Les collections japonaises

Publié le Mardi 06 Décembre 2022 à 14h46

La création du fonds japonais de la bibliothèque est liée à la vague du japonisme que connut la France à la fin du 19e siècle et à l’investissement de collectionneurs auprès de notre institution.
Découvrir la salle Japonisme dans le parcours des collections permanentes du musée. 
Il est constitué de deux parties aux histoires très différentes.
La première trouve son origine en juin 1890, quand Paul Gasnault, conservateur du musée des Arts décoratifs et collectionneur d’art japonais, donne à la bibliothèque « 56 albums japonais par Okusai et d’autres artistes » dont 8 recueils contenant 560 estampes ukiyo-e. Ce premier noyau est bientôt complété en mars 1891 par l’achat de douze ouvrages lors de la vente de la collection de Philippe Burty, critique d’art pionnier du japonisme, un des premiers collectionneurs d’art japonais, et membre fondateur de l’Union centrale. Se succèdent ensuite des dons et achats de livres et recueils d’estampes jusqu’au début du XXe siècle.
Comprenant 120 numéros, cette partie du fonds a été conçue pour mettre à disposition des lecteurs de la bibliothèque des sources d’inspiration et aider au renouvellement de l’art décoratif français. Elle comporte essentiellement des recueils de dessins de plantes, d’objets, d’oiseaux, de paysages… Les artistes de la fin de l’école Ukiyo-e, sont particulièrement bien représentés, Katsushika Hokusai dans les livres illustrés, et l’école Utagawa pour les estampes.

Katsushika Hokusai. Manga. Réserve japonaise A 230.

Utagawa Hiroshige. Modèles de dessins communs pour les différents métiers. Réserve japonaise A 252

Elle est complétée par les milliers de gravures collées dans la collection iconographique Maciet. Provenant de livres illustrés japonais et d’albums donnés par Jules Maciet entre 1892 et 1903, 800 gravures de modèles de kimono du 19e et du début du 20e s. sont collées dans trois albums de la série « Etoffes. Broderies. Japon ».

Maciet 287/26/56

Maciet 296/25/47

Près de 2300 autres figurent dans les 11 albums « Tissus. Orient. Japon ». Mais on en trouve un peu partout dans les collections, que ce soit dans les « Eventails », les « Animaux » ou même en « Architecture ».

Environ 600 estampes entrées dans les collections entre 1869 et 1934 sont quant à elles conservées en réserve dans les albums Maciet de la série « Costume japonais ». 
Utagawa Kunisada I. Vendeur de poissons rouges. Réserve Maciet 180/9bis/26
Elles ont été données par Jules Maciet, Raymond Koechlin, collectionneur d’estampes japonaises membre de l’UCAD ou Gaston Brière, conservateur au château de Versailles. Le don le plus important fut celui de 148 gravures fait par monsieur Blanchart en 1902, tandis que le plus récent, en 1934, fut celui d’Adolphe Giraldon, mais malheureusement la plupart d’entre elles sont de provenance inconnue. 

Utagawa Kuniyoshi. Jeux d’enfants des cinq fêtes saisonnières. Le nouvel an. Réserve Maciet 180/1Bis/30

La seconde partie est entrée à la bibliothèque en 1907, par le don de Robert Lebaudy d'une partie de la collection du japonisant Emmanuel Tronquois, qui avait séjourné au Japon de 1894 à 1904 puis de 1906 à 1910. La bibliothèque acquit ainsi 240 ouvrages en 423 volumes, parmi lesquels 9 recueils factices regroupant 587 estampes. Un don complémentaire de 32 livres fut fait en 1912.

 

En savoir plus sur Emmanuel Tronquois : 

  • Emmanuel Tronquois (1855 - 1918), un pionnier des études sur l'art japonais : sa collection de peintures et de livres illustrés d'Edo et de Meiji par Christophe Marquet, Paris : Maison franco-japonaise, 2002. > Voir la notice
  • Emmanuel Tronquois et le Japon, histoire d'une collection perdue et retrouvée, ouvrage collectif, Kashiwagi Takao, Kashiwagi Kayoko hen, 2019. > Voir la notice

Katsushika Hokusai. Guide rapide, suite pour étudier sans maitre. Réserve japonaise A 50

Sages et braves guerriers du Japon et de la Chine. Réserve japonaise A 13

Certains des livres, albums destinés à servir de modèles aux artistes et des recueils de patrons ou de motifs décoratifs sont similaires avec ceux déjà conservés à la bibliothèque, tout comme les estampes, signées aussi de l’école Utagawa.
Cependant, ce don fit entrer dans les collections des livres choisis par un vrai connaisseur, retraçant une histoire de la contribution des artistes de l'ukiyo-e à l'art du livre dans le Japon des 17e au 18e siècles : récits illustrés, livres éducatifs, monographies de sites célèbres... Cette acquisition a transformé un ensemble de documents de travail, rassemblés pour servir de source d’inspiration aux artisans des industries d’art, où les objets représentés étaient donc primordiaux, en une collection de référence sur l’histoire du livre illustré japonais à l’époque d’Edo.


 Pour aller plus loin :