. 200).

Dès 2012, l’Atelier Tout va bien débute sa collaboration avec les Ateliers Vortex (Dijon), association créée la même année pour promouvoir et diffuser la scène artistique contemporaine par le biais de résidences, d’expositions et d’événements culturels. Pour ce centre d’art, et dans le cadre plus global de la définition de son identité visuelle (affiches, éditions, site internet), les graphistes imaginent entre autres supports des cartons d’invitation sur lesquels le seul travail graphique et typographique doit évoquer, sans montrer, l’œuvre de l’artiste exposé ou le propos de l’exposition. En 2019, ils réalisent le catalogue rétrospectif des sept premières années d’activités des Ateliers Vortex sous la forme d’un ouvrage broché à plat, revêtant l’apparence d’un simple bloc-notes, sobre et fonctionnel, qui, ouvert, révèle et conserve la mémoire « de toute l’énergie du lieu » par le témoignage riche et dense de nombreuses illustrations.

Entre 2015 et 2018, l’Atelier tout va bien réalise, avec la collaboration du graphiste Angelo Gatti, l’identité des soirées musicales de l’association dijonnaise Vaporetto qui organise des concerts pop-rock, soul, funk, jazz et blues sur le principe du bœuf. Ne reposant que sur des éléments graphiques et typographiques modulables et n’utilisant qu’exclusivement le rouge et le noir sur un fond jaune, rappelant l’esthétique des emballages alimentaires du milieu du XXe siècle, la formule reste la même d’un événement à l’autre, garantissant une identité forte, tout en étant continuellement renouvelée par le jeu de nouvelles associations graphiques, de déformations, de recompositions.

Les collaborations des deux graphistes dans le domaine de la musique sont nombreuses et fructueuses. Ainsi, après les affiches conçues entre 2016 et 2018 pour « Ici l’Onde », saison musicale du centre d’art Le Consortium (Dijon) mise en œuvre par l’association Why Note, entrées dans les collections du département Design graphique en 2018, l’Atelier tout va bien a également dessiné les affiches des saison 2018-2019 et 2020 ainsi que les programmes et autocollants promotionnels. Ces travaux s’inscrivent dans le dans le droit fil de l’idée d’origine, celle de témoigner graphiquement du caractère expérimental de la musique interprétée lors de la saison. Bandes de papier, rangs de points colorés ou véritables perforations du support, les techniques utilisées par les graphistes et les effets visuels qu’elles suscitent convoquent à la fois l’univers des instruments de musique mécaniques et les cartes perforées développées par l’ingénieur Herman Hollerith qui constituent le seuil de l’ère informatique. Dans le domaine musical toujours, l’Atelier tout va bien imagine les affiches et le programme de l’édition 2018 de Franc Tamponnage, événement culturel dédié aux « musiques alternatives et sauvages » en région Bourgogne Franche-Comté, qui illustrent avec force le nom du festival.

Au-delà des commandes locales, l’Atelier tout va bien travaille à l’échelle d’un territoire bien plus large et ce depuis sa création. Dès 2013, le duo crée l’identité graphique de la manifestation parisienne organisée par le Collectif Jeune Cinéma, structure qui encourage les pratiques expérimentales de l’image et du film. Renouvelées tous les ans, les affiches interprètent la thématique de l’édition. En 2017, pour sa 19e édition, l’événement questionne les rouages techniques du film. Depuis 2017, l’Atelier tout va bien accompagne également ARTCENA, Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre, né un an plus tôt à Paris de la fusion du Centre national du Théâtre et de HorsLesMurs. Le studio développe le nouveau logo de la structure, évoquant le voyage, la rencontre et la transmission sans favoriser une discipline en particulier, et l’ensemble de ses supports de communication. Ces programmes des années 2019 et 2020, viennent compléter un don antérieur.

