étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+

du 10 novembre 2022 au 11 juin 2023

Le musée des Arts décoratifs rend hommage au travail d’Étienne Robial avec une exposition rétrospective présentée du 10 novembre 2022 au 11 juin 2023. « étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+ » retrace la carrière exceptionnelle de ce créateur prolifique et éclectique à travers des affiches, dessins, vidéos, livres, pièces de mobilier. Graphiste, éditeur, directeur artistique, enseignant, collectionneur, Étienne Robial a marqué le paysage audiovisuel français de ces 50 dernières années en inventant le concept d’habillage télévisuel et en réalisant notamment ceux de Canal+ et M6. Il participe à la reconnaissance de la bande dessinée d’auteur en fondant la maison d’édition Futuropolis. Il revisite et crée les maquettes de plusieurs magazines tels que Métal Hurlant, (A Suivre), Télérama, Les Inrockuptibles et plus récemment, L’Équipe. L’exposition restitue son univers graphique en faisant dialoguer ses projets professionnels avec des pièces de sa collection personnelle (livres, objets d’art, luminaires, ustensiles insolites…), dans une scénographie signée Kevin Lebouvier.

#ExpoRobial

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Commissaire
• Amélie GASTAUT, conservatrice en chef au musée des Arts décoratifs, département design graphique et publicité

Scénographie
• Kévin LEBOUVIER

Avec le soutien de Penninghen

En collaboration avec la marque LEGO®


Présentation

Né à Rouen en 1945, Étienne Robial se forme à l’école des Beaux-Arts de Rouen et à l’école des Arts et Métiers de Vevey en Suisse. Il débute sa carrière en 1970 en tant que directeur artistique pour les disques Barclay, les éditions Flipacchi... Il participe à la première formule du Point, réinvente celle de Télérama.

Tardi, un des premiers titres Futuropolis
© Étienne Robial

En 1972, après avoir racheté une librairie, il co-fonde Futuropolis avec Florence Cestac. Il œuvre pour faire connaître et reconnaître la bande dessinée d’auteur : Tardi, Bilal, Moebius, Götting, Joost Swarte, Ever Meulen, Baudoin, Menu, Chauzy, Jeanne Puchol, Miles Hyman... Il poursuit son activité d’éditeur jusqu’en 1994 avant de céder sa maison aux éditions Gallimard.

Parallèlement à l’aventure Futuropolis, il fonde le studio On/Off en 1982 où il conçoit les habillages pour les grandes chaînes de télévision, parmi lesquelles Canal+, dont il est directeur artistique général depuis sa création en 1984. Il conçoit le logo des chaînes du groupe, 4700 génériques et un système graphique reconnaissable entre tous.

Logo de la chaîne La Sept, On/Off productions, 1986
© Étienne Robial

On lui doit également les habillages de La Sept (1986), M6 (1987), mais aussi RTL9 (1995) et I-Télé (2003). Plus récemment, il signe les maquettes des Inrockuptibles et de la marque L’Équipe. Il réalise aussi les identités graphiques de diverses institutions sportives ou culturelles – le PSG, le CNC, le RSA – où il perfectionne les systèmes graphiques évolutifs. En 2006, il reçoit le Promax Broadcast Design outstanding achievement Award.

Il enseigne depuis 26 ans à Penninghen, école d’architecture intérieure, de communication et de direction artistique.

L’exposition, thématique, retrace la carrière d’Étienne Robial depuis la période de Futuropolis (de 1972 à 1994) à celle des années Canal+ avec la fondation du studio On/Off (de 1982 à aujourd’hui).

Logo de la marque L’Équipe, On/Off productions, 2016
© Étienne Robial

Les années Futuropolis inaugurent le parcours de l’exposition. Cette partie apporte un éclairage sur le travail d’éditeur d’avant-garde de bande dessinée à travers une sélection de collections de livres des grands auteurs ainsi que des dessins, catalogues et supports publicitaires.

L’exposition dévoile également les influences et l’univers artistique et intime du créateur. Collectionneur invétéré, Étienne Robial a rassemblé une immense collection de pièces de design des mouvements modernistes et fonctionnalistes du XXe siècle (chaises de Mallet-Stevens, de Mart Stam, de Gerrit Rietveld, verreries de Wilhelm Wagenfeld, lampe de Marianne Brandt, réveils et calculatrices de Dieter Rams pour Braun…) qui ponctuent le parcours au même titre que les outils indispensables à toute création graphique : règles, équerres et tés, tire-lignes, compas, crayons, porte-mines...

(A SUIVRE), couverture, 1977
© Étienne Robial

Ses bibliothèque de livres, ici reconstituées avec des collections telles que le Club du livre ou la Série Noire, dévoilent ses références, ses sources d’inspiration et ses « héros » : Kasimir Malevitch, Jean Arp, Theo van Doesburg, Josef Albers, Paul Rand, Max Bill, Willem Sandberg, Bruno Munari, Ed Ruscha…

Une section est consacrée à la pédagogie et à la façon particulière avec laquelle Étienne Robial enseigne la conception graphique à ses élèves.

