L’exposition consacrée en 2014 à la technique du vernis Martin « Les secrets de la laque française, le vernis Martin » avait permis de mettre en lumière les différentes composantes de cette technique et les savoir-faire des différents membres de la fratrie Martin. Si Guillaume Martin demeure le plus célèbre d’entre eux, ses frères cadets développèrent une activité où chacun d’eux tenta de se distinguer. Étienne-Simon, né en 1703, de seize ans plus jeune que son aîné, s’associa à lui quelques années puis prit son indépendance en s’établissant Grande rue du Faubourg-Saint-Martin. Ce déplacement au-delà de la porte Saint-Martin lui permit de bénéficier d’ateliers étendus dans lesquels il put développer son activité liée aux équipages. Son inventaire après-décès révèle qu’aux côtés de cette production, celle de mobilier laqué tout comme celle de petits objets souvent liés à la toilette n’avaient pas été abandonnées. Il s’y ajoute une production d’objets en carton laqué, notamment de vases de différentes formes, dont la laque imitait diverses matières tel le porphyre ou le céladon. De ses frères, Étienne-Simon semble avoir été le seul à pratiquer la laque sur carton, s’en faisant ainsi une spécialité et permettant de lui en attribuer la diffusion. La prudence cependant s’impose, car la production de son frère Robert n’est que partiellement connue et ne l’oublions pas, les Martin n’étaient pas les seuls vernisseurs de la capitale ! Cette paire de coupes en carton laqué rouge constitue ainsi un rare exemple de cette production qui dû être relativement conséquente car moins onéreuse que des coupes en laque oriental, mais plus fragile en termes de conservation expliquant de nos jours leur rareté ou bien le peu d’intérêt que la postérité leur porta. Imitant la forme de bols chinois du début de la période Kangxi (1662-1722), leurs montures allient feuilles d’acanthe et fleurettes dans un jeu de courbes et contre courbes faisant de ces élégantes coupes un très beau témoignage de ces « objets de rien » vendus par des « marchands de tout » pour reprendre la célèbre définition du marchand mercier donnée par Diderot dans l’Encyclopédie.