Paire de coupes, vers 1750
Achat grâce au mécénat de la Fondation La Marck sous l’égide de la Fondation de Luxembourg

L’exposition consacrée en 2014 à la technique du vernis Martin « Les secrets de la laque française, le vernis Martin » avait permis de mettre en lumière les différentes composantes de cette technique et les savoir-faire des différents membres de la fratrie Martin. Si Guillaume Martin demeure le plus célèbre d’entre eux, ses frères cadets développèrent une activité où chacun d’eux tenta de se distinguer. Étienne-Simon, né en 1703, de seize ans plus jeune que son aîné, s’associa à lui quelques années puis prit son indépendance en s’établissant Grande rue du Faubourg-Saint-Martin. Ce déplacement au-delà de la porte Saint-Martin lui permit de bénéficier d’ateliers étendus dans lesquels il put développer son activité liée aux équipages. Son inventaire après-décès révèle qu’aux côtés de cette production, celle de mobilier laqué tout comme celle de petits objets souvent liés à la toilette n’avaient pas été abandonnées. Il s’y ajoute une production d’objets en carton laqué, notamment de vases de différentes formes, dont la laque imitait diverses matières tel le porphyre ou le céladon. De ses frères, Étienne-Simon semble avoir été le seul à pratiquer la laque sur carton, s’en faisant ainsi une spécialité et permettant de lui en attribuer la diffusion. La prudence cependant s’impose, car la production de son frère Robert n’est que partiellement connue et ne l’oublions pas, les Martin n’étaient pas les seuls vernisseurs de la capitale ! Cette paire de coupes en carton laqué rouge constitue ainsi un rare exemple de cette production qui dû être relativement conséquente car moins onéreuse que des coupes en laque oriental, mais plus fragile en termes de conservation expliquant de nos jours leur rareté ou bien le peu d’intérêt que la postérité leur porta. Imitant la forme de bols chinois du début de la période Kangxi (1662-1722), leurs montures allient feuilles d’acanthe et fleurettes dans un jeu de courbes et contre courbes faisant de ces élégantes coupes un très beau témoignage de ces « objets de rien » vendus par des « marchands de tout » pour reprendre la célèbre définition du marchand mercier donnée par Diderot dans l’Encyclopédie.

Tenues et accessoires Lola Prusac

Engagée par Émile Hermès en 1927, la jeune styliste d’origine polonaise Lola Prusac (1893-1985) commence par dessiner des sacs, vêtements de cuir et tenues de ski pour les rayons couture et sport de la maison du Faubourg Saint-Honoré, pour qui elle conçoit aussi ses premiers foulards imprimés et maillots de bain. Lola Prusac s’installe à son nom en 1937 au 93 rue du Faubourg Saint-Honoré et reste en activité jusqu’en 1980. Ce don rassemble des tenues et accessoires ayant appartenu à la sœur de la créatrice, épouse de Jean Paulhan, et que transmettent ses enfants. Y figurent trois prototypes de défilé (une robe, un ensemble et un boléro sur lesquels sont encore apposés les bolducs avec nom du modèle). Les motifs imprimés, les ornements brodés, le choix des soieries et des lainages attestent le goût de Lola Prusac pour le régionalisme et l’exotisme qu’elle réinterprète en un folklore cosmopolite, ayant marqué l’après-guerre jusqu’aux années 1970. Ses créations reflètent son intérêt pour « l’artisanat d’art et le tissage, la broderie à la main, le tricot de recherche exceptionnelle et enfin le bijou en tant qu’ornement » (La vie des métiers, janvier 1977, cité par Valérie Guillaume dans le dictionnaire international de la mode). Ces œuvres viennent enrichir le corpus des créations de Lola Prusac au musée des Arts décoratifs constitué des dons de la créatrice.

Gobelet et sa soucoupe, 1757-1758

L’acquisition de ce gobelet et de sa soucoupe est l’occasion de faire entrer dans les collections nationales un exemplaire d’une technique de décor mis au point par la manufacture royale de porcelaine de Sèvres et qu’elle a peu produit : le décor peint à fond vert en plein. Seul un broc Roussel et sa cuvette ovale figurent dans les collections françaises (Chantilly, musée Condé, inv. OA 71). Ce décor peint en plein, est seulement rehaussé d’un délicat décor de rocailles peintes à l’or où alternent frise à dents de loup, filet, peignés et frise de rocailles.

De forme Hébert, ce gobelet et sa soucoupe sont de 2e grandeur soit un gobelet s’inscrivant dans une hauteur variant entre 5,8 cm et 6,7 cm avec une soucoupe dont le diamètre oscille entre 13 et 14,2 cm. La forme particulière de ce gobelet apparaît en octobre 1752 dénommée Hébert en hommage au marchand mercier Thomas-Joachim Hébert (1687-1773). Ce dernier, était avec Lazare Duvaux (1703-1758) autre célèbre marchand, parmi les acteurs les plus influents dans le développement de la manufacture, achetant et revendant ses productions.

Destiné à la consommation des boissons exotiques alors à la mode, plus particulièrement celle du café, le gobelet pouvait être vendu avec ou sans soucoupe, en un élément isolé ou au sein d’un déjeuner qui comportait usuellement un plateau, un gobelet et sa soucoupe, un pot à lait, un pot à sucre et, selon le cas, un récipient destiné à recevoir la boisson (théière, cafetière, chocolatière).

La collection du musée compte environ 900 œuvres sorties des fours de la manufacture d’abord connue sous le nom de manufacture de Vincennes puis appelée manufacture royale de Sèvres après le rachat par Louis XV en 1756. On y dénombre environ 500 œuvres relatives aux arts de la table. S’agissant plus spécifiquement des gobelets et soucoupes, la collection couvre les années 1745 jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et offre pratiquement toutes les formes : gobelet Hébert, Calabre, litron, Bouillard, couvert, lisonné, à cerceaux, à quatre pans ronds, à la Reine, enfoncé, Chantilly, à lait, à l’étrusque produites par la manufacture. La forme Hébert l’est relativement peu ce qui peut s’expliquer par une production qui passe de mode à la fin des années 1770.

Bureau en pente, vers 1745

Ce bureau en pente ou encore secrétaire en pente appartient à la catégorie des meubles à écrire dont les formules se sont largement développées au dix-huitième siècle. Son apparition est communément datée autour de 1730 et son succès appréciable jusque vers 1770 date à laquelle il commence à être supplanté par le bureau à cylindre. De dimensions variées, ce meuble connait une grande vogue durant les années centrales du siècle et pas un ébéniste ne le dédaigna tel Pierre IV Migeon qui nous en offre une version caractérisée par la sobriété de sa forme et son élégance discrète. Reposant sur quatre pieds légèrement galbés, la ceinture est à peine mouvementée et son corps présente des côtés pratiquement plans. Toutes ces parties sont pourvues d’une marqueterie de frisage de satiné. L’abattant est marqueté de fins rinceaux de bois de violette formant un motif rocaille avec fleurs stylisées. Les bronzes se cantonnent à protéger les bouts de pied et les entrées de serrures. A l’intérieur, se déploie un grand casier occupant toute la largeur du pupitre et au-dessous s’ouvrent trois petits tiroirs dont celui de droite contient une écritoire en cuivre. Un maroquin rouge avec vignettes dorées garni la face interne de l’abattant.

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