Le parcours s’achève sur les trois grands principes fondamentaux de l’univers graphique d’Étienne Robial : forme, couleur et alphabet. Chacun d’eux étant associé dans ce qui structure son travail, le gabarit et le tracé régulateur.

Atelier d’Étienne Robial
© DR

Le musée des Arts décoratifs, qui conserve l’une des plus riches et plus anciennes collections de graphisme en France du XIXe siècle à nos jours, est heureux de présenter au public la première grande rétrospective d’un créateur majeur de la scène graphique française contemporaine. L’institution poursuit ainsi son cycle d’expositions sur les graphistes de la scène contemporaine à qui elle a rendu hommage avec « Antoine+Manuel, graphiste et designer » (2009), « Michal Batory, artisan de l’affiche » (2011), « Typorama, Philippe Apeloig » (2013), et plus récemment « Roman Cieslewicz, la fabrique des images » (2018).

Thèmes

Futuropolis

Florence Cestac, « La véritable histoire de Futuropolis »
Éditions Dargaud, 2007
© Florence Cestac

Avant d’être une maison d’édition, Futuropolis a été dans un premier temps (1972) une librairie, située 122, puis 130 rue du Théâtre dans le XVe arrondissement de Paris. En 1972, elle est la première librairie au monde spécialisée dans la bande dessinée internationale d’auteurs, avec des livres de bande dessinée adultes en opposition aux publications pour enfants, de format quarante-huit pages cartonnées ou pelliculées, appelées albums, provenant à l’époque essentiellement de Belgique. Mais Futuropolis importe également des comics américains de la côte Est, des comix « underground » de la côte Ouest, des productions et des publications italiennes, chinoises, espagnoles et néerlandaises. L’activité de la librairie cesse en 1977 pour laisser place à l’activité éditoriale qui devient prédominante. La première publication des éditions Futuropolis, en 1974, est un ouvrage consacré à Edmond François Calvo. Il sera suivi, dans la même collection 30x40, par les publications de Gir et Tardi. Très rapidement, Futuropolis s’impose comme la référence dans l’édition de la bande dessinée alternative, que ce soit pour ses choix éditoriaux qui concilient la mise en valeur du patrimoine, la confirmation de nouveaux talents et la découverte de jeunes auteurs, que pour l’attention nouvelle portée à la qualité formelle et d’impression des ouvrages.

Notes personnelles

« En 1973, lors d’un voyage à New York, je découvre, chez Strand Book, Pioneers of Modern Typography, d’Herbert Spencer. L’acquisition de cet ouvrage est un tournant décisif. La confiance que j’ai en moi est chancelante, mes premières certitudes vacillantes. La voie que je me suis fixée est vraiment floue. Comment mettre à profit mes années “Beaux-Arts”, mon année en Suisse ? Et là, à ce moment précis, Herbert Spencer m’ouvre les yeux, ou plus exactement il liste, sans toutefois les hiérarchiser, tous les grands du graphisme, qui, à travers la typographie, me guideront durant toute ma carrière. Ils sont tous là. Kurt Schwitters et Piet Zwart, Alexandre Rodtchenko et Herbert Bayer, Hendrik Nicolaas Werkman et El Lissitzky, Theo van Doesburg et Paul Schuitema, Max Bill. Les futuristes, dadaïstes, suprématistes, constructivistes, le Bauhaus et De Stijl. La liste des quarante-huit noms me sert de guide et orientera toutes mes futures recherches. De façon exhaustive, je traque chaque nom, des inconnus pour certains, devenus aujourd’hui mes incontournables.
La bibliographie de ce livre m’a servi à constituer ma bibliothèque. »

Étienne Robial

Sources modernistes

Étienne Robial, Logotype de On-Off
Productions, 1984
© Étienne Robial

« Je trouve dans les images et les objets qui m’entourent et que je collectionne des repères rassurants. Les carrés noir et rouge de Malevitch m’obsèdent et m’apportent le courage. Dans son prolongement viendront les démarches de De Stijl autour de Gerrit Rietveld, Theo van Doesburg, Piet Mondrian et celles du Bauhaus autour de Walter Gropius qui a réuni dans son école tous les grands créateurs de formes, de matières et de couleurs. C’est un de leurs élèves, un Suisse, Max Bill, qui suscitera le plus ma curiosité. Max Bill est un artiste complet, un homme généreux, un découvreur, un visionnaire, un touche-à- tout, il est partout.

Il me guidera et me poussera vers tous les supports : la typographie, le graphisme, la sculpture, l’enseignement, la peinture, le mobilier, l’architecture, l’urbanisme… Il est également l’ami de Sophie Taeuber, l’épouse de Jean Arp.