En 2019, le duo de graphite crée l’identité visuelle de Nuit Blanche Mayenne, proposition culturelle qui, commandée par Le Kiosque (Centre d’Action Culturelle Mayenne Communauté) sur le modèle de la Nuit Blanche parisienne, valorise la scène artistique contemporaine en investissant « lieux emblématiques et […] recoins patrimoniaux ». Les affiches, imprimées en argent et blanc sur fond noir, une fois installées en ville sur leurs supports rétroéclairés, changent de physionomie selon si elles sont vues le jour ou la nuit. Si l’ensemble des informations est lisible en journée, dans la nuit, seuls les inscription et motifs laissés en blanc sont visibles. Le graphisme, inspiré par la cartographie de la manifestation, évoque un territoire-événement à travers lequel le public est amené à déambuler. L’année suivante, l’Atelier tout va bien répond de nouveau au Kiosque pour la création de l’identité visuelle de sa saison 2020-2021. Les trois affiches développées rappellent le produit d’un moulage par injection qui évoque la modularité, la variété, la complémentarité et l’autonomie des propositions culturelles du Kiosque.

C’est enfin lors d’une résidence au Centre d’Art contemporain Chanot à Clamart en 2019 que le studio se voir confier le renouvellement de l’identité visuelle du lieu. L’Atelier tout va bien développe un graphisme modulaire, ludique et coloré qui reprend le principe graphique du logo du centre d’art. Il s’inscrit ainsi dans la suite de Côme de Bouchony, Fanette Mellier, Syndicat et l’Atelier Müesli qui tous ont été invités à travailler au CACC.

Le don de L’Atelier tout va bien illustre également certains des travaux du studio pour le secteur privé avec notamment les rapports d’activité 2018 et 2019 de la Fondation d’entreprise Hermès, objets sobres et efficaces, dont les couleurs reprenant celles du logo de la fondation.

Don du Studio Lennarts & de Bruijn et Overdeschreef

2020 restera dans la mémoire collective comme l’année qui a vue s’étendre la pandémie de Covid-19, se succéder les périodes de confinements et les recommandations de prévention lancées par les autorités. Pour participer à la diffusion de ces messages et poursuivre le travail de sensibilisation tout en stimulant la production graphique alors malmenée par la crise, le studio de design néerlandais Lennarts & De Bruijn (La Haye), associé au bureau de communication Overdeschreef, a lancé, en mars 2020, un projet de campagne participatif dont l’ampleur, aussi rapide qu’inattendue, s’est avérée considérable : au mois d’octobre 2021, les designers graphiques de plus de 86 pays s’étaient emparés de la problématique et avaient déjà imaginé près de 2 200 affiches. Grace au don généreux de Lennarts & de Bruijn et Overdeschreef, 98 de ces affiches sont aujourd’hui conservées par le département Design graphique et publicité du musée des Arts décoratifs.

Max Lennarts and Menno de Bruijn sont tous les deux issus de la Koninklijke Academie van Beeldende Kunsten (KABK) de La Haye où ils ont été formés au Design graphique. Ils fondent le studio Lennarts & de Bruijn en 2015 et, outre quelques commandes institutionnelles, travaillent principalement pour le secteur privé, dans le champ de la communication commerciale et de l’événementiel, culturel ou sportif.

Deux mois après le début de la pandémie en Europe, le duo de graphistes est contacté par un ami, employé de l’hôpital Onze Lieve Vrouwe d’Amsterdam (OLVG), qui souhaite commander une affiche destinée à sensibiliser le personnel et les patients aux gestes barrières. Lennarts & de Brunijn imaginent alors le projet Stay Sane, Stay Safe (SSSS) qui, en s’associant à l’agence de communication Overdeschreef, prend la forme d’un site internet sur lequel les graphistes du monde entier peuvent verser leurs affiches et les usagers les télécharger pour les imprimer et les afficher librement. Largement diffusées aux Pays-Bas et en Belgique notamment, ces affiches ont été exposées dès le mois d’avril 2020 dans le cadre du festival Graphic Matters de Breda dont le directeur Dennis Elbers, reconnaissait à la fois l’importance créative, la nécessité pédagogique et la valeur positive de leur installation dans l’espace public en tant de crise.

Outre les travaux des graphistes de Lennarts & de Bruijn, cet ensemble permet de conserver la mémoire de l’importante variété de traitement réservé aux messages de prévention et d’illustrer les travaux aussi multiples que ceux du Glitterstudio de La Haye, de l’Agence bruxelloise Signélazer, du studio In the Pool fondé par Louise Harling et Géraldine Pace à Saint-Leu-la-Forêt, des graphistes suisses Mélanie Herrmann et Sonia Gonzalez (studio BAD), du designer graphique polonais Andrzej Wieteszka, de l’illustrateur roumain Sebastian Anastasiei ou encore de Maxence Cheval, graphiste au sein du studio lillois Atelier Télescopique.

Don Florence Arrigoni Neri, 2020

Les années 1970-1980 marquent la pleine période de l’illustration dans la publicité en France. Jean-François Arrigoni Neri devient alors un des plus grands illustrateurs d’Europe. Son style très réaliste lui vaut le surnom de Norman Rockwell français.

Pour réaliser ses illustrations, Jean-François Arrigoni Neri organise et met en scène de véritables shootings, comme jadis les maîtres de la peinture utilisaient la Camera Obscura, il s’aide de son appareil photographique comme d’un carnet de croquis. À partir de plusieurs clichés, il compose son affiche : ajoutant, retranchant, modifiant, enrichissant la réalité, afin d’obtenir l’image qu’il a, lui seul, en tête et dont il s’inspire pour tracer sur la toile un dessin précis, avant de passer à la couleur, toujours et uniquement à l’huile et des jeux de glacis pour terminer. Il va jusqu’à composer lui-même ses pigments qu’il sélectionne pour créer des mélanges faits pour tenir dans le temps.

Il est un des rares illustrateurs à réaliser ses campagnes sur toiles. En illustration, comme par la suite en peinture, il développe deux styles. Le premier, réaliste , à la façon de son maître Norman Rockwell et des grands affichistes (Leyendecker…), il transmet des scènes de vie enjouées, colorées, pleines d’humour, faisant la part belle aux personnages (campagne des vins de Corbière, les Magasins Réunis, Salon de la musique, vêtements Tunmer, le Comté, Honda, la Sécurité Routière…). Ses affiches se distinguent par la profusion des détails et les nombreux clins d’œil. Pour réaliser ses campagnes, l’illustrateur effectue son propre casting, faisant poser tout son entourage, toujours à l’affût de personnalités marquées et souvent, tel Hitchcock, apparaît dans ses illustrations (Les vins de Corbière - le restaurant : le chef ; Auchan « l’appétit est en Auchan »…)

Le second style, enlevé, a été adopté à partir de 1979 pour traiter le mouvement, pour les événements musicaux et sportifs (24 heures du Mans moto et voiture, Cinquantenaire de Roland Garros, 20 ans du PSG, campagne Surgam, affiche Murielle Hermine, Citroën). Cette année-là, Guerlain lui commande la publicité de son nouveau parfum pour hommes, Vétiver. L’usage est de présenter au client un ou plusieurs roughs (croquis au crayon ou au feutre) afin de valider le projet final, cette fois-là les 4 roughs que Jean-François Arrigoni Neri propose sont peints à l’huile sur carton. Par un coup de pinceau dynamique, il rend le swing du golfeur. Et, contre toute attente, le client choisit un des roughs tel qu’il est « n’y touchez plus, c’est parfait ! ». Cette illustration devient aussitôt une référence pour la maison Guerlain qui acquiert l’original pour sa collection.

En 1989, l’époque change : dans les agences de pub les Directeurs Artistiques remplacent les Acheteurs d’Art et l’informatique entre en jeu. Jean-François, pressentant la mort de son métier, décide de se consacrer uniquement à la peinture de chevalet qu’il exercera pendant 25 ans.

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