Eileen Gray, Mart Stam et Robert Mallet- Stevens seront eux aussi sources d’influence à travers la radicalisation de leurs réalisations : l’essentiel, rien de superflu ! »

Étienne Robial

Tracés et grilles

Le tracé régulateur (parfois appelé le tracé harmonique) permet de structurer avec des lignes droites et courbes de façon cohérente et équilibrée les éléments d’une composition. On l’emploie pour dessiner, construire ou définir une forme, une proportion ou une mise en page. Il architecture un alphabet, un écran, un livre, un magazine, un logotype… Un tracé de même nature va générer des images homogènes, mais surtout harmonieuses. La grille de presse permet d’organiser le format, elle sert de structure dans laquelle s’ordonnent textes et images de manière rationnelle pour installer une harmonie de proportions entre tous les éléments qui forment la page. Elle utilise un système de demi-colonnes, qui permet de combiner des colonnes de textes ou d’images différentes. Afin d’éviter l’utilisation de filets (traits de séparation), les demi-colonnes positionnées en quinconce créent des blancs qui structurent les pages. La combinaison de tête peut être différente de celle du pied de page.

Étienne Robial, Tracé régulateur de l’écran natif du logo Canal+
Juillet 1984
© Étienne Robial

Couleur et formes

La perception de la couleur est essentielle dans l’identification et la codification des signes. Une couleur ne fonctionne jamais seule, elle doit toujours être associée à une autre de façon à créer un accord par deux, ou à deux autres pour créer un accord par trois. Chaque couleur est une partie de la décomposition de la lumière.

On les représente de manière ordonnée autour d’un cercle que l’on appelle chromatique.

Étienne Robial, logotype du PSG
On-OFF productions, 1991
© Étienne Robial

La synthèse des couleurs pigmentées destinées à l’impression, à la peinture, est appelée soustractive. Le cumul tend vers le noir. Il y a trois couleurs primaires : jaune, rouge, bleu ; trois couleurs secondaires : orangé, violet, vert ; six couleurs tertiaires : orangé/jaune, orangé/rouge, rouge/violet, bleu/violet, bleu/vert, vert/jaune.

Le codage C M J N, cyan + magenta + jaune + noir, est gradué en trames de 0 à 100 (couleurs quadri). Les deux principaux nuanciers de références de couleurs sont PMS (Pantone Matching System pour l’impression) et RAL (peinture industrielle).

La synthèse des couleurs-sources lumineuses, destinées à la projection, à la vidéo, est appelée additive. Le cumul tend vers le blanc.
Il y a trois couleurs-lumière primaires : rouge, vert, bleu.
Le codage R V B est gradué de 0 (noir) à 255 (pleine lumière)

Enseignement

Étienne Robial, logo de l’école Penninghen
© Étienne Robial

Depuis 1996, Étienne Robial enseigne à Penninghen (Paris), école d’architecture intérieure, de communication et de direction artistique. Son cours sur la conception graphique et visuelle est construit autour de quatre notions : les formats, le cercle chromatique, la gestion plastique et esthétique d’un espace et l’association des trois codes d’identification − forme, couleur, typographie − à un son.

Pour Étienne Robial, la pédagogie est une partie intégrante du métier de graphiste : savoir élaborer clairement et précisément une mission avec un client rend beaucoup plus aisée la réponse que l’on va lui proposer tout en le persuadant de sa pertinence.

Les alphabets

Étienne Robial, Alphabet NT Cutter
2018
© Étienne Robial

Les alphabets d’Étienne Robial ont des provenances diverses et parfois inattendues. Sa principale inspiration émerge des ouvrages appelés Modèles de Lettres, destinés aux architectes et aux peintres en lettres qui interviennent essentiellement sur la signalétique des devantures des magasins. Peintes au traînard, un pinceau à poils longs, ces lettres ont un dessin souple, irrégulier, à l’inverse de la rigidité et de la sécheresse d’un caractère typographique. Destinées à être reproduites, elles sont libres de droits. La machine à écrire, les lettres stencil, les pochoirs, la Dymo, les tampons et timbres caoutchouc, les alphabets transfert, le point de croix, les lettres pasta, les caractères bois, les jeux et abécédaires de toutes sortes sont autant de références et de façons d’écrire des mots et des titres. Étienne Robial trouve dans ces différentes sources une manière de jouer avec les lettres et les chiffres. Sans jamais les déformer, il les manipule, les détourne de leurs destinations, les fait danser ou sauter, les graisse, joue avec les inters, les alignements. Il construit ses propres alphabets de titrages à partir de grilles, de trames et de gabarits formatés.

L’exposition « étienne + robial » vue par Léa Sara

« La monotonie d’un alphabet est rompue dans des déséquilibres maîtrisés. C’est pourtant dans un éloge de la forme simple qu’Étienne Robial nous percute. Ce couturier télévisuel crée un rythme par une juxtaposition de matières. C’est ce rythme qui m’a inspiré, en 2D et frappant. Dans un découpage brut, j’ai cherché une musicalité visuelle brisée par des temps de pause pour nous laisser admirer ses traits et ses espaces. »
Léa Sarra

Exposition « étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+ »
Réalisation : Léa Sarra / Compositeur : Théodore Vibert / Images : Tangi Seznec
© Les Arts Décoratifs, Paris / Léa Sarra
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